Il ne fallu pas longtemps avant
que Mike se rende compte de la transformation du paysage qui s’étalait devant
lui. Il avait avancé sans effort depuis le début et n’avait jamais songé qu’il
aurait à faire face à un choix quelconque. De plus, il avait la désagréable
impression d’être épié.
Droit devant lui, la route
laissait voir un embranchement. Mike devait choisir le chemin qui le mènerait à
la prochaine maison. Il haussa les épaules et s’arrêta, perplexe.
Qu’est-ce qui se passe ? se dit-il. Comment suis-je censé trouver ma
route en ce pays de maisons et d’anges de couleur ? Il n’attendait pas de réponse, la
question s’adressant à son esprit, mais il restait troublé. C’est alors qu’il
se souvint de la carte. Il s’assit en bordure de la route. Il avait placé la
carte dans le sac contenant le pain et se préparait à la sortir lorsqu’il fut
presque asphyxié par l’odeur qui se dégageait du sac. Qu’est-ce qui est mort là-dedans ? dit-il à haute voix.
La puanteur infecte le faisait
hésiter à essayer d’en trouver la cause. C’était hors de tout doute une odeur
organique ; aussi, pensa-t-il que le pain en était responsable. Il avait
raison.
Mike retira doucement la carte
de son sac. La traitant précieusement est espérant que l’odeur n’avait pas
atteint cet objet sacré bien apparemment inutile. Elle était encore d’une seule
pièce, mais on ne pouvait en dire autant du pain. Il vida le contenu de son sac
par terre et grimaça à sa vue. Sur le sol, gisaient les restes pourris du baguel
et des baguettes qui avaient l’air d’avoir passé un mois sous la pluie d’une
forêt tropicale. Il n’en restait qu’une matière putride noire tachetée de
moisissures, envahie d’un type d’insecte de cette terre étrange que Mike voyait
pour la première fois et il y en avait des milliers ! Une véritable cité de
larves grouillantes. Mike laissa tomber son sac avec dégoût et se leva d’un
bond. De la vraie charogne !
Comment est-ce possible ?
D’autant plus que j’ai quitté la maison il y a à peine quelques heures. Même
une viande n’aurait pas pourri si rapidement. Qu’est-ce qui se passe ?
Se pinçant le nez, Mike se
pencha pour y voir de plus près. La masse noire qui gisait sur le sol
continuait à se détériorer devant ses yeux. Il vit les petites créatures
grouillantes fourmiller en dévorant le reste de la répugnante matière en
décomposition et se dévorer ensuite entre elles. Dégoûté par ce qu’il voyait,
Mike détourna la tête de cette vision d’horreur lorsque quelque chose capta son
attention derrière lui.
Il y a bien quelque chose là !
Il était certain d’avoir vu une forme verte et floue se dérober de son regard
et se cacher dans les buissons. Il sentit des frissons lui parcourir l’échine
et sut instinctivement qu’il était dangereux de rebrousser chemin pour aller
voir de quoi il s’agissait. Il demeura donc sur place. Une fourche devant lui ?
Un animal ou une créature quelconque derrière ? Qu’est-ce qui se passe dans
cette place sacrée ? Qu’est-il arrivé au pain ?
Mike
voulut jeter un dernier coup d’œil sur la masse nauséabonde qu’il avait jetée
sur le sol et constata avec stupeur qu’il ne restait plus qu’un tas de
poussière. Pas de vermine, pas de pain, aucune odeur. La matière avait repris
sa forme initiale et avait même commencé à se disperser sous la brise.
Que signifiait tout cela ? Mike
se rappela les consignes de l’ange à l’effet qu’il ne devait pas prendre de
nourriture avec lui. Mais il n’avait pas cru que l’interdiction englobait une
petite collation ! Les aliments si appétissants à l’intérieur des maisons ne
résistaient peut-être pas au sentier ! Il regarda sa carte, inquiet, et la
souleva soigneusement, craignant encore d’y trouver quelque vermine. Elle était
sans tache, telle qu’il l’avait placée dans son sac. Il n’y comprenait rien.
Elle était tout à côté du pain, mais n’avait pas été touchée. Afin de vérifier
autre chose, il prit son sac et s’en approcha avec précaution pour le sentir.
Aucune trace ne restait de l’effroyable odeur qui lui avait transpercé les
narines quelques instants plus tôt. Il ne savait pas vraiment ce qui s’était passé,
mais il en tirait une excellente leçon : jamais plus il ne prendrait de
nourriture des maisons qui longeaient le sentier.
Il y eut un autre mouvement
derrière lui ! Il lui semblait que son cerveau lui envoyait des signaux
d’alarme. Avance ! Il se sentit désespéré. Il eut l’idée de dérouler sa carte,
espérant y trouver des indices sur la route à prendre. Mais il n’y lu que VOUS ETES ICI,
le point rouge et rien d‘autre. La fourche ne figurait pas sur la carte. Quel
objet inutile !
- sapristi ! s’écria-t-il.
C’était
quelque peu déplacé, mais il avait besoin d’exprimer sa frustration.
- Toute une carte, vraiment, Ange Bleu !
Encore une fois, il sentit un
mouvement derrière. Cela se rapprochait-il ? Pourquoi ne pouvait-il rien voir ?
C’était donc si rapide ? Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Son cerveau
alarmé criait panique. Il se leva rapidement et poursuivit sa route, se
retournant pour jeter un coup d’œil par-dessus son épaule à tous les deux pas.
La forme floue ne se laissait pas voir lorsqu’il regardait derrière lui.
Comment savait-elle que Mike allait vers l’avant ? Après chaque regard vers
l’arrière, Mike pressait le pas, et la forme en faisait autant. Il franchit la
courte distance qui le séparait de la fourche en un temps record. Il avait
peur.
Une fois devant
l’embranchement, Michaël haletait de fatigue et de peur. Il n’avait pas la
moindre idée de la direction à suivre et son indécision l’angoissait. Immobile,
envahi par la panique, il clama vers le ciel, désespéré :
- Ange Bleu, quelle direction ?
Mike ne s’attendait pas
vraiment à recevoir une réponse de l’ange de sorte que la voix douce qu’i
entendit et qui semblait surgir de sa tête lui causa un choc.
- Sers-toi de la carte, Michaël,
vite.
Mike n’était pas d’humeur à
s’interroger sur le caractère étrange de l’ordre ni sur son illogisme puisqu’il
avait consulté la carte quelques instants plus tôt. D’un geste devenu familier,
il la déroula rapidement. Le point rouge et la mention VOUS ETES ICI se trouvaient toujours
à la même place, au centre de la carte. Mais qu’est-ce donc ça ? Mike regarda
de plus près, la sueur perlait sur son front.
Le point indiquait maintenant
la fourche, à l’intersection où il se tenait ! La carte était donc à jour !
L’esprit de Mike ne se rappela pas l’humour de l’ange à cet égard. Il examina
la carte de plus près. Une flèche y indiquait clairement de bifurquer vers la
droite !
Sans hésiter et tout en
enroulant sa carte, il prit cette route et grimpa une petite colline. Il
continuait de regarder derrière lui de temps à autre, sentant et sachant qu’on
le suivait. La forme verte se glissait entre les roches et les buissons et
maintenait le rythme accéléré de Mike. En atteignant le haut de la colline,
Mike soupira d’aise : devant lui se dressait une autre maison ! Il voyait un
répit droit devant. Jetant tout de même quelques coups d’œil derrière lui, il
pressa le pas puis s’élança en courant sur le sentier menant au refuge où il
trouverait nourriture et sécurité.
L’entité sombre et vile qui
suivait Mike était furieuse ! Si seulement ce dernier avait hésité plus
longuement, elle l’aurait rattrapé. Elle fulminait devant l’occasion ratée et
grimpa à un arbre devant la maison de couleur orange dont Michaël Thomas venait
de franchir le seuil. La forme répugnante se préparait à une longue attente,
mais elle était prête à tout.
De l’autre côté de la porte de
la maison orange se trouvait un ange, comme prévu. Les premières paroles
d’Orange, comme Mike décida de le nommer, eurent sur lui un effet
renversant.
- Salut à toi, Michaël Thomas de
l’Intention pure ! Nous t’attendions.
- Salut à toi ! Michaël essayait de
cacher son soulagement et sa difficulté à reprendre son souffle.
Sa voie avait tressailli. Il
dut se retenir pour ne pas serrer dans ses bras l’imposante entité orange qui
l’accueillait. Il était tellement heureux de se sentir de nouveau
protégé.
- Par ici, lui dit son hôte Orange, en
se retournant pour le guider dans la MAISON DES PRESENTS ET DES OUTILS.
Mike s’assura que la porte
était bien fermée derrière lui et suivit l’ange, encore tremblant et à bout de
souffle à la suite de ce qui venait de se passer. Il demeurait effrayé et des
tas de questions lui venaient à l’esprit à propos de cette terre de contrastes
surprenants.
Comme les autres, cet ange
était magnifique. Mike fut encore une fois impressionné par la haute stature de
l’entité et par la bonté qu’elle dégageait. Il se sentit accueilli et aimé
comme en présence des autres anges qu’il avait rencontrés. Je suppose qu’ils
sont tous faits de la même manière, se prit-il à imaginer.
- En fait, nous faisons tous partie de
la même famille, lui dit l’ange.
Mike éprouve de la honte à
l’idée d’avoir déjà oublié le mécanisme de communication chez ces
créatures.
- Je m’excuse, réussit-il à balbutier.
Orange s’arrêta et se retourna. Il pencha la tête sur le côté, amusé. Mike
affronta son regard.
- Tu t’excuses de m’avoir complimenté
sur ma magnificence ! De te sentir aimé ? De te demander qui tu es ?
- L’Ange sourit. Nous recevons
beaucoup d’invités, Michaël Thomas. De tous ceux qui ont visité la deuxième
maison, tu es celui qui a posé le moins de questions.
- La journée commence à peine, répondit
Mike en soupirant. Il voulait interroger l’ange à propos de la peur et de la
panique qu’il avait connues quelques instants plus tôt. Qu’est-ce qui le
suivait ? L’Ange savait qu’il poserait cette question.
- Je ne peux te dire ce que tu veux
savoir, Michaël, lui dit l’ange.
- Ne peux ou ne veux ? demande Mike
respectueusement. Il savait qu’il jouait avec les mots et poursuivit :
« Je sais que tu le sais ». Après une brève hésitation, Mike décida
de poser ses questions à un rythme plus rapide.
- Pourquoi ne peux-tu pas me le dire
?
- Tu en sais plus long que moi
là-dessus.
- Comment est-ce possible ?
- Les apparences sont parfois
trompeuses, ici.
- Est-ce que ce sera encore là quand je
repartirai ?
- Oui.
- Cela fait-il partie de ce monde ? ça
me semble déplacé dans ce décor spirituel.
- Cette chose a le même droit d’être ici
que toi.
- Cela peut-il me causer du tort ?
- Oui.
- Puis-je me défendre ?
- Oui.
- M’aideras-tu ?
- C’est la raison pour laquelle je suis
ici. L’Ange Orange ne broncha pas, et Mike cessa subitement son
interrogatoire.
Par les réponses qu’il
fournissait, Mike comprit que l’ange savait tout. Il se défendit un peu. S’il sait
tout, j’ai la possibilité d’en savoir aussi plus long. Je n’ai qu’à me montrer
patient. Je suis certain que j’en apprendrai éventuellement davantage. Ça
semble être la façon dont les choses se déroulent ici. Mike se rappela tout à
coup combien il avait jugé la carte inutile une heure plus tôt et comment elle
l’avait subitement sauvé au moment opportun.
- Dieu est toujours à jour, tu sais, dit
l’ange en retenant son rire. Encore une fois, il suivait les pensées de Michaël
Thomas. L’entité orange se retourna et guide Mike plus avant dans la
maison.
- Je commence à m’habituer, dit Mike en
marchant. On reçoit ce dont on a besoin au moment où on en a besoin.
- C’est peu près ça, répondit l’ange. La
fréquence du temps humain la plus faible est linéaire, mais pas le temps
angélique. Décidément, cet ange était aussi un enseignant.
- Mais comment percevez-vous le temps ?
tout en poursuivant la conversation, Mike se retrouva dans un entrepôt. Eh oui
! Comme la première maison, celle-ci était gigantesque à l’intérieur.
Mike demeura bouche bée devant
des douzaines de rangées de caisses empilées dans une pièce dont le plafond
devait s’élever à quinze mètres.
- Nous n’avons ni passé ni futur,
répondit l’Ange. Votre notion du temps se conçoit selon une ligne droite tandis
que la nôtre est comme une table tournante se déplaçant dans le sens des
aiguilles d’une montre alors que le moteur ne tourne pas. Nous percevons
constamment l’étendue de notre temps puisqu’il est toujours près de nous. Par
conséquent, nous sommes sans cesse au présent. Notre mouvement tourne toujours
autour d’un centre connu. Parce que votre temps est linéaire et que vous allez
vers l’avant, vous ne faites jamais l’expérience complète du présent. Vous regardez
derrière et voyez où vous étiez, et vous regardez devant et voyez où vous
allez. Vous ne pouvez jamais expérimenter l’état d’être de votre existence,
mais vous expérimentez une existence d’action. Telle est l’expression de votre
vibration inférieure, et cela est conforme à votre dimension.
- Ça explique alors le fonctionnement de
votre carte, dit Mike en se rappelant que le point rouge et la mention VOUS ETES ICI
se trouvaient au centre et que les événements de sa nouvelle existence se
mouvaient à l’intérieur et à l’extérieur d’un point. C‘est tout à fait à
l’opposé d’une carte humaine, se dit-il.
- Tout à fait ! lui dit L’Ange Orange en
continuant de le guider. Dans votre notion du temps, la carte est stable. C’est
l’humain qui se déplace. Vous percevez le temps et la réalité comme une
constante, et l’humain comme la variable. Lorsque vous vous approchez de notre
notion du temps et de notre vibration, vous devenez la constante, et la carte,
ou la réalité devient la variable.
Mike devrait réfléchir pour
bien saisir ces notions. C’était à la fois confus et familier. Son expérience à
l’embranchement qui menait à la maison orange lui avait montré la valeur de sa
carte spirituelle, même si ce n’était pas ce à quoi il s’attendait. Il savait
que la prochaine fois qu’il se retrouverait devant une alternative semblable,
il ne s’inquiéterait pas avant de se trouver vraiment confronté à son choix et
que la carte viendrait à son aide.
Tout comme L’Ange Bleu l’avait fait, L’Ange Orange
guida Mike dans un dédale de pièces toutes aussi bien décorées les unes que les
autres avant de le mener à une pièce conçue pour le repos où il pourrait
également se nourrir. La grandiose demeure contenait des caisses portant des
noms au lieu de cavités en bois identifiées comme dans la Maison des cartes.
Ici aussi les noms étaient en caractères arabes que Mike ne parvenait pas à
lire, mais il devinait qu’il devait se trouver quelque part une caisse portant
son nom.
- Voilà tes appartements, lui dit
Orange. Nous commencerons demain. Tes repas seront servis dans la pièce de
gauche, et tu peux te rafraîchir dans la pièce de droite. Sur ce, Orange
referma la porte et se retira.
Mike regardait la porte fermée.
Tu as beau être un Ange, tes manières laissent à désirer, pensa-t-il en
regrettant le manque de salutations. Je
suppose que je ne peux m’attendre à ce qu’ils comprennent tout à fait le
comportement humain.
Mike fit un repas somptueux.
Encore une fois, il se régala de la délicieuse nourriture en s’émerveillant
devant les ustensiles de bois sculpté. Il trouvait étrange de ne pas nettoyer
après son repas mais la tâche lui répugnait toujours autant. Il savait que même
s’il ne pouvait les voir, d’autres entités étaient affectées à ces travaux.
Quelle étrange combinaison, se dit-il, que ce jeu angélique où des entités
s’astreignent à nourrir les humains aux vibrations inférieures.
Mike s’interrogeait sur les
systèmes d’égout lorsqu’une réalité le frappa soudain. Il n’avait pas utilisé
de toilettes depuis des jours ! Il n’y avait pas de toilettes. Il se rendit
compte qu’il n’avait aucun besoin du genre depuis qu’il avait franchi les
portes d’entrée du chemin. Il pouvait concevoir l’élimination de…
l’élimination, mais c’était tout de même une idée étrange.
Le lendemain matin, Mike se
senti frais et dispos. Il déjeuna en solitaire, de fruits et de pain et savoura
chaque miette de ce succulent repas. Il constata que cette nourriture Angélique
était quelque peu différente de la précédente et se promis d’en parler à L’Ange
Orange.
- C’est une nourriture de notre espace
temporel, dit l’entité par la porte entrebâillée. Bien sûr, il avait saisi les
pensées de Mike et poursuivit : « Elle ne peut exister dans une vibration
plus faible et contient des attributs spirituels interdimensionnels. Voilà pourquoi
elle ne produit aucun déchet humain et ne se conserve pas. Elle n’a ni futur ni
passé. Elle a été créée quelques instants avant que tu la dégustes et ne
résistera pas à l’extérieur de la maison ».
- oui, je m’en suis rendu compte, dit
Mike, se rappelant le dégât sur la route qui avait failli lui occasionner de
sérieux problèmes.
L’Ange conduisit Mike vers une
grande pièce circulaire bien éclairée. Plusieurs caisses avaient été ouvertes,
et quelques bancs orange attendaient les visiteurs. Mike vit aussi ce qui lui
semble être un autel, de l’encens et quelques colis d’apparence étrange.
- Bienvenue à la Maison des présents et
des outils, Michaël Thomas de l’Intention pure, lui dit l’ange en le regardant
droit dans les yeux. Assieds-toi, car tu vas passer quelque temps ici.
Ce fut là le commencement d’une
longue suite de séances d’enseignement qui seraient suivies d’une période
encore plus longue de séances pratiques d’utilisation des présents et des
outils d’un mode vibratoire nouveau. Lorsqu’il aura terminé, Mike aura passé
plus de trois semaines dans la maison orange.
- Tu élèves lentement ta vibration,
Michaël Thomas, lui répétait régulièrement Orange durant la formation. Nous
t’offrons les présents nécessaires à l’accomplissement de cette transformation.
Ils sont à toi, selon ton intention. Tu ne pourrais pénétrer fans la prochaine
maison sans connaître le fonctionnement de chacun et tu ne pourras absolument
pas entrer chez toi sans être devenu habile à les manier.
Mike écoutait attentivement. Il
savait qu’il se préparait au retour et se rappelait qu’on l’avait prévenu de la
nécessité de cette formation. L’Ange Orange déballait les présents sous le
regard attentif de Mike. Certains semblaient taillés dans un cristal pur et,
dans un mouvement d’intention et un geste cérémonial, ils étaient comme par
magie incorporés au corps de Mike, s’ajoutant à son pouvoir spirituel. Orange
lui expliquait entièrement chacun et lui accordait le temps de bien assimiler
‘l’enseignement. Il lui demanda ensuite de réexpliquer l’usage de chaque
présent reçu, ce qui n’était pas facile pour Michaël puisqu’il devait parler de
concepts et avoir recours à des termes inconnus de lui jusqu’à présent.
L’Ange Orange expliqua comment
les humains arrivaient sur cette planète avec certains attributs acquis dans
dives champs d’existence, dans des vies antérieures. Mike avait déjà entendu
cette notion, mais il n’avait jamais prévu l’entendre de la bouche même d’un
ange. Il avait peut-être pensé qu’un jour, un gourou des Indes aux cheveux
longs lui en aurait fait part, mais un ange ?
Les vies passées constituaient
des étapes de l’humanité, lui dit Orange, et les directives d’une vie
antérieure se transmettaient à la suivant sous forme de leçons à la naissance.
C’est ce qu’on appelle le karma ou, selon certains, le souvenir ou
l’expérience. Le karma favorise l’apprentissage humain et, dans une certaine
mesure, aide la planète. C’est ainsi que se passaient les choses chez les
humains d’une vie à l’autre. Orange expliqua à Mike que s’il désirait passer à
un autre niveau vibratoire, il devait se défaire de certains attributs du
passé, dont les leçons karmiques transmises à sa naissance. Le chemin qui
menait chez lui ne les endurait pas, pas plus qu’il ne supportait la nourriture
qu’il avait essayé de conserver.
Mike se vit tout à coup sous la
forme d’une masse de chair pourrie sur la route, comme quelqu’un qui n’avait
pas écouté l’enseignement de son maître. Il redoublé d’attention pour ne pas se
retrouver dans une situation semblable.
L’Ange Orange perçut les
pensées de Mike et en rit ouvertement, dans un merveilleux élan d’allégresse.
Mike fut étonné de se sentir si près d’Orange. Quel maître magnifique ! Il
était un compagnon merveilleux, même s’il ne savait dire ni bonjour ni au
revoir ! Mike apprit à formuler des pensées créatrices d’énergie.
- C’est ainsi que tu assures la maîtrise
de ta réalité, lui dit Orange. Utilise ta pensée spirituelle permanente et ta
connaissance pour te projeter dans des situations que tu mérites et que tu as
planifiées. Mike n’arrivait absolument pas à saisir la signification de tout
ceci mais il suivit les instructions et réussit tous les tests.
Il reçut le pouvoir spirituel
de la cocréation et le don d’éliminer le karma de ses incarnations passées.
Chaque don s’accompagnait d’une cérémonie et d’une verbalisation, et chacun
passait d’un plan physique e u plan spirituel au moment où il était absorbé par
son corps sous la direction habile et minutieuse du Grand Ange Orange. Mike
avait l’impression de poursuivre des études menant à une forme de prêtrise.
Chaque fois qu’il répétait un
enseignement de l’Ange Orange, celui-ci regardait en direction de son cœur !
Orange devenait très intense, et à trois reprises pendant que Mike énonçait des
promesses et exprimait l’intention qu’un don particulier se répande en son
centre spirituel, il eut l’impression qu’Orange lisait dans son âme. D’abord,
il se sentit mal à l’aise, puis il se rendit compte que l’entité vérifiait
l’intégrité des paroles qu’il prononçait. Si Mike avait feint d’être sincère,
Orange l’aurait immédiatement perçu et n’aurait pas permis que l’enseignement
se poursuive.
Après deux semaines, tous les
colis avaient été ouverts, expliqués et intégrés au soi spirituel de Mike, qui
avait réussi toutes les épreuves. En fait, il avait trouvé une épreuve
particulièrement difficile. Mike avait peur des espaces confinés. Il ne savait
pas pourquoi mais, très jeunes, il avait constaté que la panique s’emparait de
lui s’il se trouvait dans un espace réduit. Un des présents d’Orange lui permit
de surmonter cette phobie. Mike avait alors exprimé une intention et effectué
la cérémonie appropriée. Orange lui expliqua que son sentiment de peur dans un
espace confiné était un résidu karmique et que le fait d’en débarrasser
éliminait plusieurs autres expériences de vies antérieures qui accompagnaient
Mike dans sa vie actuelle.
Quelques jours plus tard, une
immense caisse fut ouverte durant la séance de formation. Plutôt que d’en
sortir quelque chose, l’ange demandé à Mike de grimper dans la caisse ! Il en
referma ensuite le couvercle, et Mike se retrouva dans la noirceur,
recroquevillé à l’intérieur. Il entendit le bruit de chacun des clous qu’Orange
enfonçait dans la caisse pour bien la refermer. Puis, plus rien que le silence
et une noirceur totale.
Il entendait distinctement son
souffle dans cet espace réduit, et sa position exiguë était loin d’être
confortable. Il entendait même les battements de son cœur. Orange ne lui donna
aucune explication ; ce n’était pas nécessaire. En réalité, Mike ne pouvait
feindre cette autre épreuve.
Pendant environ dix secondes,
les battements cardiaques de Mike s’accélérèrent au souvenir de sa peur. Et
puis, au moment où son corps entier aurait dû se mettre à trembler de panique,
la sensation de claustrophobie s’atténua entièrement et il se détendit. Dans un
élan de joie, Mike constata que le don fonctionnait et que son corps avait
d’abord réagi comme autrefois, mais que son esprit avait mis fin à ce
mouvement. La paix s’était installée ; Mike fredonna une chanson avant de
s’assoupir. Ravi, Orange ouvrit la caisse et fit ressortir Mike une heure plus
tard.
- Tu es remarquable, Michaël Thomas de
l’Intention pure, lui dit l’imposante entité angélique au large sourire. Mike
pouvait lire la fierté dans les yeux d’Orange. « Certains d’entre vous ne
se rendent pas si loin ».
Pour la première fois, Mike
réalisa vraiment qu’il n’était pas le seul qui avait demandé à entreprendre le
chemin du retour. Le fait avait été mentionné à quelques reprises mais il n’en
avait pas saisi tout l’importance. Il y pensa souvent, le soir. Pendant ce
temps, Orange poursuivait l’ouverture des présents et commençait à distribuer
les plus imposants. C’est durant la troisième semaine de formation qu’il sortit
la grosse caisse.
- il y a trois outils dont tu auras
besoin pour ton voyage, dit L’Ange Orange en insistant bien sur chaque mot. Il
se dirigea vers la caisse et l’ouvrit. Chaque fois que l’ange ouvrait une
caisse, Mike s’assoyait sur le banc qu’on lui avait fourni et, rempli d’impatience,
se demandait quel objet magique allait contribuer à augmenter sa conscience
spirituelle, sa connaissance ou son pouvoir. Il n’avait absolument pas prévu la
surpris qu’Orange lui réservait cette fois.
L’Ange Orange tournait le dos à
Mike, de sorte que ce dernier ne pouvait voir ce qu’il s’affairait à retirer de
la caisse. Au moment où il se retourna afin de lui présenter le premier outil,
Mike vit le reflet d’un métal argenté. NON ! Ce n’était pas possible : Orange
tenait à la main une épée immense !
- reçois l’épée de la vérité, déclara l’Ange
Orange en présentant l’arme à Michaël Thomas. L’épée semblait immense dans la
main de l’ange mais elle était gigantesque dans celle de Mike. De fait, elle
était extrêmement lourde et encombrante. Mike n’en croyait pas ses yeux !
- c’est une véritable épée !
- Aussi réelle que les autres présents,
à l’exception que tu devras la porter sur toi en chemin vers les quatre
prochaines maisons.
Mike tenait l’épée dans ses
mains et en admirait la beauté. Eh oui ! elle portait son nom, crut-il
remarquer. Elle était gravée de dessins aux significations spirituelles. Sa
poignée était grande et, pour la tenir, il fallait agripper une pierre d’un
bleu cobalt éclatant. D’une beauté incomparable, l’épée arborait deux
tranchants bien aiguisés.
- Essaie de bouger, dit l’ange en
reculant.
Michaël obéit et l’épée,
transperça l’air ici et là pratiquement d’elle-même. Son pouvoir imprévisible
fit tomber Michaël par terre ! Il se sentit stupide et gauche en se relevant
avec l’intention de recommencer. Orange leva la main pour mettre fin à ce
manège.
- Attend un peu, quelque chose pourrait
peut-être l’aider. Il retourna à la caisse pour en ressortir autre chose, un autre
objet aux reflets argentés. C’était un immense bouclier ! Mike secoua la tête,
incrédule. Qu’est-ce que ça signifiait ? C’était plutôt étrange. Des armes en
guise de présents spirituels ! Me prépare-t-on à jouer le rôle du roi Arthur
dans une vie antérieure.
- Les apparences sont parfois
trompeuses, Michaël Thomas e l’Intention pure. Orange se tenait devant lui, le
bouclier à la main et répondant à ses pensées confuses. « Essaie
ceci ».
Orange enseigna à Mike à fixer
le bouclier à son bras et lui donna quelques trucs quant à l’équilibre de
l’épée et du bouclier de façon qu’il parvienne à bouger l’épée sans tomber à la
renverse. Une excellente leçon !
- Michaël, le bouclier représente la
connaissance de l‘esprit. Associé à la vérité, l’équilibre est tout-puissant.
La noirceur se dissipe par la connaissance. Aucun secret ne survit à la
lumière, et la lumière jaillit lorsque la vérité est révélée par l’examen de la
connaissance. Il n’existe pas de combinaison plus importante. Toutes doivent
être utilisées conjointement.
- Quoi d’autre dans cette caisse,
demanda Mike en plaisant tout en trébuchant sous le poids de l’épée et du
bouclier.
- C’est amusant que tu le demandes, dit
l’ange en se dirigeant vers la caisse sous le regard incrédule de Mike. L’ange
se pencha pour en ressortir un objet encore plus grand que les autres et aux
mêmes reflets d’argent.
- Reçois l’armure, s’exclama-t-il d’un
ton espiègle. Il était sur le point d’éclater de rire devant le regard médusé
de Mike.
- Je n’y comprends rien, dit Mike en
s’assoyant sur le banc. Comment vais-je pouvoir transporter tout ça ?
- Il te faudra apprendre. Laisse-moi te
montrer.
Orange prit l’épée et le
bouclier. Il aida Mike à revêtir la lourde armure chargée d’ornements. C’était
comme une veste qui recouvrait son torse. Elle lui allait comme un gant ! Il
ajusta les agrafes, et L’Ange Orange revêtit Michaël d’un fourreau servant à
engainer l’épée de la vérité. Ensuite, il lui enseigna comment attacher le
bouclier sur son dos pour voyager. Lorsque tout fut prêt, l’ange recula.
- Michaël Thomas de l’Intention pure, tu
es maintenant en possession de la triade d’outils qui te permettra de passer à
une autre vibration. Tu as l’épée de la vérité, le bouclier de la connaissance
et l’armure de l’esprit. L’armure porte le nom de « manteau de
Dieu ». Elle symbolise la sagesse nécessaire à l’utilisation juste des
deux autres outils. Demain, tu commenceras ta formation à titre de Guerrier de la
Lumière. La triade t’accord un grand pouvoir. N’utilise jamais ces outils
séparément.
Orange dégagea Mike de ses
armes pour le conduire à sa chambre, là où il pourrait se rafraîchir, manger et
se reposer. Mike demeura un long moment allongé sur son lit, réfléchissant aux
contradictions flagrantes qu’il percevrait sur cette terre unique. Il
s’endormit, la tête pleine d’idées opposées.
Le lendemain matin, Mike se
retrouva de nouveau dans la salle de formation. C’est seulement au cours des
jours suivants qu’Orange entreprit de lui apprendre le maniement habile des
armes qu’il lui avait remises. Il fallait d’abord lui enseigner l’équilibre.
L’ange lui fit monter et
descendre les escaliers en courant, vêtu de son armure et encombré de son épée
et de son bouclier. Il lui apprit à tomber à se relever rapidement, se servant
du bouclier comme contrepoids. Malgré tous ces exercices, Mike remarqua que les
outils ne se salissaient et ne s’ébréchaient jamais. Paré de ses armes et de
son armure, il courut, marcha, tournoya, mais ne combattit jamais. Il acquérait
lentement le sens de l’équilibre. Avec le temps, un phénomène étrange se
produisit. Un soir, alors qu’il enlevait son armure, Michaël ne ressentit pas
l’impression de s’être libéré d’une lourde charge. Il se senti petit, sans
défense et beaucoup trop léger !
Plusieurs jours s’écoulèrent
avant qu’Orange n’entreprenne la formation au combat avec l’épée de la vérité.
Mike s’attendait à ce que l’entité se transforme en véritable samouraï dans le
but de lui enseigner à combattre. Mais la formation fut tout à fait
différente.
- Tu as maintenant prêt à apprendre à
utiliser ton épée. Michaël Thomas. Sors-là de son étui.
D’un mouvement qui aurait animé
la fierté de tout chevalier, Mike dégaina facilement sa longue épée gigantesque
devant le regard approbateur de l’Ange.
- Maintenant, lève-la vers Dieu. Michaël
obéit. « Avant d’exprimer ta vérité, Michaël Thomas, ressens ton
épée ».
Mike n’avait pas la moindre
idée du sens des paroles de l’ange. Ressentir l’épée ? Il la tenait entre ses
mains ; comment pouvait-il ne pas la ressentir ?
- Michaël Thomas de l’Intention pure,
tiens ton épée bien haut et exprime ta vérité. Est-ce que tu aimes Dieu ?
Michaël commençait à saisir le
sens de ces mots. La même question, encore une fois. Seulement, cette fois, il
tenait une lourde arme spirituelle pointée vers les cieux, et on attendait
presque un discours de sa part. Michaël répéta sa réponse habituelle.
- Oui Orange, comme tu peux le lire dans
mon cœur – Mike ne pouvait croire ce qui se produisait. L’épée commençait à
vibrer.
Elle chantait presque en même
temps qu’elle répandait une chaleur intense le long de son bras et dans sa
poitrine. Le bouclier murmurait doucement en guise de réponse, Mike en était
sûr. Et la chaleur de l’armure augmentait ! Les outils qu’il avait appris à
transporter avec aise s’animaient soudain par son intention. Il se sentait
envahi d’un sentiment de puissance dégagé par les éléments qu’il portait et
maniait. Il se rappela qu’il devait parler : « J’aime Dieu, très
certainement ».
Mike tenait l’épée au bout de
son bras et sentait sa vibration accompagner la sincérité de son intention. Il
s’anima de puissance. Il se sentait illuminé et capable de rester immobile une
autre heure encore, tenant la lourde épée frémissante à bout de bras, énonçant
son intention de rentrer chez lui. Il sentait les trois éléments vibrer sur un
fa faisant écho à son cœur. Des larmes coulèrent sur son visage lorsqu’il
comprit le sens de la cérémonie qui se déroulait. Les éléments acceptaient sa
biologie. Ils s’intégraient à son esprit, et son intention sincère catalysait
la cérémonie ! Voilà qui expliquait la présence de l’épée, du bouclier et de
l’amure. Ils étaient des symboles. Quoi d’autres ? Cette explication
satisfaisait Michaël Thomas, et il se sentait transplanté à un autre niveau
d’engagement et de conscience.
L’Ange Orange et Michaël Thomas
se communiquèrent des sentiments d’Amour ce jour-là. Mike savait que le moment
du départ approchait. Orange ne lui avait jamais appris à combattre et Mike sut
que c’était parce que les armes servaient seulement de symboles. Mike
interrogea Orange sur le retour et sur le chemin à suivre. Il ne cessait de
manifester son étonnement devant la présence d’armes terrestres sur cette terre
sacrée et spirituelle. Orange évitait adroitement toutes les questions, sauf
celles dont Mike pouvait obtenir la réponse, et encore là, il demeurait
vague.
- Orange, tu aurais fait un politicien
habile sur la terre, plaisanta Mike.
- Qu’ai-je fait pour mériter une telle
insulte, plaisanta Orange à son tour.
- Je me sens vraiment lié à toit. Mike
était ému. Il ne voulait pas quitter ce grand maître angélique.
- N’en dis pas plus, Michaël Thomas de
l’Intention pure. Je vais te communiquer un secret du royaume des anges. Il se
pencha pour mieux le regarder dans les yeux et poursuivit : « Toi et moi
appartenons à la même famille. Nous ne disons pas au revoir parce que nous ne
nous quittons jamais. Je suis toujours avec toi et à ta disposition. Tu verras.
Maintenant, il est temps de te retirer ».
Mika était étonné de la nature
directe de ce message d’orange. La même famille ? Comment est-ce possible ?
Puis Mike se sentit ridicule, se rappelant qu’à son arrivée, Orange avait sans
doute entendu sa plainte à l’effet que les anges ne saluaient jamais. Quelle
réponse ! Toute une révélation en effet ! Ils ne me quittent jamais ?
Pour la première fois depuis
son arrivée dans la maison orange, Mike se rappela son hésitation lorsqu’il
s’étai trouvé à l’embranchement de la route et le fait que l’Ange Bleu lui
avait en quelque sorte suggéré d’utiliser sa carte. Il avait véritablement
entendu la voix de l’Ange dans sa tête.
- Tu connais Ange Bleu ? se risqua-t-il
à demander à Ange Orange.
- Aussi bien que moi-même, répondit
celui-ci.
Sans répondre, Mike se retira
dans la pièce qu’il avait appris à apprécier, là où il mangeait et dormait.
Bien qu’il n’ait pas été question de son départ, il entreprit d’emballer ses effets dans
ses sacs qu’il avait presque oubliés, se préparant à quitter au matin. Il jeta
d’un coup d’œil sur ses photos et ses livres, soupirant devant ces précieuses
possessions et au souvenir de ses expériences terrestres. Jusqu’à un certain
point, les photos et les livres semblaient de trop.
C’est un Michaël Thomas songeur
qui se présenta à la porte, près au départ, après le petit déjeuner du
lendemain. Orange l’avait silencieusement accompagné dans cette direction. Cette
fois, Michaël était plus lourdement charge ; le sac contenant la carte, les
nouveaux outils résonnant au rythme de ses mouvements et les deux sacs de
livres et de photos.
- Michaël, es-tu certain de vouloir
prendre tous ces bagages avec toi. Il serait mieux que tu ne les aies pas, lui
dit Orange.
- Ils représentent toutes mes
possessions terrestres, répondit Mike. J’en ai besoin.
- Pourquoi ?
Mika réfléchit à la question,
mais sans pouvoir se résoudre à abandonner ces objets.
- En souvenir et en l’honneur de ma vie
antérieure, dit-il.
- Pour te relier aux anciennes façons de
faire, Michaël ?
Mike était irrité par toutes
ces questions. L’Ange poursuivit.
- Pourquoi ne me laisses-tu pas tes sacs
? Je t’aime et je vais te les conserver précieusement au cas où tu reviendrais
par ici.
- Non ! Mike ne voulait plus en entendre
parler; c’était à lui, et il les garderait le plus longtemps possible ; il
avait besoin d’objets de son ancienne vie pour lui rappeler comment il était
alors.
L’ange acquiesça. Mike arrivait
toujours à ses fins. Il savait que tous les anges avaient respecté ses choix et
n’avaient jamais contesté ses décisions.
Ce matin-là, Michaël Thomas ne
dit pas au revoir à L’Ange Orange. Debout sur le palier devant l’ange avec qui
il venait de passer plusieurs semaines, il se rappela l’explication d’Orange à
propos des adieux.
- A bientôt, dit-il donc, n’y croyant
pas vraiment.
Orange rentra en refermant la
porte derrière lui. Je me demande comment ils font ça. Les seuls
« adieux » consistent à fermer les portes ! se dit Mike.
Mike s’aventura sur le sentier,
dans une nouvelle direction. Il parvenait difficilement à garder son équilibre,
surchargé par tout ce qu’il portait. L’ajout de l’épée, du bouclier et d e
l’armure aux livres et aux photos qu’il transportait déjà l’alourdissait à un
point presque insupportable. Il regrettait d’avoir à trimbaler ces lourds
symboles du Nouvel Age. Quel marché stupide : se dit-il, agacé. Je dois avoir
l’air ridicule. Ces armes sont-elles vraiment nécessaire ? Je ne les utiliserai
jamais en combat. Je ne saurais même pas m’y prendre. Orange ne me l’a jamais
appris. Ils ne servent que d’apparat et d’objets de cérémonie. Cela n’aurait-il
pas suffi d’en connaître l’existence ?
Tout préoccupé qu’il était à
maintenir son équilibre entre ses bagages nouveaux et anciens, il avait oublié
les difficultés éprouvées sur le sentier menant à la maison orange. Il ne se
rappelait plus que quelque chose l’attendait. Pendant qu’il cheminait
bruyamment, traînant ses sacs et équilibrant ses armes, une forme sinistre d’un
vert foncé l’épiait entre les arbres. La chose examinait Mike avec un nouvel
intérêt. Ce n’était plus l’ancien Mike. Il était devenu un être plein de
pouvoirs et armé ! Ce ne serait pas facile. Il faudrait songer à une nouvelle
stratégie, à une tactique qui confondrait Michaël Thomas à une puissance et à
une rigueur encore plus forte. Le temps ferait la différence, mais d’ici là, la
masse sombre le suivrait à distance, attendant l’occasion de frapper. Elle
entreprit sa filature, de façon à ne pas être vue, suivant Michaël Thomas dans
son périple. Elle avait confiance que cet être humain ne se rendrait jamais
chez lui.
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