lundi 25 juillet 2016

Discussion entre M. THOMAS et L’ANGE ORANGE - N.D.E



Il ne fallu pas longtemps avant que Mike se rende compte de la transformation du paysage qui s’étalait devant lui. Il avait avancé sans effort depuis le début et n’avait jamais songé qu’il aurait à faire face à un choix quelconque. De plus, il avait la désagréable impression d’être épié. 

Droit devant lui, la route laissait voir un embranchement. Mike devait choisir le chemin qui le mènerait à la prochaine maison. Il haussa les épaules et s’arrêta, perplexe. 

Qu’est-ce qui se passe ? se dit-il. Comment suis-je censé trouver ma route en ce pays de maisons et d’anges de couleur ? Il n’attendait pas de réponse, la question s’adressant à son esprit, mais il restait troublé. C’est alors qu’il se souvint de la carte. Il s’assit en bordure de la route. Il avait placé la carte dans le sac contenant le pain et se préparait à la sortir lorsqu’il fut presque asphyxié par l’odeur qui se dégageait du sac. Qu’est-ce qui est mort là-dedans ? dit-il à haute voix. 

La puanteur infecte le faisait hésiter à essayer d’en trouver la cause. C’était hors de tout doute une odeur organique ; aussi, pensa-t-il que le pain en était responsable. Il avait raison. 

Mike retira doucement la carte de son sac. La traitant précieusement est espérant que l’odeur n’avait pas atteint cet objet sacré bien apparemment inutile. Elle était encore d’une seule pièce, mais on ne pouvait en dire autant du pain. Il vida le contenu de son sac par terre et grimaça à sa vue. Sur le sol, gisaient les restes pourris du baguel et des baguettes qui avaient l’air d’avoir passé un mois sous la pluie d’une forêt tropicale. Il n’en restait qu’une matière putride noire tachetée de moisissures, envahie d’un type d’insecte de cette terre étrange que Mike voyait pour la première fois et il y en avait des milliers ! Une véritable cité de larves grouillantes. Mike laissa tomber son sac avec dégoût et se leva d’un bond. De la vraie charogne ! 

Comment est-ce possible ? D’autant plus que j’ai quitté la maison il y a à peine quelques heures. Même une viande n’aurait pas pourri si rapidement. Qu’est-ce qui se passe 

Se pinçant le nez, Mike se pencha pour y voir de plus près. La masse noire qui gisait sur le sol continuait à se détériorer devant ses yeux. Il vit les petites créatures grouillantes fourmiller en dévorant le reste de la répugnante matière en décomposition et se dévorer ensuite entre elles. Dégoûté par ce qu’il voyait, Mike détourna la tête de cette vision d’horreur lorsque quelque chose capta son attention derrière lui. 

Il y a bien quelque chose là ! Il était certain d’avoir vu une forme verte et floue se dérober de son regard et se cacher dans les buissons. Il sentit des frissons lui parcourir l’échine et sut instinctivement qu’il était dangereux de rebrousser chemin pour aller voir de quoi il s’agissait. Il demeura donc sur place. Une fourche devant lui ? Un animal ou une créature quelconque derrière ? Qu’est-ce qui se passe dans cette place sacrée ? Qu’est-il arrivé au pain ? 

Mike voulut jeter un dernier coup d’œil sur la masse nauséabonde qu’il avait jetée sur le sol et constata avec stupeur qu’il ne restait plus qu’un tas de poussière. Pas de vermine, pas de pain, aucune odeur. La matière avait repris sa forme initiale et avait même commencé à se disperser sous la brise. 


Que signifiait tout cela ? Mike se rappela les consignes de l’ange à l’effet qu’il ne devait pas prendre de nourriture avec lui. Mais il n’avait pas cru que l’interdiction englobait une petite collation ! Les aliments si appétissants à l’intérieur des maisons ne résistaient peut-être pas au sentier ! Il regarda sa carte, inquiet, et la souleva soigneusement, craignant encore d’y trouver quelque vermine. Elle était sans tache, telle qu’il l’avait placée dans son sac. Il n’y comprenait rien. Elle était tout à côté du pain, mais n’avait pas été touchée. Afin de vérifier autre chose, il prit son sac et s’en approcha avec précaution pour le sentir. Aucune trace ne restait de l’effroyable odeur qui lui avait transpercé les narines quelques instants plus tôt. Il ne savait pas vraiment ce qui s’était passé, mais il en tirait une excellente leçon : jamais plus il ne prendrait de nourriture des maisons qui longeaient le sentier. 

Il y eut un autre mouvement derrière lui ! Il lui semblait que son cerveau lui envoyait des signaux d’alarme. Avance ! Il se sentit désespéré. Il eut l’idée de dérouler sa carte, espérant y trouver des indices sur la route à prendre. Mais il n’y lu que VOUS ETES ICI, le point rouge et rien d‘autre. La fourche ne figurait pas sur la carte. Quel objet inutile ! 

-       sapristi ! s’écria-t-il. 

C’était quelque peu déplacé, mais il avait besoin d’exprimer sa frustration.

-       Toute une carte, vraiment, Ange Bleu !  

Encore une fois, il sentit un mouvement derrière. Cela se rapprochait-il ? Pourquoi ne pouvait-il rien voir ? C’était donc si rapide ? Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Son cerveau alarmé criait panique. Il se leva rapidement et poursuivit sa route, se retournant pour jeter un coup d’œil par-dessus son épaule à tous les deux pas. La forme floue ne se laissait pas voir lorsqu’il regardait derrière lui. Comment savait-elle que Mike allait vers l’avant ? Après chaque regard vers l’arrière, Mike pressait le pas, et la forme en faisait autant. Il franchit la courte distance qui le séparait de la fourche en un temps record. Il avait peur. 

Une fois devant l’embranchement, Michaël haletait de fatigue et de peur. Il n’avait pas la moindre idée de la direction à suivre et son indécision l’angoissait. Immobile, envahi par la panique, il clama vers le ciel, désespéré : 

-       Ange Bleu, quelle direction ? 

Mike ne s’attendait pas vraiment à recevoir une réponse de l’ange de sorte que la voix douce qu’i entendit et qui semblait surgir de sa tête lui causa un choc. 

-       Sers-toi de la carte, Michaël, vite. 

Mike n’était pas d’humeur à s’interroger sur le caractère étrange de l’ordre ni sur son illogisme puisqu’il avait consulté la carte quelques instants plus tôt. D’un geste devenu familier, il la déroula rapidement. Le point rouge et la mention VOUS ETES ICI se trouvaient toujours à la même place, au centre de la carte. Mais qu’est-ce donc ça ? Mike regarda de plus près, la sueur perlait sur son front. 

Le point indiquait maintenant la fourche, à l’intersection où il se tenait ! La carte était donc à jour ! L’esprit de Mike ne se rappela pas l’humour de l’ange à cet égard. Il examina la carte de plus près. Une flèche y indiquait clairement de bifurquer vers la droite ! 

Sans hésiter et tout en enroulant sa carte, il prit cette route et grimpa une petite colline. Il continuait de regarder derrière lui de temps à autre, sentant et sachant qu’on le suivait. La forme verte se glissait entre les roches et les buissons et maintenait le rythme accéléré de Mike. En atteignant le haut de la colline, Mike soupira d’aise : devant lui se dressait une autre maison ! Il voyait un répit droit devant. Jetant tout de même quelques coups d’œil derrière lui, il pressa le pas puis s’élança en courant sur le sentier menant au refuge où il trouverait nourriture et sécurité. 

L’entité sombre et vile qui suivait Mike était furieuse ! Si seulement ce dernier avait hésité plus longuement, elle l’aurait rattrapé. Elle fulminait devant l’occasion ratée et grimpa à un arbre devant la maison de couleur orange dont Michaël Thomas venait de franchir le seuil. La forme répugnante se préparait à une longue attente, mais elle était prête à tout. 
  
De l’autre côté de la porte de la maison orange se trouvait un ange, comme prévu. Les premières paroles d’Orange, comme Mike décida de le nommer, eurent sur lui un effet renversant. 

-       Salut à toi, Michaël Thomas de l’Intention pure ! Nous t’attendions. 

-       Salut à toi ! Michaël essayait de cacher son soulagement et sa difficulté à reprendre son souffle.

Sa voie avait tressailli. Il dut se retenir pour ne pas serrer dans ses bras l’imposante entité orange qui l’accueillait. Il était tellement heureux de se sentir de nouveau protégé. 

-      Par ici, lui dit son hôte Orange, en se retournant pour le guider dans la MAISON DES PRESENTS ET DES OUTILS.

Mike s’assura que la porte était bien fermée derrière lui et suivit l’ange, encore tremblant et à bout de souffle à la suite de ce qui venait de se passer. Il demeurait effrayé et des tas de questions lui venaient à l’esprit à propos de cette terre de contrastes surprenants. 

Comme les autres, cet ange était magnifique. Mike fut encore une fois impressionné par la haute stature de l’entité et par la bonté qu’elle dégageait. Il se sentit accueilli et aimé comme en présence des autres anges qu’il avait rencontrés. Je suppose qu’ils sont tous faits de la même manière, se prit-il à imaginer. 

-       En fait, nous faisons tous partie de la même famille, lui dit l’ange. 

Mike éprouve de la honte à l’idée d’avoir déjà oublié le mécanisme de communication chez ces créatures. 

-       Je m’excuse, réussit-il à balbutier. Orange s’arrêta et se retourna. Il pencha la tête sur le côté, amusé. Mike affronta son regard.

-       Tu t’excuses de m’avoir complimenté sur ma magnificence ! De te sentir aimé ? De te demander qui tu es ?

-      L’Ange sourit. Nous recevons beaucoup d’invités, Michaël Thomas. De tous ceux qui ont visité la deuxième maison, tu es celui qui a posé le moins de questions. 

-       La journée commence à peine, répondit Mike en soupirant. Il voulait interroger l’ange à propos de la peur et de la panique qu’il avait connues quelques instants plus tôt. Qu’est-ce qui le suivait ? L’Ange savait qu’il poserait cette question. 

-       Je ne peux te dire ce que tu veux savoir, Michaël, lui dit l’ange. 

-       Ne peux ou ne veux ? demande Mike respectueusement. Il savait qu’il jouait avec les mots et poursuivit : « Je sais que tu le sais ». Après une brève hésitation, Mike décida de poser ses questions à un rythme plus rapide. 

-       Pourquoi ne peux-tu pas me le dire ? 

-       Tu en sais plus long que moi là-dessus. 

-       Comment est-ce possible ? 

-       Les apparences sont parfois trompeuses, ici. 

-       Est-ce que ce sera encore là quand je repartirai ? 

-       Oui. 

-       Cela fait-il partie de ce monde ? ça me semble déplacé dans ce décor spirituel. 

-       Cette chose a le même droit d’être ici que toi. 

-       Cela peut-il me causer du tort ? 

-       Oui. 

-       Puis-je me défendre ? 

-       Oui. 

-       M’aideras-tu ? 

-       C’est la raison pour laquelle je suis ici. L’Ange Orange ne broncha pas, et Mike cessa subitement son interrogatoire. 

Par les réponses qu’il fournissait, Mike comprit que l’ange savait tout. Il se défendit un peu. S’il sait tout, j’ai la possibilité d’en savoir aussi plus long. Je n’ai qu’à me montrer patient. Je suis certain que j’en apprendrai éventuellement davantage. Ça semble être la façon dont les choses se déroulent ici. Mike se rappela tout à coup combien il avait jugé la carte inutile une heure plus tôt et comment elle l’avait subitement sauvé au moment opportun. 

-       Dieu est toujours à jour, tu sais, dit l’ange en retenant son rire. Encore une fois, il suivait les pensées de Michaël Thomas. L’entité orange se retourna et guide Mike plus avant dans la maison. 

-       Je commence à m’habituer, dit Mike en marchant. On reçoit ce dont on a besoin au moment où on en a besoin. 

-       C’est peu près ça, répondit l’ange. La fréquence du temps humain la plus faible est linéaire, mais pas le temps angélique. Décidément, cet ange était aussi un enseignant. 

-       Mais comment percevez-vous le temps ? tout en poursuivant la conversation, Mike se retrouva dans un entrepôt. Eh oui ! Comme la première maison, celle-ci était gigantesque à l’intérieur. 

Mike demeura bouche bée devant des douzaines de rangées de caisses empilées dans une pièce dont le plafond devait s’élever à quinze mètres. 

-       Nous n’avons ni passé ni futur, répondit l’Ange. Votre notion du temps se conçoit selon une ligne droite tandis que la nôtre est comme une table tournante se déplaçant dans le sens des aiguilles d’une montre alors que le moteur ne tourne pas. Nous percevons constamment l’étendue de notre temps puisqu’il est toujours près de nous. Par conséquent, nous sommes sans cesse au présent. Notre mouvement tourne toujours autour d’un centre connu. Parce que votre temps est linéaire et que vous allez vers l’avant, vous ne faites jamais l’expérience complète du présent. Vous regardez derrière et voyez où vous étiez, et vous regardez devant et voyez où vous allez. Vous ne pouvez jamais expérimenter l’état d’être de votre existence, mais vous expérimentez une existence d’action. Telle est l’expression de votre vibration inférieure, et cela est conforme à votre dimension. 

-       Ça explique alors le fonctionnement de votre carte, dit Mike en se rappelant que le point rouge et la mention VOUS ETES ICI se trouvaient au centre et que les événements de sa nouvelle existence se mouvaient à l’intérieur et à l’extérieur d’un point. C‘est tout à fait à l’opposé d’une carte humaine, se dit-il. 

-       Tout à fait ! lui dit L’Ange Orange en continuant de le guider. Dans votre notion du temps, la carte est stable. C’est l’humain qui se déplace. Vous percevez le temps et la réalité comme une constante, et l’humain comme la variable. Lorsque vous vous approchez de notre notion du temps et de notre vibration, vous devenez la constante, et la carte, ou la réalité devient la variable. 

Mike devrait réfléchir pour bien saisir ces notions. C’était à la fois confus et familier. Son expérience à l’embranchement qui menait à la maison orange lui avait montré la valeur de sa carte spirituelle, même si ce n’était pas ce à quoi il s’attendait. Il savait que la prochaine fois qu’il se retrouverait devant une alternative semblable, il ne s’inquiéterait pas avant de se trouver vraiment confronté à son choix et que la carte viendrait à son aide. 

Tout comme L’Ange Bleu  l’avait fait, L’Ange Orange guida Mike dans un dédale de pièces toutes aussi bien décorées les unes que les autres avant de le mener à une pièce conçue pour le repos où il pourrait également se nourrir. La grandiose demeure contenait des caisses portant des noms au lieu de cavités en bois identifiées comme dans la Maison des cartes. Ici aussi les noms étaient en caractères arabes que Mike ne parvenait pas à lire, mais il devinait qu’il devait se trouver quelque part une caisse portant son nom. 

-       Voilà tes appartements, lui dit Orange. Nous commencerons demain. Tes repas seront servis dans la pièce de gauche, et tu peux te rafraîchir dans la pièce de droite. Sur ce, Orange referma la porte et se retira. 

Mike regardait la porte fermée. Tu as beau être un Ange, tes manières laissent à désirer, pensa-t-il en regrettant le manque de salutations. Je suppose que je ne peux m’attendre à ce qu’ils comprennent tout à fait le comportement humain

Mike fit un repas somptueux. Encore une fois, il se régala de la délicieuse nourriture en s’émerveillant devant les ustensiles de bois sculpté. Il trouvait étrange de ne pas nettoyer après son repas mais la tâche lui répugnait toujours autant. Il savait que même s’il ne pouvait les voir, d’autres entités étaient affectées à ces travaux. Quelle étrange combinaison, se dit-il, que ce jeu angélique où des entités s’astreignent à nourrir les humains aux vibrations inférieures. 

Mike s’interrogeait sur les systèmes d’égout lorsqu’une réalité le frappa soudain. Il n’avait pas utilisé de toilettes depuis des jours ! Il n’y avait pas de toilettes. Il se rendit compte qu’il n’avait aucun besoin du genre depuis qu’il avait franchi les portes d’entrée du chemin. Il pouvait concevoir l’élimination de… l’élimination, mais c’était tout de même une idée étrange. 

Le lendemain matin, Mike se senti frais et dispos. Il déjeuna en solitaire, de fruits et de pain et savoura chaque miette de ce succulent repas. Il constata que cette nourriture Angélique était quelque peu différente de la précédente et se promis d’en parler à L’Ange Orange. 

-       C’est une nourriture de notre espace temporel, dit l’entité par la porte entrebâillée. Bien sûr, il avait saisi les pensées de Mike et poursuivit : « Elle ne peut exister dans une vibration plus faible et contient des attributs spirituels interdimensionnels. Voilà pourquoi elle ne produit aucun déchet humain et ne se conserve pas. Elle n’a ni futur ni passé. Elle a été créée quelques instants avant que tu la dégustes et ne résistera pas à l’extérieur de la maison ». 

-       oui, je m’en suis rendu compte, dit Mike, se rappelant le dégât sur la route qui avait failli lui occasionner de sérieux problèmes. 

L’Ange conduisit Mike vers une grande pièce circulaire bien éclairée. Plusieurs caisses avaient été ouvertes, et quelques bancs orange attendaient les visiteurs. Mike vit aussi ce qui lui semble être un autel, de l’encens et quelques colis d’apparence étrange. 

-       Bienvenue à la Maison des présents et des outils, Michaël Thomas de l’Intention pure, lui dit l’ange en le regardant droit dans les yeux. Assieds-toi, car tu vas passer quelque temps ici. 

Ce fut là le commencement d’une longue suite de séances d’enseignement qui seraient suivies d’une période encore plus longue de séances pratiques d’utilisation des présents et des outils d’un mode vibratoire nouveau. Lorsqu’il aura terminé, Mike aura passé plus de trois semaines dans la maison orange. 

-       Tu élèves lentement ta vibration, Michaël Thomas, lui répétait régulièrement Orange durant la formation. Nous t’offrons les présents nécessaires à l’accomplissement de cette transformation. Ils sont à toi, selon ton intention. Tu ne pourrais pénétrer fans la prochaine maison sans connaître le fonctionnement de chacun et tu ne pourras absolument pas entrer chez toi sans être devenu habile à les manier. 

Mike écoutait attentivement. Il savait qu’il se préparait au retour et se rappelait qu’on l’avait prévenu de la nécessité de cette formation. L’Ange Orange déballait les présents sous le regard attentif de Mike. Certains semblaient taillés dans un cristal pur et, dans un mouvement d’intention et un geste cérémonial, ils étaient comme par magie incorporés au corps de Mike, s’ajoutant à son pouvoir spirituel. Orange lui expliquait entièrement chacun et lui accordait le temps de bien assimiler ‘l’enseignement. Il lui demanda ensuite de réexpliquer l’usage de chaque présent reçu, ce qui n’était pas facile pour Michaël puisqu’il devait parler de concepts et avoir recours à des termes inconnus de lui jusqu’à présent. 

L’Ange Orange expliqua comment les humains arrivaient sur cette planète avec certains attributs acquis dans dives champs d’existence, dans des vies antérieures. Mike avait déjà entendu cette notion, mais il n’avait jamais prévu l’entendre de la bouche même d’un ange. Il avait peut-être pensé qu’un jour, un gourou des Indes aux cheveux longs lui en aurait fait part, mais un ange ?

Les vies passées constituaient des étapes de l’humanité, lui dit Orange, et les directives d’une vie antérieure se transmettaient à la suivant sous forme de leçons à la naissance. C’est ce qu’on appelle le karma ou, selon certains, le souvenir ou l’expérience. Le karma favorise l’apprentissage humain et, dans une certaine mesure, aide la planète. C’est ainsi que se passaient les choses chez les humains d’une vie à l’autre. Orange expliqua à Mike que s’il désirait passer à un autre niveau vibratoire, il devait se défaire de certains attributs du passé, dont les leçons karmiques transmises à sa naissance. Le chemin qui menait chez lui ne les endurait pas, pas plus qu’il ne supportait la nourriture qu’il avait essayé de conserver. 

Mike se vit tout à coup sous la forme d’une masse de chair pourrie sur la route, comme quelqu’un qui n’avait pas écouté l’enseignement de son maître. Il redoublé d’attention pour ne pas se retrouver dans une situation semblable. 

L’Ange Orange perçut les pensées de Mike et en rit ouvertement, dans un merveilleux élan d’allégresse. Mike fut étonné de se sentir si près d’Orange. Quel maître magnifique ! Il était un compagnon merveilleux, même s’il ne savait dire ni bonjour ni au revoir ! Mike apprit à formuler des pensées créatrices d’énergie. 

-       C’est ainsi que tu assures la maîtrise de ta réalité, lui dit Orange. Utilise ta pensée spirituelle permanente et ta connaissance pour te projeter dans des situations que tu mérites et que tu as planifiées. Mike n’arrivait absolument pas à saisir la signification de tout ceci mais il suivit les instructions et réussit tous les tests. 

Il reçut le pouvoir spirituel de la cocréation et le don d’éliminer le karma de ses incarnations passées. Chaque don s’accompagnait d’une cérémonie et d’une verbalisation, et chacun passait d’un plan physique e u plan spirituel au moment où il était absorbé par son corps sous la direction habile et minutieuse du Grand Ange Orange. Mike avait l’impression de poursuivre des études menant à une forme de prêtrise.



Chaque fois qu’il répétait un enseignement de l’Ange Orange, celui-ci regardait en direction de son cœur ! Orange devenait très intense, et à trois reprises pendant que Mike énonçait des promesses et exprimait l’intention qu’un don particulier se répande en son centre spirituel, il eut l’impression qu’Orange lisait dans son âme. D’abord, il se sentit mal à l’aise, puis il se rendit compte que l’entité vérifiait l’intégrité des paroles qu’il prononçait. Si Mike avait feint d’être sincère, Orange l’aurait immédiatement perçu et n’aurait pas permis que l’enseignement se poursuive. 

Après deux semaines, tous les colis avaient été ouverts, expliqués et intégrés au soi spirituel de Mike, qui avait réussi toutes les épreuves. En fait, il avait trouvé une épreuve particulièrement difficile. Mike avait peur des espaces confinés. Il ne savait pas pourquoi mais, très jeunes, il avait constaté que la panique s’emparait de lui s’il se trouvait dans un espace réduit. Un des présents d’Orange lui permit de surmonter cette phobie. Mike avait alors exprimé une intention et effectué la cérémonie appropriée. Orange lui expliqua que son sentiment de peur dans un espace confiné était un résidu karmique et que le fait d’en débarrasser éliminait plusieurs autres expériences de vies antérieures qui accompagnaient Mike dans sa vie actuelle. 

Quelques jours plus tard, une immense caisse fut ouverte durant la séance de formation. Plutôt que d’en sortir quelque chose, l’ange demandé à Mike de grimper dans la caisse ! Il en referma ensuite le couvercle, et Mike se retrouva dans la noirceur, recroquevillé à l’intérieur. Il entendit le bruit de chacun des clous qu’Orange enfonçait dans la caisse pour bien la refermer. Puis, plus rien que le silence et une noirceur totale. 

Il entendait distinctement son souffle dans cet espace réduit, et sa position exiguë était loin d’être confortable. Il entendait même les battements de son cœur. Orange ne lui donna aucune explication ; ce n’était pas nécessaire. En réalité, Mike ne pouvait feindre cette autre épreuve. 

Pendant environ dix secondes, les battements cardiaques de Mike s’accélérèrent au souvenir de sa peur. Et puis, au moment où son corps entier aurait dû se mettre à trembler de panique, la sensation de claustrophobie s’atténua entièrement et il se détendit. Dans un élan de joie, Mike constata que le don fonctionnait et que son corps avait d’abord réagi comme autrefois, mais que son esprit avait mis fin à ce mouvement. La paix s’était installée ; Mike fredonna une chanson avant de s’assoupir. Ravi, Orange ouvrit la caisse et fit ressortir Mike une heure plus tard. 

-       Tu es remarquable, Michaël Thomas de l’Intention pure, lui dit l’imposante entité angélique au large sourire. Mike pouvait lire la fierté dans les yeux d’Orange. « Certains d’entre vous ne se rendent pas si loin ». 

Pour la première fois, Mike réalisa vraiment qu’il n’était pas le seul qui avait demandé à entreprendre le chemin du retour. Le fait avait été mentionné à quelques reprises mais il n’en avait pas saisi tout l’importance. Il y pensa souvent, le soir. Pendant ce temps, Orange poursuivait l’ouverture des présents et commençait à distribuer les plus imposants. C’est durant la troisième semaine de formation qu’il sortit la grosse caisse. 

-       il y a trois outils dont tu auras besoin pour ton voyage, dit L’Ange Orange en insistant bien sur chaque mot. Il se dirigea vers la caisse et l’ouvrit. Chaque fois que l’ange ouvrait une caisse, Mike s’assoyait sur le banc qu’on lui avait fourni et, rempli d’impatience, se demandait quel objet magique allait contribuer à augmenter sa conscience spirituelle, sa connaissance ou son pouvoir. Il n’avait absolument pas prévu la surpris qu’Orange lui réservait cette fois. 

L’Ange Orange tournait le dos à Mike, de sorte que ce dernier ne pouvait voir ce qu’il s’affairait à retirer de la caisse. Au moment où il se retourna afin de lui présenter le premier outil, Mike vit le reflet d’un métal argenté. NON ! Ce n’était pas possible : Orange tenait à la main une épée immense ! 




-       reçois l’épée de la vérité, déclara l’Ange Orange en présentant l’arme à Michaël Thomas. L’épée semblait immense dans la main de l’ange mais elle était gigantesque dans celle de Mike. De fait, elle était extrêmement lourde et encombrante. Mike n’en croyait pas ses yeux ! 

-       c’est une véritable épée ! 

-       Aussi réelle que les autres présents, à l’exception que tu devras la porter sur toi en chemin vers les quatre prochaines maisons. 

Mike tenait l’épée dans ses mains et en admirait la beauté. Eh oui ! elle portait son nom, crut-il remarquer. Elle était gravée de dessins aux significations spirituelles. Sa poignée était grande et, pour la tenir, il fallait agripper une pierre d’un bleu cobalt éclatant. D’une beauté incomparable, l’épée arborait deux tranchants bien aiguisés. 

-       Essaie de bouger, dit l’ange en reculant. 

Michaël obéit et l’épée, transperça l’air ici et là pratiquement d’elle-même. Son pouvoir imprévisible fit tomber Michaël par terre ! Il se sentit stupide et gauche en se relevant avec l’intention de recommencer. Orange leva la main pour mettre fin à ce manège. 

-       Attend un peu, quelque chose pourrait peut-être l’aider. Il retourna à la caisse pour en ressortir autre chose, un autre objet aux reflets argentés. C’était un immense bouclier ! Mike secoua la tête, incrédule. Qu’est-ce que ça signifiait ? C’était plutôt étrange. Des armes en guise de présents spirituels ! Me prépare-t-on à jouer le rôle du roi Arthur dans une vie antérieure. 

-       Les apparences sont parfois trompeuses, Michaël Thomas e l’Intention pure. Orange se tenait devant lui, le bouclier à la main et répondant à ses pensées confuses. « Essaie ceci ». 

Orange enseigna à Mike à fixer le bouclier à son bras et lui donna quelques trucs quant à l’équilibre de l’épée et du bouclier de façon qu’il parvienne à bouger l’épée sans tomber à la renverse. Une excellente leçon ! 

-       Michaël, le bouclier représente la connaissance de l‘esprit. Associé à la vérité, l’équilibre est tout-puissant. La noirceur se dissipe par la connaissance. Aucun secret ne survit à la lumière, et la lumière jaillit lorsque la vérité est révélée par l’examen de la connaissance. Il n’existe pas de combinaison plus importante. Toutes doivent être utilisées conjointement. 

-       Quoi d’autre dans cette caisse, demanda Mike en plaisant tout en trébuchant sous le poids de l’épée et du bouclier. 

-       C’est amusant que tu le demandes, dit l’ange en se dirigeant vers la caisse sous le regard incrédule de Mike. L’ange se pencha pour en ressortir un objet encore plus grand que les autres et aux mêmes reflets d’argent. 

-       Reçois l’armure, s’exclama-t-il d’un ton espiègle. Il était sur le point d’éclater de rire devant le regard médusé de Mike. 

-       Je n’y comprends rien, dit Mike en s’assoyant sur le banc. Comment vais-je pouvoir transporter tout ça ? 

-       Il te faudra apprendre. Laisse-moi te montrer. 

Orange prit l’épée et le bouclier. Il aida Mike à revêtir la lourde armure chargée d’ornements. C’était comme une veste qui recouvrait son torse. Elle lui allait comme un gant ! Il ajusta les agrafes, et L’Ange Orange revêtit Michaël d’un fourreau servant à engainer l’épée de la vérité. Ensuite, il lui enseigna comment attacher le bouclier sur son dos pour voyager. Lorsque tout fut prêt, l’ange recula.

-       Michaël Thomas de l’Intention pure, tu es maintenant en possession de la triade d’outils qui te permettra de passer à une autre vibration. Tu as l’épée de la vérité, le bouclier de la connaissance et l’armure de l’esprit. L’armure porte le nom de « manteau de Dieu ». Elle symbolise la sagesse nécessaire à l’utilisation juste des deux autres outils. Demain, tu commenceras ta formation à titre de Guerrier de la Lumière. La triade t’accord un grand pouvoir. N’utilise jamais ces outils séparément. 

Orange dégagea Mike de ses armes pour le conduire à sa chambre, là où il pourrait se rafraîchir, manger et se reposer. Mike demeura un long moment allongé sur son lit, réfléchissant aux contradictions flagrantes qu’il percevrait sur cette terre unique. Il s’endormit, la tête pleine d’idées opposées. 

Le lendemain matin, Mike se retrouva de nouveau dans la salle de formation. C’est seulement au cours des jours suivants qu’Orange entreprit de lui apprendre le maniement habile des armes qu’il lui avait remises. Il fallait d’abord lui enseigner l’équilibre.

L’ange lui fit monter et descendre les escaliers en courant, vêtu de son armure et encombré de son épée et de son bouclier. Il lui apprit à tomber à se relever rapidement, se servant du bouclier comme contrepoids. Malgré tous ces exercices, Mike remarqua que les outils ne se salissaient et ne s’ébréchaient jamais. Paré de ses armes et de son armure, il courut, marcha, tournoya, mais ne combattit jamais. Il acquérait lentement le sens de l’équilibre. Avec le temps, un phénomène étrange se produisit. Un soir, alors qu’il enlevait son armure, Michaël ne ressentit pas l’impression de s’être libéré d’une lourde charge. Il se senti petit, sans défense et beaucoup trop léger ! 

Plusieurs jours s’écoulèrent avant qu’Orange n’entreprenne la formation au combat avec l’épée de la vérité. Mike s’attendait à ce que l’entité se transforme en véritable samouraï dans le but de lui enseigner à combattre. Mais la formation fut tout à fait différente. 

-       Tu as maintenant prêt à apprendre à utiliser ton épée. Michaël Thomas. Sors-là de son étui. 

D’un mouvement qui aurait animé la fierté de tout chevalier, Mike dégaina facilement sa longue épée gigantesque devant le regard approbateur de l’Ange. 

-       Maintenant, lève-la vers Dieu. Michaël obéit. « Avant d’exprimer ta vérité, Michaël Thomas, ressens ton épée ». 

Mike n’avait pas la moindre idée du sens des paroles de l’ange. Ressentir l’épée ? Il la tenait entre ses mains ; comment pouvait-il ne pas la ressentir ? 

-       Michaël Thomas de l’Intention pure, tiens ton épée bien haut et exprime ta vérité. Est-ce que tu aimes Dieu ? 

Michaël commençait à saisir le sens de ces mots. La même question, encore une fois. Seulement, cette fois, il tenait une lourde arme spirituelle pointée vers les cieux, et on attendait presque un discours de sa part. Michaël répéta sa réponse habituelle. 

-       Oui Orange, comme tu peux le lire dans mon cœur – Mike ne pouvait croire ce qui se produisait. L’épée commençait à vibrer. 

Elle chantait presque en même temps qu’elle répandait une chaleur intense le long de son bras et dans sa poitrine. Le bouclier murmurait doucement en guise de réponse, Mike en était sûr. Et la chaleur de l’armure augmentait ! Les outils qu’il avait appris à transporter avec aise s’animaient soudain par son intention. Il se sentait envahi d’un sentiment de puissance dégagé par les éléments qu’il portait et maniait. Il se rappela qu’il devait parler : « J’aime Dieu, très certainement ». 

Mike tenait l’épée au bout de son bras et sentait sa vibration accompagner la sincérité de son intention. Il s’anima de puissance. Il se sentait illuminé et capable de rester immobile une autre heure encore, tenant la lourde épée frémissante à bout de bras, énonçant son intention de rentrer chez lui. Il sentait les trois éléments vibrer sur un fa faisant écho à son cœur. Des larmes coulèrent sur son visage lorsqu’il comprit le sens de la cérémonie qui se déroulait. Les éléments acceptaient sa biologie. Ils s’intégraient à son esprit, et son intention sincère catalysait la cérémonie ! Voilà qui expliquait la présence de l’épée, du bouclier et de l’amure. Ils étaient des symboles. Quoi d’autres ? Cette explication satisfaisait Michaël Thomas, et il se sentait transplanté à un autre niveau d’engagement et de conscience. 

L’Ange Orange et Michaël Thomas se communiquèrent des sentiments d’Amour ce jour-là. Mike savait que le moment du départ approchait. Orange ne lui avait jamais appris à combattre et Mike sut que c’était parce que les armes servaient seulement de symboles. Mike interrogea Orange sur le retour et sur le chemin à suivre. Il ne cessait de manifester son étonnement devant la présence d’armes terrestres sur cette terre sacrée et spirituelle. Orange évitait adroitement toutes les questions, sauf celles dont Mike pouvait obtenir la réponse, et encore là, il demeurait vague. 

-       Orange, tu aurais fait un politicien habile sur la terre, plaisanta Mike. 

-       Qu’ai-je fait pour mériter une telle insulte, plaisanta Orange à son tour. 

-       Je me sens vraiment lié à toit. Mike était ému. Il ne voulait pas quitter ce grand maître angélique. 

-       N’en dis pas plus, Michaël Thomas de l’Intention pure. Je vais te communiquer un secret du royaume des anges. Il se pencha pour mieux le regarder dans les yeux et poursuivit : « Toi et moi appartenons à la même famille. Nous ne disons pas au revoir parce que nous ne nous quittons jamais. Je suis toujours avec toi et à ta disposition. Tu verras. Maintenant, il est temps de te retirer ». 

Mika était étonné de la nature directe de ce message d’orange. La même famille ? Comment est-ce possible ? Puis Mike se sentit ridicule, se rappelant qu’à son arrivée, Orange avait sans doute entendu sa plainte à l’effet que les anges ne saluaient jamais. Quelle réponse ! Toute une révélation en effet ! Ils ne me quittent jamais ? 

Pour la première fois depuis son arrivée dans la maison orange, Mike se rappela son hésitation lorsqu’il s’étai trouvé à l’embranchement de la route et le fait que l’Ange Bleu lui avait en quelque sorte suggéré d’utiliser sa carte. Il avait véritablement entendu la voix de l’Ange dans sa tête. 

-       Tu connais Ange Bleu ? se risqua-t-il à demander à Ange Orange. 

-       Aussi bien que moi-même, répondit celui-ci. 

Sans répondre, Mike se retira dans la pièce qu’il avait appris à apprécier, là où il mangeait et dormait. Bien qu’il n’ait pas été question de son départ, il  entreprit d’emballer ses effets dans ses sacs qu’il avait presque oubliés, se préparant à quitter au matin. Il jeta d’un coup d’œil sur ses photos et ses livres, soupirant devant ces précieuses possessions et au souvenir de ses expériences terrestres. Jusqu’à un certain point, les photos et les livres semblaient de trop. 

C’est un Michaël Thomas songeur qui se présenta à la porte, près au départ, après le petit déjeuner du lendemain. Orange l’avait silencieusement accompagné dans cette direction. Cette fois, Michaël était plus lourdement charge ; le sac contenant la carte, les nouveaux outils résonnant au rythme de ses mouvements et les deux sacs de livres et de photos. 

-       Michaël, es-tu certain de vouloir prendre tous ces bagages avec toi. Il serait mieux que tu ne les aies pas, lui dit Orange. 

-       Ils représentent toutes mes possessions terrestres, répondit Mike. J’en ai besoin. 

-       Pourquoi ? 

Mika réfléchit à la question, mais sans pouvoir se résoudre à abandonner ces objets. 

-       En souvenir et en l’honneur de ma vie antérieure, dit-il. 

-       Pour te relier aux anciennes façons de faire, Michaël ? 

Mike était irrité par toutes ces questions. L’Ange poursuivit. 

-       Pourquoi ne me laisses-tu pas tes sacs ? Je t’aime et je vais te les conserver précieusement au cas où tu reviendrais par ici. 

-       Non ! Mike ne voulait plus en entendre parler; c’était à lui, et il les garderait le plus longtemps possible ; il avait besoin d’objets de son ancienne vie pour lui rappeler comment il était alors.

L’ange acquiesça. Mike arrivait toujours à ses fins. Il savait que tous les anges avaient respecté ses choix et n’avaient jamais contesté ses décisions. 

Ce matin-là, Michaël Thomas ne dit pas au revoir à L’Ange Orange. Debout sur le palier devant l’ange avec qui il venait de passer plusieurs semaines, il se rappela l’explication d’Orange à propos des adieux. 

-       A bientôt, dit-il donc, n’y croyant pas vraiment. 

Orange rentra en refermant la porte derrière lui. Je me demande comment ils font ça. Les seuls « adieux » consistent à fermer les portes ! se dit Mike. 

Mike s’aventura sur le sentier, dans une nouvelle direction. Il parvenait difficilement à garder son équilibre, surchargé par tout ce qu’il portait. L’ajout de l’épée, du bouclier et d e l’armure aux livres et aux photos qu’il transportait déjà l’alourdissait à un point presque insupportable. Il regrettait d’avoir à trimbaler ces lourds symboles du Nouvel Age. Quel marché stupide : se dit-il, agacé. Je dois avoir l’air ridicule. Ces armes sont-elles vraiment nécessaire ? Je ne les utiliserai jamais en combat. Je ne saurais même pas m’y prendre. Orange ne me l’a jamais appris. Ils ne servent que d’apparat et d’objets de cérémonie. Cela n’aurait-il pas suffi d’en connaître l’existence ? 

Tout préoccupé qu’il était à maintenir son équilibre entre ses bagages nouveaux et anciens, il avait oublié les difficultés éprouvées sur le sentier menant à la maison orange. Il ne se rappelait plus que quelque chose l’attendait. Pendant qu’il cheminait bruyamment, traînant ses sacs et équilibrant ses armes, une forme sinistre d’un vert foncé l’épiait entre les arbres. La chose examinait Mike avec un nouvel intérêt. Ce n’était plus l’ancien Mike. Il était devenu un être plein de pouvoirs et armé ! Ce ne serait pas facile. Il faudrait songer à une nouvelle stratégie, à une tactique qui confondrait Michaël Thomas à une puissance et à une rigueur encore plus forte. Le temps ferait la différence, mais d’ici là, la masse sombre le suivrait à distance, attendant l’occasion de frapper. Elle entreprit sa filature, de façon à ne pas être vue, suivant Michaël Thomas dans son périple. Elle avait confiance que cet être humain ne se rendrait jamais chez lui. 


 Kryeon, canalisé par Lee Carroll dans le livre LE RETOUR

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