Il
ne fallut pas longtemps avant que Mike s’aperçoive que le trajet hors du sentier
battu comportait certains défis. Il devait constamment vérifier la position du
soleil pour s’assurer de marcher dans la bonne direction. De plus, il
consultait régulièrement sa carte pour ne pas rater la maison. Il progressait
donc beaucoup plus lentement.
Malgré
ces quelques difficultés, il trouvait l’étape plus agréable que les autres. Il
réalisait un désir de rendre Violette fière de lui. Il le faisait aussi pour
lui, pour se prouver qu’il pouvait s’opposer à tout ce qui était établi, même
en terre spirituelle. Il songeait aussi qu’une fois suffirait et que lorsqu’il
aurait atteint la prochaine maison, il reprendrait probablement le sentier tout
racé pour se rendre aux autres demeures. C’était plus facile, sans faire
obstacle à ses choix. En fait, il sentait plus que jamais que sa décision de
rester sur le sentier s’affermirait parce qu’il aurait connu l’opposé. Il
pouvait faire un choix éclairé depuis qu’il avait expérimenté les deux façons
de voyager et ne se sentait pas tenu de suivre la voie tracée.
Mike
constata aussi que l’impression d’être surveillé avait disparu. Avait-il
conjuré le sort de son poursuivant ? L’entité sombre et sinistre qui le
poursuivait avait-elle tout simplement disparu ? Non, dans sa sagesse, Mike
comprit que le fait d’avoir modifié sa façon de se déplacer avait confondu la
vilaine créature qui s’était acharnée sur lui depuis le début. Elle réaliserait
sans doute rapidement ce qui s’était passé et se mettrait à sa recherche. Dans
ces conditions, Mike devait faire preuve de prudence, assurer ses arrières et
surveiller la voie qui s’étendait devant lui.
Au
bout de quatre heures environ, le ciel se couvrit. Michael ne se faisait pas
d’illusions. Une autre de ces tempêtes bizarres, effrayantes et violentes se
préparait ; mieux valait songer à se trouver rapidement un abri. Il se
rappelait que la dernière fois il s’était retrouvé écrasé au sol, priant qu’on
lui conserve la vie.
Mike
sortit sa carte pour voir ce qui l’entourait. Encore une fois, elle lui
indiquait son entourage immédiat. Il constatait qu’il venait de passer un abri
ressemblant à une grotte. Mike se rappelait l’avoir contournée, mais du côté
opposé à son ouverture. Il remit la carte dans es bagages et rebroussa chemin
jusqu’à ce qu’il retrouve l’entrée de la grotte.
Pendant
le peu de temps qu’il avait mis à revenir sur ces pas vers l’abri qu’il croyait
trouver, la tempête avait pris une ampleur étonnante. Le ciel était devenu noir
et le vent s’élevait. La pluie commençait à se joindre aux vents lorsque Mike entrevit
l’ouverture de la grotte et décida de presser le pas. Au moment même où il
franchissait l’entrée, la nature se déchaina. Mike dut se placer tout au fond
de la grotte pour éviter de se faire mouiller ou d’être attiré par la force
colérique des éléments. Il ne pouvait s’empêcher d’être émerveillé par la
vigueur de l’intempérie et remercia Bleu de lui avoir remis cette carte lui
ayant permis de se mettre à l’abri du danger au tout dernier moment. Encore une
fois, la carte, toujours à jour, lui avait rendu un fier service.
Il
regarda le spectacle, bien au chaud, à l’intérieur. Il ne pouvait quitter des
yeux l’action terrible qui se déroulait dehors. Quelle chance d’être en
sécurité !
Alors
qu’il se demandait pourquoi il y avait de telles tempêtes sur cette terre
sacrée, il lui sembla entendre la voix de Bleu.
- Michael Thomas, il n’y a jamais de
tempête sur cette terre, sauf lorsqu’un humain est sur la voie de
l’apprentissage.
- Tu veux dire que si je n’étais pas
ici, il n’y aurait pas de tempête ?
- Oui, lui répondit la voix de
Bleu.
- Mais, je n’en fais pas partie. La
tempête ne m’atteint pas.
- Voilà ! dit Bleu en riant. Tu as
appris à te service de la carte. Crois-le ou non, des humains ont écarté la
carte dès le début de leur voyage, pensant que c’était une blague. Tu as
compris son rôle et son caractère « actuel » est devenu ton mode de
vie. Tu as un pied dans le temps spirituel présent, mais tu apprends aussi à
mesurer le temps linéaire au fur et à mesure que tu progresses sur la route.
Voilà pourquoi, lorsque la leçon de la tempête se présente, tu peux y échapper
et te mettre à l’abri. Michael, nous t’aimons tendrement !
Cette
idée fit sourire Mike. Tout ça pour lui ! Une telle énergie ! Et toute cette
planification ! Il regarda dehors et hurla au vent :
- Tu peux te calmer maintenant. Je suis
en sécurité. Il ne parvenait pas à arrêter de rire.
La
tempête dura environ deux heures. Le temps s’éclaircit au crépuscule. Mike se
demandait s’il avait le temps d’atteindre la prochaine maison et s’il
parviendrait à la trouver sans la présence du soleil. Cependant, il se sentait
bien et apte à se défendre. Il examina la grotte, observa l’angle du soleil et
se dirigea vers le nord, où il savait trouver la maison.
Il
n’avançait pas très vitre dans cette obscurité. C’était la première fois qu’il
était dehors en pleine nuit sur cette terre. Y aurait-il des étoiles, une lune
? Il le sut rapidement. Il ne vit rien de tout cela. Lorsque la dernière lueur
du crépuscule eut disparu, il se retrouva dans la noirceur totale. Et quelle
noirceur ! Impossible de voir la carte. Il comprit qu’il aurait dû rester dans
la grotte. Il n’était pas prêt à affronter ce type de situation. Il s’assit, ne
voulant pas trébucher sur un objet qu’il n’aurait pas vu en travers du
chemin.
Au
bout d’une heure dans cette obscurité totale, Mike remarqua que ses yeux
fonctionnaient d’une étrange façon. Peut-être se passait-il quelque chose de
bizarre ? Plus tôt, le soleil s’était éteint à l’ouest comme il se devait. Mike
en avait déduit que le nord se trouvait du côté de cette montagne qu’il avait
décidé d’utiliser comme point de repère. Or, comme il n’y avait ni lune ni
étoiles, il ne parvenait plus à voir la Montagne, du moins au début. Faiblement,
au nord, le sommet de la Montagne commençait à se poindre. La même lueur rouge
qui avait accompagné le coucher de soleil était tout à coup visible, faisant
ressortir le point de repère que Mike s’était fixé. Et un éclairage quelconque
provenait de cette direction.
Mike
se leva, alerte mais prudent. Cette faible lueur rouge émanant du nord lui
permettait graduellement de voir la terre qui l’entourait. Il se dirigeant
lentement et silencieusement, vers la lueur rouge. Il glissait ses pieds sur le
sol, pour éviter d’être surpris par une dénivellation trop abrupte. Penché vers
l’avant et scrutant le sol du regard, il avançait à pas de tortue.
Dans
on cheminement laborieux, Mike trébucha et tomba sur une surface plutôt douce.
Le sentier ! Il avait décidé de l’abandonner, et c’est lui qui le retrouvait au
moment opportun. Quel endroit étrange !
Mike
vit que le sentier formait un angle oblique par rapport à la montagne qu’il
avait choisie pour lui indiquer le nord. Il était par contre convaincu que le
chemin le mènerait vers la prochaine maison qu’il n’avait pas encore dépassée,
il en était certain. De plus, il constata que la lueur provenait d’un point
vers lequel le sentier se dirigeait. Il se plaça vers ce qu’il estimait être le
centre du sentier et continua d’avancer toujours très lentement. Il essayait de se tenir au milieu du
sentier, mais de temps en temps, il en frôlait ses extrémités. Il riait.
C’est
encore pire que le brouillard sur la côte de Santa Monica, en juin ! Il se
rappelait avoir circulé à bicyclette le soir dans un brouillard si épais qu’il
parvenait à peine à discerner la ligne blanche au centre de la route. Comme il
aurait voulu que le sentier ait une ligne blanche !
Mike
remarqua qu’à l’approche de la lueur, il pouvait voir plus clairement. Peu à
peu, le sentier devint presque complètement éclairé, ou du moins, suffisamment
pour que Michael puisse se redresser et marcher normalement. Il devait tout de
même être prudent. Il ne connaissait pas l’origine de la lumière et devait être
prêt à toute éventualité.
Au
détour du chemin, Mike comprit l’origine de la lueur. Il n’en croyait pas ses
yeux ! C’était la prochaine demeure. Elle était d’un rouge vif. Mike constata
qu’à encontre des autres maisons, celle-ci brillait vraiment de l’intérieur.
Il
se permit de ralentir son rythme à l’approche de la maison rouge. La lumière de
la maison se rendait jusqu’à lui et, en s’approchant, Mike vit la pancarte
indiquant MAISON DES RELATIONS. Il
s’arrêta.
- Oh là là ! dit-il en soupirant. Voilà
une matière que j’ai déjà ratée ! J’espère qu’il n’y a pas d’autres films !
- Eh oui, il y en a ! Le jeune ange
rouge était apparu soudainement sur le palier. « Salut à toi Michael
Thomas de l’Intention pure. Nous croyions t’avoir perdu !
- Pas de chance, mon ami Rouge, dit
Mike, j’ai tout simplement décidé de prendre mon temps. Je suppose que je
n’avais pas particulièrement envie de voir tes films. Ressemblent-ils à ceux de
Violette ?
- Absolument pas !
L’Ange
Rouge était magnifique. Une véritable vedette de cinéma, un personnage d’action
au corps taillé au couteau. Il était immense. Il avait une personnalité
décontractée et agréable, de sorte que sa haute stature n’effrayait pas, comme
dans le cas des autres anges d’ailleurs. Ses vêtements rouges lui donnaient un
air sacré. Mike se rappelait avoir vu cette couleur chez les hauts prélats de
l’église.
- As-tu faim, Mike ?
- Terriblement.
L’Ange
Rouge guida Mike dans la maison, après lui avoir fait signe d’enlever ses
chaussures ! Il fit un clin d’œil à Mike, comme pour lui rappeler pourquoi le
sol était sacré. Michael était intimidé d’attirer encore une fois tant de
respect et ne dit rien. Il retira ses chaussures et les déposa devant la porte.
Comme
auparavant, l’extérieur de la maison ne laissait rien prévoir de son intérieur.
La maison était immense. Elle comportait des escaliers, des arches, et les
fenêtres laissaient voir des paysages qu’on ne devinait pas de l’extérieur.
Décidément, Mike ne s’habituerait jamais à l’inconsistance entre la physique et
la réalité. Tout ça n’était pas sans lui rappeler Alice au pays des merveilles,
et il se demanda si l’auteur avait déjà visité cette terre dans ses
rêves.
Quelle
pensée étrange ! Devait-il chercher un lapin blanc ?
- Blanc, c’est la suivante, Michael ;
pas de lapin hélas !
Mike
rit. Donc, la prochaine maison était blanche ! La Maison blanche ! Il trouvait
l’idée amusante et Rouge aussi. Mike avait le sentiment que ce qu’il allait
apprendre ici serait intéressant. Il percevait Rouge comme un membre de sa
famille. Tout comme Vert, Rouge aurait pu être son frère, peut-être même un
frère célèbre. Bleu et Orange étaient comme des oncles et, bien sûr, Violette
était la mère. Il avait hâte de rencontrer le père !
- Tu as l’impression de faire partie de
la famille ? Rouge s’était arrêté devant les appartements de Mike. Et, bien
sûr, l’odeur de nourriture se percevait aisément.
- Oui
!
- Tu ne pouvais mieux tomber. Tu es dans
la bonne maison. Rouge avait guidé Mike jusqu’à la salle à manger et, comme
toujours, un merveilleux repas l’y attendait.
- A demain matin, Michael Thomas. Dors
bien et que tes leçons t’apportent la paix. Avant de retirer et de
refermer la porte, Rouge lui souhaita un dernier bonsoir.
Mike
riait sous cape en constatant la politesse dont les anges faisaient preuve au
fur et à mesure qu’il avançait sur son chemin. Il se sentait très en paix. Il
savait que Rouge était au courant de ses expériences dan la maison violette
ainsi que des sentiments et des émotions puissants qui en avaient surgi dans
l’âme de Mike. Il appréciait qu’on lui fasse savoir que les prochaines leçons
seraient différentes.
Mike
mangea d’un bon appétit. Il n’avait pas pris de repas durant la journée et son
parcours dans la noirceur avait exigé beaucoup d’énergie, plus qu’il ne l’avait
d’abord cru. Fatigué, il s’endormit aussitôt après le repas. Il était calme et
ressentit la paix et le confort que lui offrait la maison rouge. Il dormit
paisiblement et profondément, tout comme s’il avait déjà atteint son but.
Plus
tard, alors que Michael Thomas dormais profondément, une créature verte, sale,
repoussante et en colère boudait sur le sentier, devant la maison rouge. La
forme sombre et répugnante savait que Mike était à l’intérieur. Elle avait
attendu encore et encore sa venue au détour de la route, mais rien ne s’était
produit. La silhouette difforme écumait de colère et de rage bouillante et n’y
comprenait rien.
Comment
Mike avait-il su qu’elle l’attendait ? Il devait avoir quitté le chemin.
Michael avait effectivement atteint la maison sans suivre le même parcours.
Mais comment ?
L’entité
malveillante savait que les anges ne pouvaient intervenir. Ils n’avaient donc
pu lui dire qu’elle était là. Il faudrait revoir le plan d’attaque. En
devançant Michael, elle l’avait perdu. Fallait-il retourner à la tactique de la
poursuite ? C’était en tout cas, la façon de savoir où Mike se trouvait. Que
faire ?
Comme
d’habitude, l’horrible créature trouva une place pour faire le guet en
attendant que Mike reparte de la maison rouge. Tant et aussi longtemps qu’elle
savait où Mike se trouvait, elle était contente. L’entité négative s’occupa à
penser à sa confrontation avec Mike. Elle refit sans cesse des plans, révisant
les stratégies et en construisant de nouvelles. Il faudrait beaucoup d’énergie
et un peu de tricherie, mais elle connaissait bien Michael Thomas; l’entité connaissait
ses pensées et ses réactions et réexamina les techniques à utiliser pour la
réussite du plan. La confrontation aurait lieu sur le chemin menant à la
dernière maison, là où Michael serait le plus vulnérable. Elle attendrait. Il
fallait compter sur la ruse. Il faudrait faire semblant emprunter une autre
forme, quelque choses que la masse verte ne parviendrait à maintenir qu’un
court instant, mais c’est tout ce qu’il fallait.
Comme
dans les maisons précédentes, Mike se leva et enfila les vêtements prévus à son
intention. Propres et frais, ils étaient rouges. Michael se rappela encore une
fois les paroles d’Orange qui lui avait dit qu’il n’y aurait pas de déchets
humains reliés à ses raps sur cette terre. Mike se rendit également compte que
sa barbe n’avait pas poussé depuis le début de son voyage. C’était en quelque
sorte comme si le temps était suspendu, prévenant le fonctionnement et le
vieillissement de ses cellules. Quel endroit ! Il se régala du petit déjeuner
préparé pour lui dans la pièce attenant et songeait à son périple lorsqu’on
frappa à la porte. ANGE ROUGE enta.
- Je vois que tu es frais et dispo,
Michael Thomas.
- Tout à fait, Merci de cette charmante
hospitalité. Mike se sentait bien. Il était encore ébahi de l’apparence
éblouissante de Rouge.
- Tu mérites tout cela, Michael Thomas
de l’Intention pure, dit Rouge en souriant.
Puis
il fit signe à Mike de se lever et de la suivre dans la salle de formation de
la Maison des relations. Rouge guida Mike vers des pièces qu’il n’avait pas
vues la veille. Cette maison était très différente des autres. Tout ce rouge
rendait Mike vivant et énergique c’était une sensation extraordinaire. Puis,
ils arrivèrent dans une grande salle de spectacle dont la disposition
ressemblait étrangement à celle de la maison violette, sans oublier le fauteuil
moelleux, encore une fois trop près de l’écran. Rouge savait que, de cette
place la projection risquait d’indisposer Michael à la suite de son expérience
dans la maison précédente.
- N’est pas ce que tu crois, Michael,
dit Rouge d’un ton rassurant.
- Merci, mon ami, dit Mike avec
reconnaissance. Dois-je m’asseoir ?
- Oui.
L’Ange
Rouge se dirigea vers l’arrière de la salle comme l’avait fait Violette avant lui
et entreprit de faire fonctionner l’équipement. Confortablement installé dans
son fauteuil, Mike était prêt, et la projection commença.
Cette
fois, il n’y avait pas de son. Rouge expliquait ce qui se déroulait sur
l’écran. Il avait eu raison. Les images étaient régénératrices formatrices,
inspirantes et extraordinaires ! Il n’y avait ni tristesse ni repli sur soi, et
les émotions de Mike n’étaient pas sollicitées. On avait plutôt l’impression
d’assister une représentation de diapositives et non à des images
animées.
- Tu vois, Mike tout ceci traite de la
famille. Tu as déjà appris dans la maison précédente que tu joues plusieurs
rôles sur la planète et il en va de même pour ceux qui sont autour de toi. Tu
as aussi appris que tous les humains acceptent et planifient la direction de
leur vie avant même de la commencer. Maintenant, le temps est venu pour toi de
comprendre la relation entres acteurs. Nous allons bien définir la famille.
Incrédule,
Mike vit apparaître devant lui, vingt-sept beaux visages. Rouge leur attribua
des noms très longs que Mike n’avait jamais entendus. Ils avaient tous une
résonnance angélique et
Mike pensa qu’il devait être difficile de les écrire.
Il
entendit des noms comme Angenon, Aleeilou, Beaurifee, Vereeifon, Kooigre, et
encre bien d’autres. Ensuite, Rouge lui présenta ce qui ressemblait à l’arbre
généalogique de chacun. En tête du tableau, Mike vit des noms terrestres et des
visages qu’il reconnaissait, mais aussi des noms et des visages inconnus.
Michael reconnut d’abord ses parents, des amis de l’école ou de l’église, des
confrères de travail et plusieurs personnes qu’il avait à peine connues. Il y
avait même des étrangers. Mike prit le temps d’identifier chacun d’eux. Il
revit des enseignants qui l’avaient influencé ; il revit Henry le Tyran et son
premier amour, Carole ! Il vit son ami John, puis le voleur qui l’avait presque
assassiné dans son appartement. Et, il revit Shirley, la femme qu’il avait
aimée et perdue à Los Angeles.
Il
y avait d’autres images de gens qu’il ne connaissait absolument pas. Une femme
attira particulièrement son attention. Elle arborait une magnifique chevelure
rousse, des yeux verts et un sourire éclatant. Mike ressentait l’énergie de
cette image, sans savoir pourquoi. L’image suivante lui fit dresser les cheveux
sur la tête ! C’était la femme ivre dont la voiture avait percuté celle de ses
parents et causé l’accident fatal. Elle avait été tuée sur le coup et Mike pensa
qu’elle l’avait bien mérité. Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Mais… sa
propre image était là aussi. Sous la première rangée de photos reliées entre
elles par des lignes, se trouvaient d’autres images de gens à leur tour reliées
par des lignes horizontales.
- Tu vois, chaque ligne horizontale
représente la durée d’une vie, Michael Thomas, dit Rouge pendant que Mike
examinait l’ensemble. Ce sont toujours les mêmes acteurs. Les noms
changent et les genres aussi, mais ce sont les mêmes entités et elles composent
ta véritable famille. E groupe, vous voyagez à travers le temps ; certains
s’ajoutent, d’autres se retirent mais vous formez tous une famille. Maintenant,
tu vas entendre leur histoire.
Ce
qui se produisit ensuite fut l’un des phénomènes les plus extraordinaires et
les plus révolutionnaires que Mike eut jamais expérimenté. Il fut totalement
décontenancé par ce qu’il vécut dans la salle aux fauteuils rouges et en
présence du magnifique ange de la même couleur. Il était immobile et bouche bée
dans son fauteuil rouge, revêtu de ses vêtements rouges.
La
première image dans l’angle supérieur gauche du tableau se décupla soudain pour
couvrir toutes les autres et s’anima. Puis, il y eut du son et Shirley, l’amour
de Mike, apparut vivante sur l’écran, dont elle sortit pour se placer devant
Mike. Elle était réelle et ne faisait plus partie d’un film ou d’une séance de
diapositives. Elle s’adressa directement à Mike et se mit à lui raconter son
histoire.
- Michael Thomas, je suis Reenuei de
Quadril Cinq. Je fais partie de ta famille et je t’aime tendrement. Pour toi,
dans cette vie, je Shirley. Au siècle dernier, j’étais Fred, ton frère. Puis
avant, Cynthia, ton épouse. Michael Thomas de l’Intention pure, nous avons un
contrat dont l’énergie s’appelle le karma. Nous avions prévu nous rencontrer
encore dans cette vie, ce que nous avons fait. Nous avons conclu une relation
entreprise il y a des siècles et nous l’avons bien fait. Nous avions convenu de
générer en toi des sentiments qui te mèneraient à la croisée que tu franchis
maintenant. C’est le présent que nous avons échangé. Nous avons accompli cette
étape ensemble.
Mike
restait bouche bée. Elle n’était pas une image sur l’écran, mais bien réelle.
Il écoutait une entité qu’il connaissait bien lui dire qu’elle était Shirley,
qu’il l’avait connue avant, encore et encore. Quelle manifestation d’amour !
Chaque parole regorgeait de vérité et de signification. Chaque explication se
révélait indéniablement complète.
Quelle histoire ! Quel endroit ! Mike ne
savait pas si Shirley pouvait l’entendre là où elle était, mais la silhouette
incontestablement réelle qui se tenait devant lui méritait une réponse.
- Merci, chère Shirley ! Mike salua
celle qu’il avait connue et aimée. Il avait capté la relation selon un angle
tout nouveau. Elle était devenue une amie plus qu’une femme qui avait ruiné sa
vie. Shirley disparut graduellement de l’espace occupé devant lui.
L’image
qui se présenta ensuite faisait référence à une relation d’amour complexe, à
une intrigue. C’était le professeur de secondaire préféré de Mike,
M.Bourroughs. Il lui expliqua avoir fait partie de sa vie à plusieurs reprises,
comme bien des gens d’ailleurs. Cette fois, ça avait été durant la formation
scolaire de Mike. Le rôle le de celui-ci était évident. Ils s’étaient en fait
aidés mutuellement de plusieurs façons, ce dont Mike n’était pas vraiment
conscient. Ils avaient un contrat et l’énergie karmique de l’apprentissage,
bien que très subtile. Mike le salua à haute vois, et l’image de son professeur
s’évanouit également.
Soudainement,
grande comme la vie, apparut l’image de son père. Mike n’était pas triste : son
père était vivant ! La forme de ce dernier se retira de l’écran pour prendre
tout bonnement place devant Mike. Il commença à parler et Mike l’écouta avec
grand plaisir.
- Michael Thomas, je ne suis pas qui tu
crois, dit une entité source dont la voix résonnait différemment de ce que Mike
avait connu. Je suis Anneehu de Quadril Cinq et je fais partie de ta véritable
famille. Le visage que tu vois devant toi est celui de ton père et j’ai joué
mon rôle dans la vie humaine exactement comme je l’avais planifié avec ta mère
et toi avant même que nous n’arrivions sur terre. Tout ce qui s’est passé était
pertinent et nous sommes partis rapidement pour accomplir encore plus dans
d’autres domaines spirituels. En te quittant pour vaquer à d’autres
occupations, nous t’avons laissé ton plus grand présent, Michael. Notre départ
a servi de catalyseur à ton illumination. Nous étions nés à la vie et avions à
enseigner la lourde leçon karmique de la mort et out s’est déroulé comme prévu.
C’et la raison pour laquelle tu occupes ce fauteuil. Nous t’aimons tendrement
pour le voyage que tu accomplis et pour le fait que tu reconnaisses maintenant
le présent.
Mike
sentait la vie émanant de cette entité qui s’adressait à lui. Il mémorisa son
nom Anneehu. Il voulait que sa reconnaissance soit désormais empreinte en lui.
Comment la tristesse pouvait-elle entourer la mort de son père, maintenant
qu’il savait la vérité à ce sujet ? La notion de présent prenait de plus en
plus d’importance au fur et à mesure que l’entité qui avait été son père
poursuivait son histoire. Elle l’entretenait des guerres qu’ils avaient faites
ensembles, des frères et de soeurs qu’ils avaient été, il y avait bien
longtemps, sur des continents qui n’existaient déjà plus sur la terre.
Quand
le père de Michal eut terminé, il sourit et s’évapora, comme les autres avant
lui. Mike était ému, mais ni triste, ni replié sur lui-même. Tout était
tellement énergisant ! Il parla à l’image de son père au moment où elle
disparaissait.
- Je suis très reconnaissant de ce
présent. Mike était convaincu de la véracité de ces faits et inclina la tête en
signe de respect.
Sa
mère apparut ensuite et Mike écouta avidement, cloué sur sa chaise, son
histoire sur la leçon karmique auprès de lui et des autres.
- Je suis Eleeuin, aussi de Quadril
Cinq. Je t’aime tendrement et t’ai accompagné de nombreuses fois par le passé.
Elle poursuivit son explication des rôles qu’elle avait joués dans ses vies.
Elle l’avait même tué, alors qu’ils étaient deux sœurs. Elle parla de l’énergie
créée par les actions d’une vie et qui se répercutait sur les suivantes et de
la façon dont elle participait aux leçons d’interaction. Elle n’ébranla pas
Mike sur le plan émotif e tne suscita pas en lui de mélancolie. Elle lui donna
de l’information dans un style magnifique. Elle aussi était réelle, vivante.
Lorsqu’elle commença à disparaître, il s’adressa aussi à elle.
- Merci du présent, Eleeuin. Mike tenait
à se souvenir des véritables noms de ses parents. Se rappeler ceux de tous les
autres était au-delà de ses compétences, mais il voulait conserver ces deux-là
éternellement dans sa mémoire.
Une
à une, les images se manifestèrent devant Mike dans toute leur réalité. Elles
se présentèrent et évoquèrent l’amour qu’elles avaient eu pour Michael Thomas.
Elles parlaient souvent de la famille et toutes venaient de cette place au nom
étrange de Quadril Cinq.
Durant
la journée, Mike ne rencontra que neuf des vingt-sept visages qui figuraient à
l’écran, et les lumières furent rallumées. Silencieux, Mike constata encore une
fois qu’il n’avait pas pris de repas du midi. Rouge quitta son poste de
projectionniste et se planta devant lui.
- Fatigué ?
- Non, vivifié ! Faut-il arrêter ?
Rouge
rit de bon cœur et fit signe à Mike de la suivre vers la salle à manger.
- Nos avons des images pour deux autres
journées encore.
Presque
toute la famille y passera ! Des millions de questions venaient à l’esprit de
Mike se dirigent vers la salle à manger.
- Rouge, je t’invite à dîner. Je sais
que vous ne mangez pas mais, j’ai tellement de questions à te poser.
- Oui, bien sûr. Rouge
s’amusait. Mike pensa qu’il avait certainement autre chose à faire,
oubliant qu’il était là pour lui et tous les autres qui empruntaient ce
chemin.
Ils
pénétrèrent dans la salle à manger où deux places avaient été mises. Surpris,
Mike regarda Rouge.
- Qui manque avec nous ?
- Je pensais que tu m’avais invité, dit
Rouge d’un ton légèrement ironique.
- Mais tu ne t’alimentes pas !
- Qui a dit ça ? Rouge s’amusait
vraiment et il s’installa à la table devant Mike avant de se verser un verre de
jus de fruits. Mike était ébahi.
- Je n’ai jamais… enfin, les autres
anges n’ont jamais mangé. J’ai conclu que…
Rouge
l’interrompit.
- Michael, les anges n’ont pas besoin de
se nourrir, mais je vais me joindre à toi dans cette obligation humaine parce
qu’il est agréable pour toi d’avoir de la compagnie pour dîner, n’est-ce pas
?
- Exact. Mike ne pouvait réfuter cet
argument. Il y avait
des semaines qu’il ne s’était pas attablé en bonne compagnie. Il avait bien
failli en avoir lorsqu’il était avec Vert. Au moins, il n’avait pas toujours
été seul à l’heure des repas. Rouge était amusant. Il était peut-être le plus
amusant d’eux tous.
- Je me sens honoré de cette pensée, lui
dit Rouge en mangeant son pain, lisant dans ses pensées. Mike dînait en prenant
de nombreuses poses pour faire place aux questions s’adressant à Rouge.
- Ce qui vient de se passer est-il réel
? quand ces gens me parlaient, le faisaient-ils par le biais d’un nouveau type
de projection technique que je ne connais pas encore ? Rouge ne put s’empêcher
de rire encore une fois, en s’essuyant le menton avec sa serviette.
- Pourquoi les humains veulent-ils
absolument associer la réalité à l’illusion ? Même lorsque la vérité saute aux
yeux, les humains la rejettent parce qu’elle leur semble irréelle. Décidément,
je ne comprendrai jamais !
- Et alors ? insista Mike.
- Absolument réel. Plus réel que la
réalité sur terre, Michael. Ils sont ici, en personne, pour toi, dans cette
maison.
Sans
véritablement comprendre, Mike continua quand même à interroger Rouge.
- Et tous ces noms aux consonances
étranges ? J’ai remarqué que mon image n’en avait pas, seulement l’écriture
bizarre que j’avais déjà vue.
- Tu en as un, Michael, mais il est
dissimulé pour l’instant. Tu l’apprendras un jour, si nécessaire ; ou du moins
la partie que tu parviendras à prononcer. Pour l’instant, c’est sans incidence
sur ton illumination. Tu vois, tu ne sais pas mon nom et ça ne t’a pas empêché
de profiter de ton temps ici. Rouge prit une autre bouchée.
Michael
ne s’était jamais arrêté au fait qu’il ne connaissait pas les noms des anges
qu’il avait rencontrés dans les maisons. Il les nommait par leur couleur. Ça
semblait plus facile ainsi, et tous l’y encourageaient. - rouge, quel est
ton véritable nom ? Mike voulait vraiment le savoir. Il reprit encore un peu de
salade en attenant la réponse de l’Ange Rouge.
Tu
supposes qu’un nom est un son ?
Mike
remarqua que Rouge mangeait très maladroitement. C’était la première fois, de
toute évidence ! La nourriture s’échappait de sa bouche et retombait dans son
assiette. Il avait utilisé quatre serviettes jusqu’à maintenant et tentait de
son mieux d’imiter les manières des humains en matière de consommation. C’était
d’ailleurs très drôle mais Mike était trop préoccupé par ses questions pour
s’arrêter à ce détail? Ce n’est que plus tard qu’il en rirait, mais pas aux
dépens de Rouge bien sûr.
Rouge
poursuivit, après s’être encore une fois essuyé la bouche.
- Tous les noms des entités de l’univers
constituent de l’énergie, y compris le tien et le mien. Ils ont des couleurs,
des vibrations, des sons et même… une intention ! On ne peut les attribuer
simplement comme un son résonnant dans l’air, comme un nom terrestre. Tous les
noms que tu as entendus ou lus aujourd’hui ne représentant qu’une partie de
l’énergie du nom entier de l’entité. Tu les as entendus ou lus du mieux que tu
le pouvais, en fonction de tes capacités. Lorsque les entités spirituelles se
rencontrent, elles peuvent « voie » les noms. Chaque entité porte
avec elle sa lignée entière et ses réalisations dans les couleurs et les
vibrations de son Mer-Ka-Ba, le nom du corps angélique. C’et beaucoup plus
complexe que ce que tu peux saisir maintenant, Michael, parce que c’est
interdimensionnel.
- Rouge, dit Mike, comptant en apprendre
plus long, aujourd’hui, dans la salle de cinéma, pourquoi certaines images de
la rangée du haut n’ont-elles pas présenté leur histoire alors que ç’aurait dû
être leur tour ?
Mike
pensait surtout à la femme à la chevelure rousse dont l’énergie l’avait frappé.
Elle était dans la première rangée, mais n’avait pas pris la parole.
- Ce sont des humains que tu n’as pas
encore rencontrés, Michael. Rouge but une gorgée de jus et tenta sans succès
d’éviter que le liquide ne coule de chaque côté de sa bouche. Il dut avoir
recours à une autre serviette, la septième !
- Alors, ceux que je n’ai pas connus,
ils ne comptent pas ?
- Les contrats non remplis ne sont
normalement pas montrés ici, Michael. Ça ne signifierait rien pour toi puisque
tu n’as pas rencontré ces personnes. Ceux qui se présenteront à toi sont ceux
que tu connais déjà.
Mike
s’appuya sur le dossier de sa chaise pour mieux réfléchir à une pensée qu’il
n’avait pas eue depuis quelque temps. Il s’interrogea sur la pertinence de ce
voyage au pas des sept maisons. S’il était resté à Los Angeles, il aurait pu
connaître les personnes dont les plans spirituels correspondaient aux siens.
Avait-il mis fin à quelque plan cosmique ? Quelles en seraient les conséquences
? Rouge « écoutait » et répondit à la question non formulée.
- Michael, écoute-moi bien. Certaines
choses qui s’offrent à toi sont incompréhensibles sur le plan des trois
dimensions. Ton esprit n’est pas celui de Dieu ici. Tu ne peux pas savoir ce
que nous savons déjà. Tu es encore humain et nous t’aimons beaucoup pour ce que
tu es. Il se passe plus de choses ici que tu ne le crois. Tu as choisi de
quitter le chemin, et c’est un accomplissement. Il n’y arien d’inapproprié dans
ce que tu as chois de faire. Nous ne t’apporterions pas toute notre aide s’il
n’était pas sacré que tu sois ici au moment présent.
Mike
n’avait jamais perçu son choix de faire ce voyage comme une décision sacrée. Il
continuait à le percevoir telle une fuite. Il apprenait à rentrer chez lui et,
pour une raison quelconque, c’était un geste honoré et béni de ces êtres
angéliques.
L’Ange
Rouge avait raison. Mike ne voyait pas la situation dans son ensemble.
- Vais-je comprendre un jour ?
- Lorsque tu seras devant la porte du
but et que tu l’ouvriras, tu comprendras.
Rouge
se leva et quitta gracieusement la pièce. Après son départ, Mike se leva et
alla se placer près de la chaise qu’il avait occupée. On aurait cru qu’un
enfant de trois ans avait mangé là. Les miettes de nourriture et le jus étaient
répandus partout. Mike éclata de rire.
- Rouge, je t’aime, s’exclama-t-il. Mike
réalisa la générosité de Rouge, qui avait accepté de partager son repas. Il
avait essayé ! Même les anges ne sont pas doués dans certains domaines, je
suppose. Puis, il se mit à réfléchir et se demanda s’il y avait des choses que
Dieu ne pouvait pas faire !
Une
voix se fit immédiatement entendre à son esprit… celle de Violette !
- Oui, Dieu ne peut pas mentir. Dieu est
incapable de détester. Dieu ne peut prendre de décision partiale dans on champ
d’amour. C’est essentiellement la raison pour laquelle il y a toutes ces leçons
sur la terre, pour que Dieu puisse subir un test d’impartialité.
Oh
là là ! Mike savait que quelque chose de profond venait d’être divulgué, mais
il n’y comprenait rien. Sans doute qu’en temps et lieu, ces choses prendront
leur véritable sens, pensa-t-il. Que c’était bon d’entendre la voix de Violette
encore une fois. Quel endroit magnifique !
Durant
son sommeil, Mike revit les deux entités angéliques Aneehu et Eleeuin entourées
de couleurs vives et de motifs géométriques. Une vraie merveille ! En dépit du
spectacle de lumières, il dormit très bien.
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