Mike
ne savait quelle direction prendre. Il ne pouvait aller vers l’ouest puisqu’il
se retrouverait vitre face à l’océan. Il irait donc vers l’est jusqu’à ce qu’on
lui indique une autre voie. Il se sentait bien à l’idée d’entreprendre un
voyage fondé sur la foi, mais il aurait tout de même aimé un peu de précision
sur sa destination.
Si
seulement j’avais quelques indices, une carte ou une indication quelconque sur
ma position actuelle,
se dit-il en marchant vers l’est. Il traversa lentement la banlieue de Los
Angeles, en direction des montagnes. Devant lui, il n’y avait aucune limite. Il me faudra des semaines pour m’y
rendre, pensa-t-il.
Il
ne savait pas vraiment où il allait, mais il pousse vers l’est. Vers midi, il
s’assit en bordure d’une route et termina les restes du petit déjeuner qu’il
avait conservés, se demandant toujours s’il était sur la bonne voie.
- Si tu es là, j’ai vite besoin de toi !
s’écria-t-il, implorant le ciel. Où sont les portes du chemin ?
- Tu as une carte ! lui murmura une voix
familière à l’oreille. Il se leva et regarda autour de lui sans tien remarque,
mais il avait reconnu la voix de l’ange.
- Ai-je entendu ou senti ?
marmonna-t-il, soulagé. Enfin, une communication ! Tu en as mis du temps,
- T’avais qu’à demander plus tôt !
répondit la voix.
- M’ais j’erre depuis des heures !
- C’est ton choix, déclara la voix.
Pourquoi as-tu mis tant de temps à verbaliser ta demande ? Il était évident que
la voix s’amusait à réfuter les objections de Mike.
- Es-tu en train de me dire que
j’obtiens de l’aide seulement si je la demande ?
- Oui, tout un concept, n’est-ce pas ?
Tu es un esprit libre, respecté, puissant et apte à prendre les propres
décisions. C’est ce que tu as fait tout au long de ta vie. Nous sommes toujours
là, mais n’entrons en jeu que si tu le demandes. Est-ce si étrange ? Mike fut
agacé par la logique absolue des paroles de l’ange.
- Bon d’accord. Où dois-je aller ? Il
est plus de midi, et j’ai l’impression d’avoir passé la matinée à deviner la
direction à prendre.
- Pas moi d’ailleurs ! Répondit la voix
espiègle. Les portes du chemin sont droit devant toi.
- Durant tout ce temps j’étais sur la
bonne voie ?
- Ne sois pas si étonné d’avoir pris la
bonne direction. Tu fais partie du tout, Michaël Thomas de l’Intention pure.
L’expérience te permettra de mieux utiliser ton intuition. Pour l’instant, mon
rôle consiste simplement à t’aider dans les petites choses. La voix fit une
pause. Regarde, les portes sont déjà là ! Michaël se tenait devant une immense
haie qui menait vers une
gorge entres les rangées de maisons.
- Je ne vois rien.
- Regarde encore, Michaël Thomas.
En
y regardant de plus près, Mike crut percevoir les portes à travers la haie.
Elles ne se laissaient pas voir facilement, car elles se mêlaient étroitement à
l’ensemble du feuillage. Puis, tout à coup, il les vit clairement ! Elles ne
pouvaient plus lui échapper, même s’il l’avait voulu. Elles étaient si
évidentes ! Il en détourna légèrement les yeux et les regarda de nouveau d’une
manière différente. Elles étaient encore plus apparentes !
- Que se passe-t-il ? demanda Mike,
conscient du changement de sa perception.
- Lorsque les choses cachées deviennent
évidents, lui dit la voix douce de l’ange, tu ne peux retourner à l’ignorance.
Dorénavant, tu verras toutes les portes clairement, puisque tu as manifesté
l’intention de les voir.
Même
s’il ne comprenait pas toute la signification de ce qu’on lui disait, il n’en
demeurait pas moins prêt à s’engager sur le chemin de son périple. La haie
cessa de ressembler à des portes et devint ces portes. Sous les yeux mêmes de
Mike, elles se changeaient, prenant de l’expansion.
- Un véritable miracle ! se dit-il en
continuant d’observer la longue haie se transformer en portes bien visibles. Il
recula un peu pour mieux voir le phénomène.
- Pas vraiment, repris la voix, ton
intention spirituelle t’a légèrement changé et les choses qui vibrent à cet
autre niveau où tu es se sont tout simplement manifestées : rien de miraculeux
dans tout ça. C’est ainsi que vont les choses.
- Tu veux dire que ma conscience peut
modifier la réalité ? demanda Mike.
- Oui, d’une certaine manière. La
réalité est l’essence de Dieu et elle est constante. Ta conscience humaine n’en
révèle que les parties que tu veux expérimenter. Au fur et à mesure de ton
évolution, tu en perçois une part toujours plus grande. Tu peux expérimenter et
utiliser les choses qui se révèlent à toi comme tu le désires, mais tu ne peux
retourner en arrière.
Mike
commençait à saisir, mais il souhaitait poser une autre question avant de se
diriger vers les portes qui, maintenant, s’offraient clairement à lui. Il était
toujours prêt à soumettre la vérité à l’épreuve, même cette voix angélique
qu’il entendait dans son esprit. Il réfléchit à sa question avant de la
formuler.
- Tu as dit que j’étais une créature
possédant le libre arbitre. Pourquoi alors ne puis-je revenir en arrière si tel
est mon souhait ? Pourquoi ne puis-je m’écarter de la nouvelle réalité et en
reprendre une autre plus simple ? N’est-ce pas là justement le libre arbitre
?
- La physique de la spiritualité crée un
axiome selon lequel tu ne peux retourner à un état de conscience inférieur,
répondit la voix. Si tu choisissais délibérément de le faire malgré tout, tu
nierais l’illumination qui s’offre à toi et tu deviendrais déséquilibré. En
fait, tu peux essayer de revenir en arrière, car tu possèdes le libre arbitre.
En vérité, il est triste que certains humains essaient de mettre de côté la
vérité qu’ils connaissent, car ils ne pourront survivre longtemps à deux
niveaux de vibrations.
Mika
ne comprenait pas entièrement la nouvelle information spirituelle transmise par
la voix, mais il avait reçu la réponse à sa question. Il savait pouvoir
rebrousser chemin sur-le-champ et retourner en ville. Le choix lui appartenait.
Là où il se tenait, il voyait les portes et, sachant qu’elles s étaient là, il
ne pouvait pas ne pas en tenir compte. Autrement, il deviendrait déséquilibré
et sans doute, malade. Tout ça lui paraissait absolument logique, et il
souhaitait aller de l’avant et certainement pas faire marche arrière. Alors, il
prit ses bagages et s’avança vers les portes, vers le sentier sur lequel
s’amorçait son périple. C’était un simple chemin de terre, comme tous les
autres dans cette gorge. Tout animé, Mike franchit rapidement les portes.
A
peine les avait-il franchies qu’une sombre silhouette verdâtre se glissa aussi
sur le sentier. Les buissons flétrissaient sur son passage et si Mike n’avait
pas continué d’avancer, il aurait senti cette odeur infecte. Une entité
négative se mit à suivre Michaël Thomas, gardant une certaine distance pour ne
pas être vue, maintenant le rythme alerte du voyageur. A la manière d’un
fantôme vif et malin, il combattait l’enthousiasme de Mike avec sa haine et sa
noirceur. Mike n’avait pas la moindre idée d’être suivi.
Aussitôt
que Michaël fut sur le sentier, le paysage et son sentiment à son égard se
transformèrent considérablement. Il ne pouvait plus voir la cité tentaculaire
ni sa multitude de banlieues.
Il
n’y avait plus le moindre signe de civilisation : ni poteaux téléphoniques, ni
avion, ni autoroute. Il s’était lancé sur le sentier de terre qui s’étirait
devant lui avec la même ardeur qu’un enfant met à ouvrir ses cadeaux de Noël,
fonçant sans réfléchir. Soudain, il constata que chaque pas le menait plus
avant dans un autre monde. Ce voyage le conduisait dans une réalité bien
différente de celle qu’il venait tout juste de quitter. Il se demandait
d’ailleurs s’il ne se trouvait pas quelque part entre la terre et le paradis,
un lieu où il pouvait entreprendre son éducation spirituelle, une étape qu’il
croyait imminente et nécessaire s’il devait un jour avoir l’honneur de franchir
le seuil d’un chez soi. Le sentier s’était peu à peu élargi et offrait
maintenant la dimension d’une route d’un peu plus d’un mètre, sans empreintes
de pas d’aucune sorte et très facile à suivre.
Mike
se tourna subitement. Qu’y avait-il là ? Une forme d’un vert foncé attira son
œil avant de se précipiter sur la gauche, derrière un bloc de pierre. Un animal
sauvage sans doute, se dit-il. La route qu’il voyait derrière lui reflétait
exactement celle qui s’étendait devant : un long sentier tortueux disparaissant
derrière les collines et bordé d’arbres verts luxuriants, de plaines et
d’affleurements rocailleux. Quelques fleurs ponctuaient le paysage de points de
couleurs disposés parfaitement sur le grand tapis de verdure.
Mike
s’arrêta pour se reposer. Il n’avait aucune montre, mais la position du soleil
lui indiquait qu’il devait être quatorze heures, le temps de casser la croûte.
Il s’assit en bordure de la route et termina les miettes qui lui restaient
encore de son petit déjeuner. Autour de lui, l’atmosphère baignait dans le
calme.
Pas
d’oiseaux, constata-t-il. Il examina attentivement le sol. Pas d’insectes non
plus. Comme s’est étrange. Mike contemplait son environnement. Il sentit une
brise dans ses cheveux. Au moins, il y a de l’air. Il regarda vers le ciel et
vit qu’il était de ce bleu des plus beaux jours.
Son
sac ne contenait plus de nourriture, mais il savait qu’il n’était pas seul et
que Dieu pourvoirait à son alimentation. Il se rappela l’histoire de Moïse dans
le désert, errant pendant quarante ans avec le peuple d’Israël. Il lui revint
en mémoire que leur nourriture provenait du ciel et, en y réfléchissant, il se
demanda si c’était vrai. Toutes ces familles qui suivaient Moïse comptaient
certainement des adolescents aux têtes fortes comme nous en avons aujourd’hui,
pensa-t-il. Il pouvait facilement en imaginer un se plaindre à ses parents :
« J’ai vu cette même roche au moins huit fois depuis que je suis né.
Pourquoi faites-vous confiance à ce Moïse ? Il nous fait tourner en rond. Le
désert a ses limites, après tout. Aie ! M’écoutez-vous ? »
Entrevoir
la scène le faisait rire. Puis, il se demanda s’il allait revoir bientôt la
même roche, signe qu’il tournait en rond lui aussi ! Il n’avait pas la moindre
idée de sa destination, tout comme les Israélites dans le désert, et sans
nourriture en plus. Il rit encore plus fort en constatant les
similitudes.
Peut-être
son rire fut-il entendu ou il était tout simplement temps, mais au détour
suivant de la route, il la vit. La première maison était d’un bleu éclatant.
Pour l’amour du ciel ! s’exclama Mike intérieurement. Si un architecte voyait
ça, il hurlerait ! Mike riait sous cape. J’espère que je ne suis pas insolent,
mais c’est la première fois que je vois une maison toute bleue. Le sentier
menait jusqu’à la porte, de sorte qu’il sut que c’était là son premier arrêt.
Sans compter qu’il n’y avait rien d’autre autour.
En
approchant de la petite maison, il remarqua qu’elle était d’un bleu cobalt et
qu’elle irradiait de l’intérieur. Comme il tournait pour s’engager sur le petit
chemin qui y menait, il vit une pancarte sur laquelle figuraient les mots : MAISON DES CARTES. Mike se
rendit compte que c’était ce qu’il avait demandé. Il pourrait enfin se diriger.
Le reste du trajet serait sans doute plus rassurant. Une carte à jour serait un
objet bien utile en cet étrange pays.
La
porte de la maison s’ouvrit tout à coup et une immense créature du même bleue
que la maison en surgit ! C’était vraisemblablement une entité angélique
puisque, comme l’ange de la vision, elle était plus grande que nature, plus
grande qu’un humain. Sa présence emplissait l’atmosphère d’un sentiment de
splendeur et d’un parfum de fleur. Michaël pouvait encore une fois sentir
l’odeur de l’entité. Le grand être se tenait là devant lui.
- Salut à toi, Michaël Thomas de
l’Intention pure. Nous t’attendions.
Contrairement
à l’Ange de la vision précédente de l’Ange BLANC, le visage de cette
entité-là était parfaitement visible, et Mike pouvait y déceler une expression
de bien-être et de bonheur constants, peu importe ce qu’il sentit, Mike
appréciait sa compagnie et se montra respectueux dans les circonstances. Il
salua l’ange.
- Salut à toi, grand être bleu ! Soudain
mal à l’aise, Michaël senti le besoin d’avaler. Peut-être l’ange ne voulait-il
pas qu’on le nomme ainsi. Sa couleur n’était peut-être qu’une perception de
l’œil humain. Etait-il vraiment bleu ? Peut-être même qu’il n’aimait pas le
bleu ! Mike soupira à la pensée de tous ces doutes qui l’assaillaient.
- Je suis Bleu aux yeux de toutes les
entités, Michaël Thomas de l’Intention pure, dit l’ange d’un ton rêveur.
J’accepte ta salutation avec joie. Si tu veux bien entrer dans la Maison des
cartes, tu y passeras la nuit.
Cette
fois, Mike fut heureux qu’un ange lise dans ses pensées. Qu’avait dit l’ange de
la vision à ce propos ? Qu’il pouvait les sentir ? De toute façon, Mike était
heureux de ne pas avoir offensé le gardien de la première maison.
Mike
et l’Ange Bleu, deux êtres très disparates, se retournèrent et entrèrent dans
la maison bleue. Au moment où la porte se refermait derrière eux, deux yeux
rouges immenses et flamboyants de colère perçaient à travers un buisson, à
quelque spas de la maison. Alertes, silencieux et patients, ils ne bougeraient
pas jusqu’à ce que Mike reprenne sa route. Dès l’instant où il entra, Mike fut
ébahi parce qu’il vit. La structure intérieure de la maison était immense !
Elle semblait interminable. Pourtant, elle était si modeste d e l’extérieur !
Il se rappela les paroles de l’ange de la vision qui affirmait que les
apparences étaient parfois trompeuses. Il se trouvait certainement dans une
partie de l’étrange réalité de sa nouvelle conscience. Il se demanda si cette
autre perception portait une signification plus étendue.
Il
déambulait derrière l’ange par les grands corridors de la Maison des cartes.
L’intérieur
ressemblait à une librairie luxueuse, comme celles que l’on retrouve en Europ
et qui contiennent des livres historiques inestimables de toutes sortes. Mais,
il n’y avait là ni rayons,
ni livres. Les murs étaient percés de dizaines de milliers de petites cavités
dont l’intérieur en bois semblait contenir des parchemins. La hauteur des murs
était interminable et ces cavités se retrouvaient dans chaque salle qu’ils
traversaient, d’un étage à l’autre. Il ne pouvait voir ces ouvertures de près,
mais il se dit qu’elles contenaient sans doute des cartes, comme l’indiquait le
nom de la maison. Mais pourquoi un si grand nombre ? Durant toute la durée de
la longue visite des immenses pièces de la maison, il ne rencontra pas âme qui
vive.
- Sommes-nous seuls ? demande Mike.
L’ange étouffa un rire.
- Ça dépend de ce qu’être seul signifie,
je suppose. Ce que tu vois là, ce sont les contrats de chaque être humain de la
planète. L’ange continuait d’avancer d’un air détaché.
Mike
s’arrêta, les yeux agrandis, étonné des paroles de l’entité bleue. La distance
entre eux s’allongea, l’ange poursuivant son chemin tandis que Mike restait sur
place. Sentant que Mike ne le suivait pas, l’ange s’arrêta, se retourna et
l’attendit, sans rien ajouter.
Michaël
voyait les échelles appuyées contre les hauts murs remplis des cavités boisées
contenant toutes les parchemins. Des contrats avait dit l’ange. Qu’est-ce que
ça pouvait bien signifier ?
- N’y comprends rien, dit-il en
rattrapant l’ange.
- Avant que ton périple prenne fin, tu
auras compris, lui répondit l’ange d’une voix rassurante. Il n’y arien ici qui
doive te faire peur, Michaël. Tout est en ordre. Ta visite était attendue et
elle est honorée. Ton intention est pure, et nous pouvons tous la percevoir.
Détends-toi et accepte l’amour que nous t’offrons.
Les
paroles de l’entité Bleue eurent un effet indicible sur Mike. Aucune autre
entité de l’univers n’aurait pu prononcer de paroles plus appropriées.
Commençait-il à mieux sentir les choses ? L’ange de la vision lui avait
communiqué les mêmes vibrations d’amour, mais il réagissait avec beaucoup plus
d’émotion cette fois.
- C’est bien de se sentir aimé, n’est-ce
pas Michaël ? L’ange était revenu près de lui et le dominait de sa
taille.
- Je ne comprends pas l’effet que ça me
fait. Je me sens au bord des larmes.
- Tu es en train de passer à une autre
vibration, Michaël.
- Je n’arrive pas à saisir la
signification de tout ça. Au fait, as-tu un nom ?
Michaël
craignait encore une fois d’avoir offensé l’entité. Et si c’était « un »
ange féminin ? Mike ne s’y connaissait pas vraiment dans ce domaine, mais
d’après son apparence, l’ange aurait pu tout aussi bien être « une »
ange.
- Appelle-moi Bleu, tout simplement, dit
l’ange en lui faisant un clin d’œil. Je n’ai pas de genre, bien que ma taille
et ma voix disent à ton esprit que je sois « un » ange. Partons de ce
principe, si tu le veux bien.
L’Ange BLEU fit une pause pour mieux permettre à Mike d’assimiler ce qu’il venait
d’entendre. Puis, il poursuivit : « Ta structure cellulaire d’être humain
peut exister à divers niveaux de vibration. Nous appellerons niveau un, celui
auquel tu es habitué. Tu le connais bien et il t’a bien servi jusqu’à présent.
Mais, au cours de ce voyage, tu devras atteindre le niveau six ou sept si tu veux
parvenir à ton but. Pour l’instant, tu es en train d’arriver à ce que j’appelle
le niveau deux, à défaut d’un meilleur terme. Chaque niveau de vibration donne
une plus grande conscience de la réalité de Dieu, comme on te l’a déjà dit. Ce
que tu ressens maintenant est une plus grande conscience de l’amour. L’amour
est immense, Michaël. Il a des propriétés physiques et il est puissant. Ton
nouveau degré de vibration te permet de le ressentir comme tu ne l’as jamais pu
auparavant. Il est l’essence même de son but et il ira en s’intensifiant dans
chacune des maisons où tu pénètreras.
Mike
adorait écouter Bleu. Il lui donnait plus d’explications qu’il n’en avait
reçues jusqu’à maintenant.
- Es-tu professeur ? demanda Mike.
- Oui, le rôle de chaque ange de chacune
des maisons est d’enseigner, excepté le dernier. J’aurai à te révéler des
vérités reliées à ma maison et il en va de même des autres. A la fin de ton
périple, tu auras une vision beaucoup plus grande de la façon dont les choses
se déroulent dans l’univers. J’ai
pour tâche de te transmettre ce que tu as mérité par l’expression de ton
intention. Ton passage dans ma maison te permet de recevoir la carte de ton
contrat. Demain en début de journée, je te la remettrai et répondrai à quelques-unes
de tes questions avant que tu poursuives ton chemin. Il était important que tu
visites cette maison d’abord puisque tu y recevras de l’aide pour ton voyage.
Mais pour l’instant, je t’invite à te nourrir et à te reposer.
Mike
suivit Bleu. Il se sentait de plus en plus à l’aise avec son nouvel ami… bleu.
Celui-ci le dirigea vers un magnifique jardin intérieur où l’on cultivait
toutes les variétés de fruits et de légumes en rangées interminables. Comme
dans les autres pièces, la lumière provenait du toit. Elle donnait un effet
naturel à chaque espace de la maison; on sentait une odeur de pain fraîchement
sorti du four depuis une autre pièce.
- Qui prend soin de tout, ici ? demanda
Mike. Je ne vois personne d’autre… t’arrive-t-il de te nourrir ?
- Chaque maison a des pièces semblables
à celles-ci. Et non, je ne manque pas. Le jardin sert aux humains qui font le
même parcours que toi et qui s’arrêtent ici dans la poursuite de leur
apprentissage. Il est entretenu par plusieurs… que tu ne vois pas en ce moment.
Tu ne manqueras ni de nourriture, ni d’abri tant que tu exploreras le sentier
de la connaissance. C’est notre façon de t’honorer et d’honorer ton
intention.
Mike
se sentit envahi par le sentiment d’être protégé pendant qu’ils se déplaçaient
vers d’autres pièces, l’être humain suivant, l’imposante entité bleue. Ils
atteignirent une pièce curieuse, prévue pour le sommeil. Isolée, elle était
garnie d’un superbe lit antique à baldaquin recouvert de draps de dentelle
invitant Mike à y déposer son corps exténué. Les oreillers dodus l’attiraient
et promettaient le confort et la sécurité propres à un sommeil profond. Mike
était ébahi par l’accueil qu’on lui réservait.
- Tout ça pour moi ? dit-il,
impressionné.
- Pour toi et les autres, Michaël. Nous
recevons tous ceux qui ont exprimé la même intention que toi.
La
pièce attenante offrait un festin que Mike ne pouvait même pas envisager
d’entamer. Il y avait là plus de délices qu’il n’en avait jamais vus à la fois,
beaucoup trop pour une seule personne.
- Mange ce que tu veux, Michaël, lui dit L'Ange Bleu. Rien de tout cela ne sera perdu. Mais ne prends rien avec toi. Résiste à
cette tentation. C’est un test sur ta voie, quelque chose que tu comprendras
pleinement plus tard.
Bleu
se retira. Mike déposa ses bagages, s’assit et mangea comme il ne l’avait
jamais fait. Il ne voulut pas se montrer glouton, mais il emplit son estomac de
ces mets délicieux. Ses yeux commençaient à se fermer de fatigue et le décor
créait un sentiment de confort qu’il n’avait pas connu depuis qu’il était le
petit enfant chéri de ses parents.
Si
je pouvais seulement conserver cette sensation ! se dit-il. Le fait d’être
humain prenait à l’instant se pleine mesure. Il quitta la table et décida de
laver la vaisselle sale le lendemain matin. Oh ! qu’il était las ! Il arriva
même difficilement à se déshabiller et à surprendre ses vêtements. Il se mit au
lit, et le bien-être enveloppant d’un sommeil paisible l’envahit
aussitôt.
Dans
le silence matinal, il se réveilla superbement reposé. Il se lava, se dirigea
vers la salle à manger et découvrit avec surprise que les restes de la veille
avaient été enlevés et qu’un magnifique petit déjeuner l’attendait. En fait,
c’était en partie l’odeur des œufs frais, des pommes de terre et du pain chaud
qui l’avait éveillé. Il profita de son petit déjeuner en solitaire et
s’interrogea une fois de plus sur l’idée qu’il avait eue de demander à rentrer
chez lui.
Est-ce
une bonne idée de vouloir se retirer de l’expérience terrestre ? se
demanda-t-il. Qu’arrive-t-il à ceux qui restent ? Ils ne pourront pas
expérimenter les autres niveaux de vibration qui m’attendent. Est-ce juste ? Il
ressentit une légère mélancolie à la pensée de ses amis et de ses collègues. Il
songea même à son ancienne amante !
Qu’est-ce
qui m’arrive ? se demande Mike. Je commence à ressentir de l’empathie pour ceux
qui m’entourent. Ça ne me ressemble pas. Je trouve ça plutôt pénible ! Je
commence à regretter d’avoir quelque chose que les autres n’ont pas. Cela
signifie-t-il que je suis sur la mauvaise voie ? Devrais-je rebrousser chemin
?
- Il est inévitable que tu te poses
toutes ces questions, Michaël, dit Bleu, qui apparut soudain dans
l’entrebâillement de la porte et qui, encore une fois, se glissa dans les
pensées de Mike. Bien qu’étonné, celui-ci fut ravi de voir l’ange et le salua
d’un signe de la tête.
- Parle-moi de ces choses, Ange Bleu. J’ai
vraiment besoin de directives. Je commence à me demander si j’ai pris la bonne
décision.
- Les méandres de l’esprit sont
merveilleux, Michaël Thomas de l’Intention pure. Et le postulat de
l’illumination de l’homme consiste d’abord à prendre soin de soi. Ensuite, le
résultat du périple sera transmis à ceux qui nous entourent puisque l’intuition
de l’un affecte les autres.
- Encore une fois, je ne suis pas sûr de
bien comprendre, rétorqua Mike, confus.
- Même si tu ne saisis pas maintenant,
Michaël, tes actions affectent les autres et leur offrent l’occasion de faire
un choix, ce qui aurait été impossible sans ta décision d’être ici, en ce
moment même. Fais confiance à la vérité des événements et ne te fais aucun
reproche.
Mike
se senti soulagé d’un poids immense. Bleu n’avait pas réussi à lui faire comprendre
entièrement le fonctionnement du plan spirituel, mais il l’avait suffisamment
rassuré. Michaël se sentait confiant dans la poursuite de sa quête.
Il
fit ses bagages et quitta sa chambre. Il revint dans le hall d’entrée menant à
la porte par laquelle il avait pénétré la veille. Bleu le suivi, et Mike
s’émerveilla encore de l’immensité de l’endroit. L’entité ne fit aucune
remarque en constant que Mike avait glissé un baguel et quelques baguettes dans son
sac.
- Où allons-nous ? demanda ce dernier.
Dois-je aller par là ?
Il
s’avait qu’il allait recevoir sa propre carte, et il voulait que Bleu prenne
les devants.
- Tu peux t’arrêter ici. Ils
s’immobilisèrent au centre du vaste hall bleu magnifiquement décoré, et Bleu se
dirigea sans rien dire vers un mur éloigné sur lequel s’appuyait une échelle.
« Viens ici, Mike ».
Mike
obéit et, en un rien de temps, Bleu lui fit grimper une longue échelle par
laquelle il devait atteindre une cavité où se trouvait sa carte. En grimpant,
Mike remarqua que chaque cavité portait un nom. En réalité, chacune en
contenait deux : un qui semblait écrit en caractères arabes et un autre, en
caractères romains. Il n’y avait aucun classement alphabétique, et les cavités
semblaient obéir à un ordre connu de Bleu seul et que Mike ne saisissait pas.
L’ange lui avait dit exactement où regarder et il se trouvait maintenant à
quelques centimètres de l’endroit indiqué.
Puis,
il la vit. La case portait la mention « Michaël Thomas » et une
autre, étrangère à ses yeux, probablement en langue d’ange, se dit-il. On lui
avait donné instruction de ne pas regarder ailleurs, de retirer le parchemin de
la cavité et de redescendre afin de l’examiner. Il venait tout juste de saisir
le parchemin et s’apprêtait à descendre lorsqu’un groupe de noms attira son
regard. Son cœur fit un bond… les noms de ses parents étaient là. La
disposition était faite par famille. C’était le système spirituel du grand hall
! Il savait qu’on lui avait formellement interdit de toucher aux autres
parchemins, mais il s’attarda tout de même et se prit à examiner les noms qui
ne signifiaient rien pour lui. Pourquoi ces autres noms accolés à ceux de ma
famille ?
- Michaël ?
- J’arrive tout de suite, dit-il d’un
ton contrit.
Bleu
savait ce qui lui passait par la tête mais Mike ne poserait aucune question
pouvant violer le protocole de cet endroit sacré. Songeur, Mike redescendit la
longue échelle bleue et remit le parchemin à lange. Celui-ci regarda Mike
longuement. Dans ce regard intense, il n’y avait pas de secrets. Bleu faisait
part de sa gratitude à Mike d’avoir respecté le système sacré, et Michaël
sentit l’amour de Dieu transpercer son être entier. Tous deux sourirent devant
cette communication sans paroles. Mike commençait à comprendre l’inutilité des
mots ! Il lui semblait qu’il pouvait tout dire à Bleu sans prononcer une seule
parole. Comme c’est étrange, pensa-t-il.
- Michaël Thomas de l’Intention pure,
déclara formellement Bleu, voici la carte de ta vie. D’une façon ou d’une
autre, elle te suivra partout dorénavant. Elle t’est remise avec amour et
deviendra une de tes possessions les plus précieuses. Mike se rappela soudain
les paroles de l’ange de la vision à propos de la nouvelle énergie beaucoup
plus courante que la précédente.
- La carte est-elle à jour ?
- Beaucoup plus que tu ne peux le
souhaiter, répondit Bleu d’un ton espiègle. Mike crut même l’avoir entendu
ricaner !
L’entité
tendit la carte à Mike en l’invitant d’un geste à l’examiner de plus près. Mike
la posa sur son cœur quelques instants pour bien la savourer, comme un enfant
l’aurait fait. Il sentait le caractère sacré de cet instant et ouvrit la carte
d’une façon toute cérémonieuse qui fit sourire Bleu. Il savait ce qui allait se
produire.
Tout
l’émerveillement que Mike avait ressenti disparut lorsqu’il déroula le
parchemin. La carte était vierge ! Ou plutôt non. En plein milieu, à peine
visibles, se trouvaient quelques lettres et symboles. Mike y regarda de plus
près. Une flèche pointait vers un petit point rouge près duquel on pouvait lire
: VOUS
ETES ICI. Un petit symbole indiquant la maison des cartes était
placé près du point. Trois centimètres de détails figuraient autour du point, y
compris le sentier que Mike avait suivi, puis, plus rien, le vide total ! La
carte indiquait seulement l’endroit où se trouvait Mike et une centaine de
mètres tout autour.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Mike,
quelque peu irrespectueux. C’est une blague d’ange ou quoi ? J’ai fait tout ce
chemin jusqu’à la Maison des cartes pour recevoir un merveilleux parchemin
sacré qui me dit que je suis.. dans la Maison des cartes ?
- Les apparences sont parfois
trompeuses, Michaël Thomas de l’Intention pure. Accepte ce cadeau et garde-le
précieusement.
Bleu
ne répondait pas à la question.
Mike
sut intuitivement qu’il ne servait à rien de la reposer. Il enroula sa
prétendue carte et la mit dans son sac. Il était très déçu. Bleu le reconduisit
vers la porte et sortit au grand air, Mike sur ses talons. L’ange se
retourna.
- Michaël Thomas de l’Intention pure, je
dois te poser une question avant que tu reprennes ta route.
- Oui, laquelle mon ami ? répondit
Mike.
- Michaël Thomas de l’Intention pure,
aimes-tu Dieu ? Bleu était très sérieux.
Mika
trouva étrange que l’ange de la vision ait posé la même question, presque sur
le même ton. Il se demanda pourquoi on la lui reposait.
- Cher magnifique professeur bleu,
puisque tu peux lire dans mon cœur, tu sais que j’aime sincèrement Dieu. Mike
fixait l’ange droit dans les yeux en formulant sa réponse honnête.
- Qu’il en soit ainsi, dit l’entité en
rentrant dans la petite maison bleue et en refermant solidement la porte
derrière elle. Mike se sentit soudain débranché. Est-ce qu’ils ne disent jamais
au revoir ? se demanda-t-il.
L’air
était embaumé et agréable. Mike souleva ses bagages dans lesquels il avait
glissé le pain de la maison bleue et prit une direction qui devait le mener à
une autre maison où il recevrait des enseignements. Il passa en revue les
événements amusants de sa visite à la Maison des cartes. Incroyable, une carte
qui t’indique seulement où tu te trouves à l’instant. A quoi ça sert ? Bien sûr
que je sais où je me trouve ! Quel étrange endroit !
Un
éclat de rire carillonna des montages où Michaël Thomas de l’Intention pure
clamait sa joie aux roches et aux arbres en poursuivant la route qui le menait
chez lui. Son rire atteignait les oreilles couvertes de verrues d’une entité
vert foncé tapie à quelque deux cents mètres derrière lui. Mike était loin de
soupçonner que cette forme sombre avait attendu patiemment qu’il reprenne sa
route pour le suivre pas à pas. La chose n’appartenait pas à ce royaume. Elle
n’avait besoin ni de nourriture ni de sommeil. Elle n’éprouvait aucune joie,
mais elle était totalement déterminée à ce que Michaël Thomas n’atteigne jamais
la dernière maison. Son but était clair, et elle resserrait peu à peu la
distance qui la séparait de Michaël Thomas de l’Intention pure.
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