Mike
ouvrit les yeux. Il sut immédiatement où il se trouvait. Il était de retour sur
la terre, là où tout avait commencé. Les tubes fluorescents qui éclairaient la
salle des urgences d’une forte lumière aseptisée firent grimacer Mike et le
forcèrent à fermer les yeux. La pièce était fraîche et Mike souhaita avoir une
couverture. Le préposé aux soins en amena une, comme s’il avait entendu la demande
muette de Mike. Puis, il ressortit.
- Tu nous as perdu de vue pendant
quelque temps, mon ami, dit le voisin, se sentant un peu mal à l’aise de ne pas
connaître le nom de Mike. Ils t’ont recousu la tête. N’essaie pas de
parler.
Le
voisin tapota nerveusement sur la poitrine de Mickael avant de se retirer dans
la grande salle. Mike se retrouva seul. La tête lui tournait au souvenir
de tout ce qui s’était passé. Ce n’était qu’un rêve. La vilaine créature qu’il
avait combattue avait bien raison. Il avait été sur la terre tout ce temps,
dans un lit d’hôpital, en plein coma, et toutes ces expériences connues
n’étaient pas réelles. Mike avait l’impression qu’l allait vomir de nouveau,
cette fois-ci à cause de la réalité de la situation. Il était de retour. Il
n’avait vécu qu’un rêve illusoire et la terre des anges correspondait à la
réalité décrite par l’entité négative –un conte de fées !
Il
ne s’était vraiment rien passé et Mike était toujours à l’hôpital. Tout ce
qu’il avait vu et tout ce qu’on lui avait appris n’avais ni substance ni
fondement. Il referma les yeux ; il aurait voulu mourir.
L’infirmière-chef
s’approcha de son lit et se pencha au-dessus de lui. Il sentait son parfum
léger dominant l’odeur des désinfectants. Elle examina le pansement sur sa tête
et le touche légèrement.
- M.Thomas, êtes-vous éveillés ?
- Oui, dit-il d’une voix faible et
déprimée.
- Vous pouvez partir. Nous avons soigné
votre blessure et vous êtes guéri. Vous pouvez quitter l’hôpital. Mike sut
qu’il y avait quelque chose de différent.
- Ma mâchoire, ma gorge ?
- Elles n’ont pas été touchées. Y a-t-il
quelque chose que nous n’avons pas vu ?
Mike
bougea la mâchoire et passa la main sur son cou devant le regard inquiet de
l’infirmière. Tout avait l’air en ordre.
- Non, je suppose que j’ai rêvé. Mike
était de retour dans la réalité. A tel point qu’il demanda à l’infirmière :
« Depuis combien de temps suis-je ici ? »
- Environ trois heures, M.Thomas.
- Et la facture ?
- Elle est couverte par un règlement
quelconque provenant de votre assurance-habitation. Vous aurez des papiers à
signer, mais rien à payer.
- Merci !
L’infirmière
disparut derrière le rideau et Mike se retrouva de nouveau seul. Il y avait
quelque chose de curieux. Même si, à ses yeux, l’événement semblait s’être
produit deux mois auparavant au moins, Mike se rappelait que l’assaillant lui
avait écrasé la gorge. Il avait subi des blessures avant sa vision ou son rêve
; vision ou rêve, ça n’avait certainement rien changé à cela. Et voilà que non
seulement il n’avait pas de blessure à la gorge, mais aucune à la mâchoire.
Rêvait-il encore ?
Mike ressentait un besoin pressant d’aller à
la salle de toilettes ! C’était vraiment le retour à la réalité, celle qu’il
connaissait comme être humain. Mike se leva, sans tenir compte de ses
douleurs à la tête. Il constata qu’il portait les mêmes vêtements qu’au moment
de l’accident. Il partit à la recherche de la salle de toilettes qu’il trouva
rapidement. Elle était conçue pour une seule personne, parfaitement désinfecté
et extrêmement propre. Il soulagea sa vessie, un geste qui lui parut étrange,
comme une action qu’on n’a pas exécutée depuis des mois. Il lui sembla que ça
prenait des heures !
En
se lavant les mains, il s’aperçut dans le miroir. Son visage avait changé. Il
s’approcha un peu, se regarda longuement dans les yeux et s’interrogea sur ce
qu’il voyait. Il se redressa. Il se sentait bien. Peut-être qu’un repos de
trois heures dans un hôpital était ce dont il avait eu besoin ! Mike
sortit lentement de la salle de traitement et se trouva nez à nez avec son
voisin, qui l’attendait. Il lui serra la main.
- Merci Monsieur… euh ? Mike ne
connaissait pas son nom.
- Je me nomme Hall ! Il était heureux de
voir Mike debout et en forme.
- Ce n’est rien, Monsieur… Mike
l’interrompit.
- Appelez-moi Mike, je vous en
prie.
- D’accord, Mike. Ma voiture est ici.
Allons-nous-en chez nous. Mike réagit à l’expression chez nous et sentit comme un coup de poignard au
creux de l’estomac, ce qui lui rappela combien il était déçu.
- Oui, d’accord, allons-y. Mike
appréciait le service rendu.
Pendant
que Hall allait chercher sa voiture, il signa les papiers puis sortit. Sur
le chemin du retour, Mike interrogea son voisin sur l’incident. Tout concordait
avec ce dont il se souvenait, excepté les blessures. Est-ce que j’ai imaginé
tout cela ? se demanda Mike.
Mike
remercia Hall de son aide et se dirigea vers son appartement. Il ouvrit la
porte comme d’habitude, alluma la lumière faible, entra et referma derrière
lui. Il fut assailli par des odeurs et des images qui auraient dû lui être
familières, mais qui ne l’étaient pas. Même si les dégâts n’avaient pas été nettoyés
et que la chaîne stéréo devait être replacée, l’aquarium ne s’était pas brisé
comme dans ses souvenirs. Quelque chose n’allait vraiment pas. Il avait
l’impression d’entrer dan le logis d’un être démuni à qui il avait offert son
aide à remettre de l’ordre. Il promena son regard sur toute la pièce. Cette
place ne lui appartenait pas !
Comment
avait-il pu le croire d’ailleurs ? Pourquoi était-ce si sombre et si défraîchi
?
Il
y a trois heures, ce logement était à lui et, maintenant il avait l’impression
qu’il appartenait à quelqu’un d’un autre monde. Qu’est-ce qui se passait
? Mike se rendit compte que sa conscience ne correspondait pas à celle de
l’homme qui vivait ici. Ça lui semblait même étranger et inapproprié de dormir
ici. Il alla fouiller dans le premier tiroir de son bureau. Il y trouva une
carte de crédit dont il n’avait jamais pensé avoir besoin. Le crédit est trop
dispendieux. Je n’ai pas besoin de choses luxueuses. Mike inséra la carte dans
son portefeuille, s’assura qu’il avait au moins quelques dollars en poche et
réunit quelques affaires et des articles de toilette. Puis, il éteignit la
lumière avant de partir. Il savait qu’il devrait revenir chercher ses choses et
son poisson, mais il décida de donner son avis de départ immédiatement.
Ensuite,
il alla chez Hall et lui expliqua ce qu’il s’apprêtait à faire au cas où il y
aurait ultérieurement un rapport de police.
Il
prit un taxi et se fit conduire dans une plus belle partie de la vile, puis
s’arrêta dans un bon hôtel. Il soupira d’aise en voyant le hall d’entrée
luxueusement meublé et agréablement décoré. Voilà qui était mieux ! Il se
trouverait un autre appartement demain, après avoir obtenu l’emploi qu’il
méritait. Lorsqu’il traversa le hall pour se diriger vers les ascenseurs, les
têtes se tournèrent dans sa direction. Sa présence dégageait une vibration
positive et attirait l’attention. Croyait-on qu’il était une personne connue,
une vedette ?
Ce
n’est qu’une fois étendu sur le lit de sa chambre qu’il commença à se demander
ce qui s’était passé. Il se sentait très bien, en paix. Il était absolument
certain de pouvoir se trouver un emploi extraordinaire le lendemain, en une
seule journée, même à Los Angeles, parce qu’il excellait dans on métier. Il
avait hâte d’entreprendre une nouvelle carrière et de donner aux autres et, qui
sait, d’avoir beaucoup de succès. Puis un phénomène intéressant se produisit.
Il pensa à Shirley, son amour perdu, sans éprouver de douleur. Il ne ressentait
aucun remords concernant la perte d’une relation précieuse et ne se sentait pas
non plus dans un état lamentable ni obligé de se cacher. Il fit une véritable
grimace en se rappelant la personne qu’il avait été.
Pour
l’amour du ciel ! A quoi est-ce que je pensais pour me conduire de la sorte ?
Cette femme ne faisait que remplir son contrat. J’ai été aussi responsable
qu’elle de toute la situation.
A
quoi tenait ce nouveau discours ? Mais c’était vrai ! Mike posa un geste qui
l’aurait fait terriblement souffrir il y a quelques heures à peine. Il prit le
combiné du téléphone et composa le numéro qu’il connaissait si bien. La
sonnerie se fit entendre une fois, puis deux fois et une charmante voix
féminine répondit.
- Allô !
- Shirley ! Mike était ravi d’entendre
sa voix.
- Mike ? On ne pouvait en dire autant
d’elle.
- Ecoute, je voulais simplement
s’assurer que tu allais bien et te dire que je suis très heureux de tout ce qui
s’est passé.
- Mike, est-ce vraiment toi ? Tu sembles
différent.
- Je veux simplement mettre un point
final à notre relation et te souhaiter une belle vie. Tu le mérites bien. Et tu
étais vraiment une bonne compagne.
- Mike ? Est-ce vraiment toi ?
- C’est moi.
- Tu as une autre amie ?
- Non, Shirley. Je suis vraiment
sérieux. Je voulais simplement te dire que tout allait bien et te souhaiter
bonne chance dans tout ce que tu entreprendras. Nous nous sommes bien amusés et
j’espère que tu garderas un bon souvenir de moi.
- Mike, qu’est-ce qui s’est passé ?
- Je n’ai pas le temps de parler
maintenant ; peut-être une autre fois. Au revoir.
- Mike, c’est une blague ou quoi
? Mike raccrocha. Il éprouvait un agréable sentiment de sérénité. Il était
heureux d’avoir mis un point final à cette partie de sa vie. Le son de sa voix
n’avait pas suscité d’émotion négative, seulement un sentiment d’achèvement et
de progrès. Il se sentait étrange.
Quelque
chose était changé. Il posait des gestes qui n’appartenaient pas à l’ancien
Mike. Il ressentait l’énergie du moment et ne s’inquiétait pas de se trouver
dans une chambre d’hôtel qui lui coûterait cent dollars. Il était certain que son prochain emploi
lui apporterait l’abondance lui permettant de payer sa note d’hôtel… emploi
qu’il n’avait pas encore.
Ce
n’était certainement pas l’ancien Mike, mais bien plutôt le Mike
« actuel » qui comprenait la confiance en soi et le fonctionnement
universel des choses. Il avait l’impression d’avoir vécu une nouvelle
naissance. La gamme des sentiments qui animent un homme heureux était en place.
Des frissons traversaient son échine et il savait en quelque sorte ce que ça
signifiait. Il se dirigea vers la porte de sa chambre et l’ouvrit. De l’autre
côté, prêt à frapper, il trouva son ami John.
- Bonjour John, lui dit Mike en le
serrant.
- Comment as-tu su que j’étais là ? lui
demanda John d’un air perplexe.
- L’intuition, je suppose, Mais
entre.
- Tu n’es pas facile à trouver. J’ai
entendu parler de ce qui t’était arrivé à ton appartement et je suis venu aussi
vite que j’ai pu. Ton voisin m’a dit que je te trouverais ici. Ça va ? Et ta
tête ? Pourquoi n’es-tu pas chez toi ? Qu’est-ce donc cette histoire d’hôtel
?
Mike
leva la main en signe d’interruption et sourit à John.
- John, ma tête est parfaite. Et je n’ai
plus rien à faire dans ce trou. Ni au travail, d’ailleurs. Nous le savons tous
les deux.
John
était renversé. Il avait toujours cru que Mike s’en tirerait très bien, mais il
ne s’attendait pas à une si rapide transformation à la Superman.
- Mickael, que s’est-il passé ? Tu es
vraiment différent.
- Je sais. Je ne peux te dire pourquoi,
mais j’ai appris tellement de choses ! Et je me sens bien, en paix et plein
d’énergie. John écoutait sans rien dire.
- Je t’offrirais bien quelque chose à
boire, mais je viens à peine d’arriver. Tu viens manger avec moi ?
- Tu veux dire au restaurant ?
- Oui, je t’invite.
- Bien sûr ! dit John en regardant Mike
avec attention. Comme tu as changé.
Les
deux hommes quittèrent la petite chambre et se rendirent dans un restaurant de
l’hôtel. John écouta Mike l’entretenir de tout, excepté de son rêve. Il
mentionna sa conversation avec Shirley, et cause de ses projets d’emploi et de
sa nouvelle perspective de la vie. Mike parla avec animation du triomphe de la
vérité et de l’établissement de la paix par le pardon et l’honnêteté. Les
choses qu’il avait jusque-là critiquées, il en parlait maintenant avec douceur,
tout en nuances. Il discourut sur le fait que l’être humain n’avait pas à
accepter ce qu’il lui était transmis et qu’il pouvait créer sa propre
réalité. John ne disait rien. Pétrifié, il laissa Mike parler et parler
tout au long du repas copieux suivi d’un dessert et d’un café. Il avait
l’impression d’assister à une conférence sur le mieux-être qui, d’ailleurs, lui
faisait beaucoup de bien. Tout ce qu’il entendait était bien inspiré. Il
réussit enfin à placer un mot pendant que Mike avait la bouche pleine.
- Mike, as-tu vécu une expérience de vie
après la mort ou quelque choses d’approchant ? John était sérieux. La
veille, Mike était lui-même prêt à devenir itinérant et à souffrir en toute
connaissance de cause.
- Non, John, je crois que j’ai eu une
expérience de VIE APRES LA VIE.
Les
deux hommes éclatèrent de rire, ce qui libéra la tension. Malgré l’aspect
comique de la situation, Mike s’interrogeait aussi sur ce qui s’était vraiment
passé. Il n’était pas convaincu de la réalité de sa vision, mais il se sentait
tellement bien. John ne voulait pas partir. Il était conscient de profiter
de l’énergie que dégageait Mike. Il avait maintenant le désir de chercher aussi
un nouvel emploi. Mike l’avait convaincu de sa véritable valeur et John en
avait convenu. Il était animé par l’enthousiasme de Mike et par sa nouvelle
personnalité positive. C’était contagieux. Et ces nouvelles pensées élevées ? Là,
John était moins certain, mais il n’y avait sûrement pas de mal à les entendre.
Il avait l’impression que sa valeur personnelle s’intensifiait.
En
lui souhaitant une bonne nuit, Mike serra John affectueusement, et le geste
surprit celui-ci, d’autant plus que c’était la deuxième fois au cours de la
soirée. Que se passait-il ? On n’aurait pu souhaiter meilleur ami. Mike
paraissait vivre dans un nouveau monde. Il semblait rempli de paix et d’amour
pour l’humanité. Dans son bonheur nouveau, il ne portait aucun jugement.
Décidément, il était transformé.
Mickael
retourna à sa chambre et s’assit sur son lit. Pouvait-il croire un seul instant
que son voyage de rêve avait été réel ? Dans l’affirmative, pourquoi se
trouvait-il de nouveau sur terre. Quelque chose clochait. Ce n’était pas comme
il avait été prévu. Alors, les apparences sont parfois trompeuses ? Mike sentit
une présence étrange mais familière. Son intuition agissait et son corps lui
parlait. Mike se leva et se dirigea vers un fauteuil, à l’autre bout de la
pièce. Puis, dans un mouvement tout à fait spontané, il ferma les yeux et
étendit les mains avant de parler cérémonieusement à haute voix.
- Au nom de l’Esprit, je demande qu’on
m’apprenne ce que je dois savoir sur ma situation actuelle. Je la respecte,
sans toutefois la comprendre.
Mike
resta silencieux, les yeux fermés. Puis il se produisit une brillante explosion
de lumière. Il fut projeté à travers un portail, dans un endroit qui lui était
strictement réservé. C’était le sanctuaire intérieur de la communication de
Michael Thomas avec l’Esprit, un lieu où il retournerait souvent durant ses
méditations. Il y flotta dans l’espace, pleinement conscient de se trouver
encore une fois dans son état de « rêve », sauf que ce n’était pas
vraiment un rêve.
- Non, ce n’est pas un rêve, Mickael
Thomas ! Mike reconnut la voix de Blanc. Oserait-il ouvrir les yeux ? Il ne
voulait pas quitter cet endroit et savait pertinemment qu’il n’y était que de passage. Il ne voulait pas se
retrouver dans sa chambre d’hôtel avant d’être prêt. La voix du grand ange
blanc se fit entendre de nouveau :
- tu es tout simplement dans un autre
état de réalité altérée. Lequel est le plus réel à tes yeux, Michael ?
- Blanc ! S’écria Mike.
- oui, Mickael.
- Je suis tellement heureux de
t’entendre ! dit-il d’une voix remplie d’animation. Je savais que ce n’était
pas un rêve.
- Non, Mickael, ce n’était pas un rêve.
- Que s’est-il passé ? Pourquoi ne
suis-je pas au paradis ? Y a-t-il eu une erreur ? Mike était tellement heureux
de lui parler encore une fois.
- Ouvre les yeux, Mickael. Nous avons de
la compagnie.
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