Mike recula au fur et à mesure de la transformation ;
il demeurait alerte et prêt.
L’horrible entité avait au moins cinq mètres de
hauteur ; ses yeux étaient rouges et agressifs. Sa peau, couverte de verrues,
était d’un vert repoussant. On aurait dit une créature qui ne s’était pas lavée
depuis des milliards de siècles. Elle avait des mains énormes aux ongles sales
et des bras beaucoup trop longs, disproportionnés par rapport au reste du
corps, et… cette épouvantable odeur : des jambes trapues et arquées venaient
ajouter à l’étrangeté de l’apparence, mais Mike savait combien elle pouvait
être agile. Il l’avait vu plusieurs fois se dissiper derrière lui. La distance
entre Mike et la créature hideuse devait atteindre environs six mètres et
Michael essayerai de la maintenir ainsi sinon de l’agrandir.
Mike trouvait repoussante la chose qui se développait
devant ses yeux. La forme malveillante n’était ni un humain ni une bête. Elle
n’était pas naturelle et ne relevait d’aucune réalité connue de Mike. L’odeur
que cette entité négative dégageait était infecte. Le visage de l’énorme tête
chauve passait constamment d’une forme horrible à une autre. Lorsqu’elle
ouvrait la bouche, Mike pouvait voir ses terribles dents aiguisées. Lorsqu’elle
la refermait, la cavité menaçante disparaissait sous un amas de
verrues et de peau.
La masse verte avait un gros nez manifestement
incapable de sentir, sinon il n’aurait pu vivre avec soi-même. Tout ce qu’un
humain pouvait imaginer de plus répugnant et de plus repoussant se manifestait
dans cette créature. Etait-ce réel ou une illusion ? Mike ne le savait pas.
Choses certaine, elle représentait une expression révoltante d’énergies
anciennes. Cette bête sombre et laide représentait l’antithèse de la paix et de
l’amour et sentait la mort. La haine et la méchanceté de sa conscience
envahissaient l’espace. Elle regardait Mike avec satisfaction comme s’il avait
été une fourmi qu’on se préparait à faire disparaître sans pensée ni remords.
La haine du monde auquel Mike appartenait animait cette créature. Elle
projetait directement son énergie sur Michaël qui était devenu le point de
convergence de son courroux.
Mike supportait mal cette créature qui le révoltait et
le rebutait. Il sentait la haine qu’elle projetait. Mais lorsqu’il se rendit
compte que sa réaction correspondait à ce que la créature attendait de lui, il
étouffa ses vagues de nausée. Les apparences sont parfois trompeuses, se
répéta-t-il. Il constata soudain que la forme dégoûtante jouait un jeu, qu’elle
créait l’illusion d’un ogre malin dans le seul but de produire un certain
effet. Le corps de Mike réagit instinctivement à la situation. Le niveau
vibratoire de son nouvel être était en plein éveil. Tel un soldat aguerri ou un
vétéran de nombreuses batailles, Mike se sentait prêt à prêt à réagir au
moindre mouvement de l’horreur verte devant lui. Même si son corps vibrait de
force et de vitalité, Mike demeurait immobile. Son épée commençait à vibrer.
Ill l’entendait ! Il entendait un bourdonnement subtil. Même là, il ne bougeait
pas. Il était trop curieux. Il voulait en savoir davantage. C’était à lui
maintenant d’user de ruse.
- Tu es tellement
gigantesque. Mike feignait la peur. Il leva les bras pour protéger son visage
et fit trembler sa voix de façon convaincante. « Es-tu la bête venue
s’emparer de mon âme ? »
Des plis de peau verte et de verrues s’écartèrent pour
permettre à la créature d’ouvrir la bouche et de parler. Mike entendit sa
véritable voix pour la première fois.
- Tellement
faible, cracha la voix. Je m’en doutais bien. La voix caverneuse rappelait à
Mike celles que l’on entendait dans les mauvais films d’horreur.
- S’il te
plaît, je ferai tout ce que tu voudras, risqua Mike.
Veux-tu que j’aille à l’arbre, sous le portail ?
Mike sentait son épée bouger dans le fourreau. Il
espérait que la créature n’entendrait pas le bruit du métal.
- Ne sois pas
ridicule ; je suis venu te tuer. La forme semblait continuer de grandir ! Mike
pensa qu’elle avait sans doute la faculté de prendre la taille qu’elle
voulait.
- Qui es-tu ?
demanda Mike dans un cri aigu. Il espérait que son jeu n’était pas trop gauche,
mais la créature malveillante semblait le croire complètement. Quel ego !
- Mykee-Wykee,
je suis la partie de toi, qui est le véritable Michael Thomas ! Je suis la
partie forte ! Regarde ton pouvoir ! Je suis l’essence de ton intellect et la
base de ta logique. La forme de ton père était peut-être un déguisement mais
les paroles prononcées étaient vraies. Tu es présentement dans un lit
d’hôpital, dans le coma, et je suis venu te tirer de cette fausse terre peuplée
d’entités insensées et de bons sorciers pour te ramener à la vie. Mais pour
cela, je dois détruire le petit esprit ridicule que tu es devenu !
Mike savait que, dans une certaine mesure, l’horrible
créature n’avait pas tout à fait tort. Elle faisait partie de lui ; c’était la
partie dont il voulait se débarrasser pour toujours, un aspect vieilli,
détestable, qu’il ne souhaitait montrer à personne. Il se recroquevilla un peu.
Tout de même, n’exagère pas ! lui dit une voix intérieure.
- Et tu dois
me tuer ? Son épée bougeait violemment contre le fourreau, mais Mike estimait
que ce tremblement s’ajoutait à l’illusion qu’il voulait créer.
- Au sens
figuré, oui. Ton départ de cette terre de bêtises mettra fin à ton illusion et
te ramènera directement dans le monde réel. J’ai pris conscience de ta
stupidité dès que tu as franchi la porte d’entrée. Heureusement, je suis
parvenu à me glisser à l’intérieur à ta suite. Depuis lors, j’essaie
de te ramener à la réalité.
La chose se déplaçait tranquillement vers lui.
- Suis-je si
mauvais ? Fais-le parler. Epée, continue à bouger ! L’illusion est
parfaite.
- Dans ta
faiblesse physique, tu t’es fait prendre à leur verbiage, à leur discours
creux. Il n’y a rien de réel ici. Tu es tellement pris par l’illusion que je dois
complètement détruire une partie de toi pour sauver ton esprit et ton âme. Je
déteste tout ce que tu es devenu !
Mike devait agir rapidement.
- Avant de me
tuer, peux-tu prouver que tu dis la vérité ? Si tu es logique et intellectuel,
aide-moi à voir la logique de la situation.
Mike savait que l’horrible chose passerait bientôt à
l’action. En faisant appel à son ego monstrueux, il pensait gagner un peu de
temps. Mike fit la poule mouillée encore un peu, y ajoutant un peu de
tremblements. La vibration de son épée ajoutait à l’image.
- Bien sûr !
Elle savait qu’elle avait la maîtrise de la situation et qu’elle allait
anéantir cette terre de Nouvel Age pour toujours.
L’horrible silhouette détestait cet endroit et toutes
ses prétentions. Elle provenait d’un monde réel où il n’y avait pas de ces
faibles et pathétiques créatures comme Michael Thomas. La masse sombre et
répugnante prônait la logique et le pragmatisme, un système de croyances
reposant sur l’expérience et la justification d’historiens et de scientifiques
réputés.
La créature se leva et déclara :
CELUI
QUI EST CONFORME DETIENT UN POUVOIR ABSOLU, SEULES LA LOGIQUE ET LA RAISON
CONSTITUENT LA VERITE. VOILA POURQUOI JE PEUX EXISTER DANS CE MONDE SANS
SUBSTANCE. PARCE QUE JE SUIS LA VERITE. RIEN NE PEUT AVOIR D’EMPRISE SUR MOI !
Elle laissa sortir un cri qui perça les oreilles de
Mike et qui coucha l’herbe à ses pieds, la rendant brun-vert et l’assortissant
à la peau de l’horrible créature.
- Vraiment :
dit Mike avec un sourire affecté. Puis, il laissa tomber son rôle et se planta
bien droit devant le monstre.
- Eh bien,
que la preuve soit faite ! hurla-t-il.
Mike n’avait jamais cru qu’il pouvait se déplacer si
vite. Grâce à l’équilibre et à l’expérience qu’il avait acquis dans la maison
d’Orange, il se retrouva rapidement sur un rocher de deux mètres à moins de
cinq mètres du monstre. Il était déjà en position de supériorité. Son épée
s’échappa littéralement de son fourreau et commença à chantonner la note fa,
émettant même des accords d’accompagnement. Mike l’avait empoignée solidement.
Elle lançait un son mystérieux, mais rempli de force et de promesses. Mike
pointait l’épée vers le ciel et non vers l’entité négative. Il se rendit compte
qu’il tenait son bouclier dans la main gauche. Dès l’instant
qu’il s’était élancé vers le rocher, le bouclier s’était
retrouvé dans sa main. Il le brandissait et ses incrustations d’argent
faisaient face à la sombre masse.
Le guerrier Mickael Thomas était prêt. Il serait
bien au-dessous de la vérité d’affirmer que la créature fut surprise. Elle
examinait la situation lorsque soudain la proie frivole et craintive devint une
menace au comportement transformé. Michael se préparait-il à attaquer ? C’était
d’un ridicule. Elle pouvait l’écraser comme une mouche ; c’était presque trop
facile. La proximité de Mike obligea l’horrible forme à reculer pour être en
mesure d’utiliser ses longs bras monstrueux. Elle recula, refermant ses poings
puissants, prête au combat. Alors que la créature se mettait en positon
d’attaque, la voix de Mike résonna :
- VOICI
L’EPEE DE LA VERITE. QU’ELLE DETERMINE QUI POSSEDE LE POUVOIR !
Mike n’avait pas fini de parler lorsque la bête
attaqua. Mickael avait l’impression de se trouver devant un navire s’approchant
à toute vapeur. Il dut faire un effort pour ne pas fermer les yeux. A l’instant
même, une lumière d’une intensité incroyable sembla émerger de l’épée de Mike
et frapper le monstre d’une force indicible. La portée de l’éclair n’arrêta pas
le mouvement de la bête, mais fit dévier son attaque sur le côté et servit à la
déséquilibrer. Malgré tout, le monstre parvint à lancer un poing dans la
direction de Mike mais celui-ci éleva son bouclier pour se protéger, craignant
toutefois que le coup ne l’emporte avec son bouclier. Mais encore une fois, le
bouclier et l’armure jouèrent leur rôle tout comme ils l’avaient fait durant la
tempête, à l’insu de Michal Thomas.
L’armure entourait instantanément Michael Thomas d’une
bulle de lumière protectrice. Le bouclier lança une série d’intenses pulsations
vers le bras du monstre. Une sorte de lumière surgissait de Mike et volait dans
toutes les directions. L’odeur d’ozone émanant de l’air ionisé et de
l’interaction de la matière et de l’antimatière était saisissante. Au lieu de
recevoir un coup asséné par le bras monstrueux, Mike vit l’extrémité aussitôt
repoussée par la lumière protectrice. La force en était tellement puissante
qu’elle souleva la créature pour la faire retomber à une certaine distance,
vers l’arrière.
Sain et sauf, Mike se tenait toujours au même endroit.
La lumière était magnifique. Michael Thomas était ébahi par les présents qu’il
tenait dans ses mains. Ils avaient travaillé de concert pour repousser
l’attaque du géant. Mike constata que la lumière de la bataille lui était
agréable, mais que la monstrueuse bête devait se protéger les yeux contre son
intensité. Elle continuait à jouer en sa faveur. Habitué à l’éclat atténué du
jour gris, le monstre avait peine à s’adapter à la lumière. Mike souriait de
reconnaissance envers ce cadeau de la nature. Il se sentait chez lui ! Il
s’adressa en toute confiance à la bête, lui répétant des paroles de l’Ange Orange.
- Est-ce que
le bouclier de la connaissance t’irrite, mon ennemi verdâtre ? La noirceur ne
peut cohabiter avec la connaissance. Les secrets ne résistent pas à la lumière
et celle-ci jaillit lorsque la vérité se manifeste !
Sur ces mots, le montre se redressa sur ses pieds et
attaqua Mike encore une fois, avec une détermination encore plus menaçante.
Mike ne croyait pas pouvoir résister à l’attaque cette fois-ci. Il avait pu
tenir à un bras, mais que pouvait-il faire contre toute cette masse ?
Il attendit jusqu’à la dernière minute puis s’élança
en bas de son rocher au moment où la créature l’atteignait. Encore une
fois, il avançait au lieu de reculer et encore une fois, il créa une situation
imprévue où il se trouvait trop près pour être saisi ou maîtrisé facilement. La
taille et le poids de la bête jouaient contre elle. Mike se retrouva
entre les jambes énormes du géant. Se glissant vers l’arrière, il étendit son
bras et planta son épée dans l’entrejambe de la bête dans un éclat de lumière
resplendissante. En même temps, il balança son bouclier pour qu’il frappe une
des jambes, et encore une fois, une forte puissance repoussa la masse de peau
verdâtre dans un mouvement semblable à celui de deux aimants de polarité
contraires. Un autre éclat de lumière provenant du bouclier projeta la bête
dans les airs. Le bond qu’il fit aurait pu se comparer au mouvement d’un
plongeur effectuant une double boucle. L’horrible créature se retrouva au sol,
en état d’agonie et dépourvue de dignité.
Elle roula sur le sol dans un cri de protestation, et
la fumée s’échappait de cette blessure grouillante. Des étincelles
jaillissaient entre ses jambes, là où l’épée de Mike avait frappé.
- Pas de
descendants pour toi ! Mike avait prononcé sa phrase d’un ton calme et détaché.
Il avança vers la forme hideuse et éleva son épée dans les airs en s’approchant
lentement et avec précaution de la bête monstrueuse étendue au sol. Il
s’arrêta, hors d’atteinte de son bras maléfique.
- Vas-tu
capituler ? Qui détient la vérité ? Qui a le pouvoir ?
- PLUTOT
MOURIR ! marmonna la vile créature. Sa voix ébréchée était à peine
audible.
- Qu’il en
soit ainsi ! proclama Mike sans peur, sans tenir compte de la puanteur
de la bête blessée.
Mais la créature malodorante allait frapper un autre
coup. Elle n’était pas un être spirituel. Comme Mike, c’était une entité
biologique circulant aux pays des anges colorés et des épées foudroyantes. Elle
saignait des suites de ses blessures. Mike voyait très bien la plaie que lui
avait infligée son épée magique pendant la dernière altercation et il grimaça à
sa vue. Une substance noire et collante s’échappait de la blessure et souillait
la peau déjà vilaine. Ses jambes devenaient toutes noires et Mike croyait que
la créature souffrait terriblement, mais voilà qu’elle se relevait !
Une fois debout, elle vacilla légèrement. Ses yeux
étaient devenus des fentes étroites, la lumière qui l’entourait étant trop
forte. Mike savait qu’il avait gagné.
Tuer n’entrait pas dans ses intentions. Il n’avait
jamais tué personne ou quoi que ce soit intentionnellement. Même jà la ferme,
il refusait de tuer les poulets. Mais il savait que tout assassinat sur cette
terre était symbolique. La chose détestable qui se trouvait devant lui n’allait
pas mourir. Elle serait tout simplement et douloureusement vaincue. La
scène créée par les deux combattants était classique.
L’éclat continuait à jaillir des armes de Mike. Les
étincelles surgissaient du corps fumant du monstre blessé alors qu’il se
redressait pour se préparer à une nouvelle attaque. Mais l’armure de Mike
commençait à chanter une mélodie de victoire. Les ombres parfaitement
délimitées provenant de la lumière, de la vérité, de la connaissance et de la
sagesse laissaient voir le corps blessé massif, mais vacillant, de la vile
créature qui s’apprêtait désespérément à se sacrifier au pouvoir des armes
menues de Mike. David et Goliath dans une mise en scène surréaliste avec, pour
décor, les parois d’un étroit canyon sans issue. Les deux guerriers de force
inégale se tenaient à six mètres l’un de l’autre, chacun défendant ardemment
son territoire. Une fois de plus, Mike fit le premier mouvement.
Michael était beaucoup trop agile pour cette
masse blessée. Il se concentra sur ses parties les plus faibles et avant que la
bête puisse réagir, l’éclair de l’épée et la polarité inversée de son bouclier
faisaient leur travail. Dans une tentative ridicule et désespérée pour éliminer
son agresseur, la bête commença à agiter vigoureusement les bras, ce qui lui
attira d’autres difficultés de la part des armes invincibles de la lumière, de
la vérité et de la connaissance. Le spectacle en valait la peine. Non seulement
les éclats de lumière présentaient-ils des proportions incroyables, mais les
effets sonores étaient surprenants.
Les armes spirituelles unirent leurs voix en un chant
de victoire éclatant et harmonieux. Orange n’avait jamais dit que toutes les
armes pouvaient chanter ! Le combat prit fin en peu de temps. L’énergie lancée
par l’épée et le bouclier eurent rapidement raison de l’ennemi. L’entité
négative s’étendit dans toute sa longueur nauséabonde devant le regard de Mike
en une masse putride et écoeurante. La puanteur du sang qui jaillissait des
blessures envahit les narines de Mike. Puis tout à coup, les armes mirent fin à
leurs chants. La chose puante et verdâtre étendue sur le sol commença à se
dissiper !
- Je n’en ai
pas terminé avec toi, Michael Thomas. Nous nous reverrons un jour !
La créature grognait en disparaissant.
- Je sais,
répondit Mike en regardant dans les yeux rouges du géant repoussant.
Il savait que sa mort était symbolique, mais il savait
aussi que la bataille avait été réelle. Il trembla à la pensée que le combat
aurait pu résulter en une issue différente. Michael aurait pu être blessé et
périr. Il aurait pu se dissiper dans l’obscurité, n’eut été de ses armes
spirituelles.
Il était heureux que ce soit terminé. Il rengaina sa
magnifique épée de vérité, mais pas avant de l’avoir remerciée à haute voix. Il
en fit de même avec le bouclier avant de la replacer sur son dos. Il serra son
armure et loua son bon travail. Et puis, un phénomène étrange se produisit
! Mike sentit que les trois présents le quittaient. Ils
disparaissaient, tout comme le monstre.
- NON !
hurla-t-il. Ne partez pas. J’ai besoin de vous.
Mais les armes de Michael Thomas étaient absorbées par
sa biologie. Une fusion se produisait, qui n’était rendue possible
que par l’intention de sa propre cérémonie, et à cause de la victoire qu’elle
venait d’accomplir. Ebahi, Mike exigea une explication :
- Qu’est-ce
qui se passe ? Pourquoi partez-vous ?
- Michael
Thomas de l’Intention pure, tes présents merveilleux sont toujours là mais,
dorénavant ils sont à l’intérieur ! lui dit la voix rassurante d’orange. C’est
Orange qui lui avait d’abord offert ces présents. L’ange continua : « Tu
t’es mérité le droit de les assimiler. Ils font maintenant partie de toi,
Michael Thomas et sont intégrés à même tes cellules« .
Mike s’assit sur une roche à proximité.
- Et le
prochain combat ?
- Tu le remporteras
de la même manière, mais sans la présence tangible des armes. La vérité se
trouve maintenant à l’intérieur de toi, tout comme le pouvoir de la
connaissance et de la sagesse. Aucun monstre ne pourra te les enlever.
Mike réfléchit aux propos d’Orange puis invoqua un
autre ange :
- Ange Vert, ai-je
subi une autre transformation ?
- Oui,
Michael. L’absorption des présents t’a rendu complet. Tu n’as plus que l’un de
nous à rencontrer. Quel réconfort d’entendre la voix de Vert encore une fois
!
- Qui est-ce
? demanda Mike, ne pouvant supporter d’attendre à la prochaine maison.
- Le plus
grand de nous tous, tu verras, répondit Vert.
Mike se leva. Il se sentait étrange. Tout s’était
passé si vite ; la rencontre de la forme de son père, la constatation du combat
qui se préparait, la victoire sur le monstre et enfin, l’apparente disparition
des présents auxquels il était devenu si habitué. Il se rassit et repassa dans
sa mémoire les événements des vingt dernières minutes.
- Ange Blanc, qui
était vraiment cette bête ?
Mike s’adressa à Blanc parce qu’il sentait que sa
réponse serait la plus inspirante. Il ne fut pas déçu.
- C’était
la partie de toi dépourvue d’amour, Michael. C’était la partie humaine qui est
toujours là et dont il faut toujours tenir compte. L’humanité sans amour crée
la noirceur. La voix de Blanc était magnifique et elle mit immédiatement
Mike à l’aise.
- reviendra-t-elle
?
- Tant et
aussi longtemps que tu seras humain, elle sera toujours en arrière-plan, prête
à bondir. Mais l’amour la tiendra à distance.
Mike devint songeur. Il me reste une seule leçon à
apprendre et je pourrai me départir de mon enveloppe humaine. Mike était
impatient d’arriver chez lui. La porte magique qui l’y mènerait était son but
ultime. Il essayait d’imaginer à quoi l’existence ressemblerait alors ;
paisible, remplie d’amour et de spiritualité. Mike se rendit soudain compte que
le temps s’était complètement éclairci. Il regarda le champ de bataille éclairé
par les chauds rayons du soleil. Il pouvait encore voir les marques laissées
par ses armes puissantes. Il porta la main à sa taille, là où l’épée avait été
suspendue, puis à sa poitrine, où il avait porté l’armure. Ses outils lui
manquaient, mais il savait que les anges lui avaient dit la vérité. Il ne se
sentait ni différent ni plus léger. Il portait sa puissance à l’intérieur, ce
qui faisait de lui un guerrier accompli de l’amour, tout comme Marie. Il sourit
en pensant à la force qu’elle dégageait et la remercia mentalement pour la
vision. Puis il porta de nouveau la main à sa poitrine et constata que la carte
était disparue, elle aussi !
- La carte !
s’écria-t-il déçu.
- Elle est
aussi en toi, lui dit Bleu. Ton intuition sera tout aussi valable.
Mike se sentit dépouillé. Ça va, pensa-t-il, je ne
serai pas humain encore longtemps. Je n’aurai pas besoin de ces outils lorsque
j’irai au paradis. Il ne me reste plus qu’une seule maison !
Il ne mit pas longtemps à sortir du canyon et une vue
grandiose l’attendait à la sortie du sentier escarpé. Il vit soudain un paysage
serein au loin devant lui. Un arc-en-ciel glorieux était suspendu au-dessus du
ravin. Il brillait clairement sur un fond de ciel bleu clair. Il marquait à la
fois la limite du canyon et la fin de son périple. Michael avança, figé par la
majesté de l’arc-en-ciel, regardant le sol de temps à autre avant d’y poser le
pied.
Puis il vit l’origine de l’arc-en-ciel. Ses six
énormes amis resplendissants de lumière se tenaient dans les cieux devant lui.
Dans leur magnificence et leur grandeur, ils se tenaient par la main et
formaient un arc-en-ciel pour célébrer l’être humain qu’ils avaient appelé
Michael Thomas de l’Intention pure. Il passa devant eux, mentionnant chacun de
leurs noms et les remerciant avec émotion.
Il vit Ange Bleu, qui lui avait remis sa carte et lui avait
indiqué la route à suivre. Ange Orange, responsable des présents qui lui
avaient permis d’abattre le géant. Vert, son ami au sens de l’humour, qui lui
avait enseigné la biologie, écrasé l’orteil et fait expérimenter sa première
transformation de vibration : Violette, la mère, qui lui avait fait revivre sa
vie et lui avait appris la responsabilité qu’il détenait dans chaque cas. Ange Rouge
et ses mauvaises manières à table, qui lui avait présenté sa famille
spirituelle et enfin, l’aimable Ange Blanc, l’essence de la pureté, de qui Mike
avait appris l’amour véritable en observant une femme d’une force
extraordinaire et avec lequel il avait ressenti la brisure produite par une occasion
ratée. Mike savait que tous célébraient sa victoire à leur façon puisqu’il se
rendait à la dernière maison et qu’il n’aurait désormais plus besoin d’eux. A
formation était presque terminée. Il avait bien appris et avait réussi un grand
test en conquérant lui-même la bête monstrueuse. Il savait qu’ils lui disaient
adieu.
- Je vous
bénis mes amis, leur cria Mike. Et il regarda les glorieuses couleurs
s’estomper lentement pour faire place à nouveau au ciel tout bleu.
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