Le temps ne s’était pas vraiment gâté, mais il aurait
pu être plus agréable. Mike s’était habitué à un merveilleux ensoleillement
accompagné de températures modérées ou à un assaut violent des éléments au
point de transformer une pastèque en raison en moins de dix minutes. Mais
aujourd’hui, le ciel était couvert et gris et donnait aux choses une apparence
uniforme. La journée était fraîche et une brise légère rôdait telle une menace
avec une irrégularité semblant vouloir communiquer un message mystérieux. Les
nuages ne s’accumulaient pas, mais ne se dissipaient pas non plus. Mike
marchait depuis une heure. Le temps ne le préoccupait pas, mais il en était
tout de même conscient.
Son allure était réglée. En se dirigeant vers la
prochaine maison, il demeurait vigilant, jetant un coup d’œil derrière lui de
temps à autre, mais son esprit était envahi par la décision qu’il avait prise.
En avançant vers la dernière maison, il avait le sentiment puissant qu’il
venait de franchir une étape spirituelle subtile et un point déterminant de son
périple. Il ne parvenait pas à oublier la vision de sa vie sur terre avec Anolee et les enfants à leurs côtés,
tous souriants. Lorsqu’il y repensait, son cœur planait et il se sentait bien.
Devant lui, le sentier ondulé menant à un défi inconnu
le rendait triste et plein d’un immense sentiment de perte. La mort n’avait pas
frappé, mais un coin de son cœur était en deuil. Il poursuivit sa route, ne se
rendant pas compte que le paysage se modifiait graduellement. Mike aborda un angle
particulièrement prononcé. Il remarqua qu’il venait de franchir un bout de
chemin très étroit dont les côtés abrupts descendaient vers une sorte de
canyon. Il remarqua pour le première fois que les collines arrondies et les
plaines luxuriantes qu’il avait traversées jusque-là avant été remplacées par
un paysage plutôt désertique parsemé de gros rocs et de falaises et
agrémenté à l’occasion d’un arbre majestueux qui en accentuait la nudité. Il
s’aperçut que le changement topographique lui avait complètement échappé tant
il était absorbé par ses pensées. Le sentier s’engageait dans une gorge aux
abords très escarpés, ce qui, ajouté aux nuages gris, diminuait l’intensité de
la lumière à un point tel qu’on aurait pu se croire au crépuscule et non au
petit matin. L’intuition de Mike se faisait sentir. Les objets devant lui
n’étaient pas clairs. Etait-ce des roches ou… ?
Sois plus alerte. Attention au danger !
Mike réalisa soudain qu’il avait passé la dernière
heure dans un état d’hébétude. Il s’arrêta pour prendre quelques bonnes
respirations afin de clarifier son esprit. Il se sentait étrange. Mais
pourquoi donc ?
Obéissant à son instinct, Mike se mit à chercher des
signes de danger. Il fouilla du regard le sentier derrière lui, pensant y
trouver peut-être la sombre entité qui l’avait suivi chaque fois qu’il était à
l’extérieur. Rien. Aucun mouvement. L’uniformité grise qui sévissait depuis une
heure avait contribué à la léthargie de son esprit. Mis à part le changement de
température et du paysage, il ne distinguait rien d’inhabituel ni de menaçant
mais son instinct l’incitait tout de même à se préparer à quelque chose. Mike
remercia intérieurement son nouveau pouvoir, qui jouait bien son rôle. Il
sortit sa carte. Peut-être l’informerait-elle ?
Il l’examina. Etrange. Elle indiquait le passage
étroit dans lequel il se trouvait et les environs, mais il y avait quelque
chose de différent. Il regarda de plus près. Là ! A cent mètres devant lui, un
point qu’il ne pouvait apercevoir de l’endroit où il se tenait était
complètement vierge. Habituellement, la carte indiquait ce qui se situait
autour de VOUS ETES ICI.
Elle ne donnait que peu d’indices sur le passé ou le
futur mais elle était en général précise et éloquente. Alors, que pouvait bien
signifier ce point vierge vers l’avant, comme si l’endroit avait été effacé
?
- ANGE Bleu,
que signifie un point vierge sur la carte ? demanda Mike à haute voix.
Ange Bleu ne répondit pas, mais l’intuition de Mike
s’exprima. La réponse lui vint presque immédiatement. Il lui revint en mémoire
que la « chose » qui le suivait s’était toujours tenue en dehors des
limites de la carte. Peut-être se montrait-elle sous la forme d’un point vierge
! Bleu lui avait dit que la carte se comparait au présent. Elle représentait
l’énergie en présence au cours d’un déplacement sacré et reflétait un type de
vibration particulier. Devant lui se trouvait un élément qui ne relevait pas du
présent, quelque chose au détour du chemin que la puissante vibration de la
carte ne pouvait lire. Ce point vierge résultait d’une vibration non-conforme à
celle de la terre sacrée qui l’entourait.
Mike sentait que ses conclusions étaient justes.
Quelque chose l’attendait au détour du chemin. Il aurait dû se montrer plus
alerte. Que serait-il advenu si sa nouvelle intuition ne l’avait pas prévenu ?
Il maudit faiblement son esprit romantique en apparence démuni et se concentra
plutôt sur le nouveau guerrier en lui. Il anima chacune de ses cellules avec le
message d’un événement imminent, de quelque chose d’important.
- réveillez-vous
! Mike souriait à la pensée de s’adresser à son système biologique et crut
encore une fois entendre le rire de Vert. Ce dernier lui manquait. L’humour
s’avérait un excellent remède en ce temps de préparation. Préparation ?
A quoi ? Au combat ?
Soudain, Mike eut une révélation. Comme une énorme
vague de compréhension, un amas de pensées et d’images l’envahirent, entraînant
avec elles tout le poids d’une terrible prise de conscience. Il était figé. Il
verbalisa sa peur pour quiconque pouvait l’entendre.
- MON DIEU !
ET SI J’AVAIS EFFECTIVEMENT A ME SERVIR DE CES ARMES ?
Il en tremblait. Il sentait l’anxiété lui traverser le
corps. Ça n’avait aucun sens.
- Ce sont des
symboles des Guerriers de la Lumière du Nouvel Age. DES SYMBOLES ! cria-t-il en
regardant vers le ciel
Tout en pivotant sur lui-même, s’attendant peut-être à
voir ses amis angéliques tapis sur les parois de la gorge à peine éclairée. Sa
voix se fit entendre encore une fois :
- Orange, tu
ne m’as pas appris à me battre ! J’ai cru que les armes ne serviraient à
rien…
Il s’arrêta au milieu de sa phrase en se rendant
compte qu’il criait. Il entendit le rebondissement de sa voix sur les murs du
canyon. D’autres pensées traversaient son esprit. Les paroles de ceux qu’il
avait rencontrés le long de son parcours lui revenaient en tête. Il se rappela
les propos de Rouge à l’effet que certaines épreuves l’effraieraient, mais il
avait alors présumé de celui-ci faisant allusion à la tempête croisée sur sa
route. Il se rendait maintenant compte que Rouge parlait des événements à venir
et non de ceux du passé. Qu’est-ce qui l’attendait ? Il se souvint des paroles
récentes de Blanc, qui décrivait Marie dans la chambre d’hôpital.
- Ne te
laisse pas tromper par les apparences, Mickael. Elle est une Guerrière de la
Lumière. Elle a vaincu le géant et elle est tout puissante.
Vaincu le géant ? Puis il se rappela les paroles de
Blanc au moment où il quittait la maison blanche.
- Ce n’est
pas terminé mon ami.
Tant d’avertissements et de nuances. Y a-t-il
une bataille à l’horizon ? Une vraie ? Une où je devrai effectivement UTILISER
l’épée ? Mike s’assit sur le chemin. Ses genoux tremblaient tellement
il avait peur. Il ne se sentait pas guerrier, en tout cas pas dans le véritable
sens du terme.
- Hé ! les Anges
! Vous ne m’avez pas préparé à ça ! lança-t-il au ciel gris et aux parois
menaçantes du canyon. Je ne me bats pas. Ç a n’a aucun sens. Les batailles et
les armes correspondent à des anciennes vibrations. Voilà une façon désuète de
penser. Ce n’est pas de cette terre.
Un calme étrange s’installa. Le vent tomba. Un silence
de mort régnait. Puis des voix se firent entendre.
- Sauf si tu combats
une ancienne énergie. Il avait entendu clairement la vois d’orange. Mike se
leva brusquement et regarda autour de lui, cherchant à déceler l’origine de la
voix.
- Et sauf si
tu te prépares à combattre un élément biologique qui n’a pas une vibration
aussi élevée que la tienne. C’était la voix de Vert. Les voix angéliques
émanaient de son propre intérieur.
- Et sauf
s’il n’y a pas d’amour, Mickael, dit la voix douce et rassurante de
Blanc.
- JE N’AVAIS
PAS CONSCIENCE DE TOUT ÇA ! dit Mike d’un ton anxieux. Blanc, je ne suis pas un
véritable guerrier !
- Marie ne
l’était pas non plus, dit Blanc d’une voix réconfortante.
- L’énergie
ancienne réagit à un vieux paradigme. C’est ce qu’elle comprend, dit la
charmante voix de Violette.
- Ange Orange
apprends-moi à combattre, implora Mike d’un ton laissant percer le
découragement.
- Je l’ai
déjà fait. Tu es prêt, Michael Thomas de l’Intention pure, tu es prêt, lui dit
Orange d’une voix encourageante.
- Que dois-je
faire ? hurla Mike aux parois du canyon.
Silence. Puis il entendit la voix de Bleu.
- N’oublie
pas, Michael Thomas, les apparences sont parfois trompeuses !
Les mots résonnèrent comme jamais auparavant. Ils
portaient un avertissement et des conseils qui pouvaient se révéler utiles
sur-le-champ. Tous les anges l’entouraient. Pour qu’une telle puissance soit en
place, il doit y avoir un danger réel au prochain détour !
Mike était nerveux. Il savait qu’il ne possédait
aucune qualité de guerrier. Pourtant, les anges lui affirmaient le contraire.
Il devait leur faire confiance. De toute façon, il n’avait pas le choix. Il
était au front. Il regarda autour de lui et acquiesça de manière sarcastique.
Aucune échappée. La chose ou la personne qui l’attendait avait vraiment bien
choisi son point d’attaque. Les parois étaient trop hautes et la fuite n’était
possible que par un canal étroit où la poursuite serait un jeu d’enfant.
Tout avait été bien calculé. Michael savait au moins
où se trouvait l’horrible créature. Il n’y aurait pas d’effet surprise. Plus il
examinait la situation, plus il devenait confiant devant la menace. Sa nouvelle
vibration l’aidait ; il en était conscient. Une paix l’envahit, illogique mais
spirituelle. Il sentait son habileté augmenter, même s’il ne savait pas trop ce
qu’il allait affronter ni comment il allait le faire. C’était bien ainsi,
pensa-t-il. Après tout, ce sont les règles du jeu de l’endroit. Je n’ai pas
accès au futur mais il s’est déjà produit dans l’esprit de Dieu. La solution à
ma situation s’est donc déjà manifestée, même si je ne la connais pas encore.
Je le saurai en temps voulu. Je détiens la connaissance, le pouvoir, et je suis
en terrain connu. J’ai l’avantage d’être chez moi !
- D’accord,
dit Mike à haute voix. J’ai été attaqué par une tempête, piétiné par un ange ;
j’ai perdu tous mes biens personnels ; mes émotions ont été passées au crible ;
mon système biologique a été modifié et élevé ; et mon cœur a été brisé et
examiné avant de m’être rendu. Quoi d’autre ? J’ai les outils, je suis prêt.
Mais, j’aimerais bien savoir me battre, ajouta-t-il en soupirant et en
regardant dans la direction du défi qui s’annonçait.
Mika décida de faire quelque chose qui lui aurait
semblé ridicule quelques semaines auparavant. Il s’agenouilla et fit une courte
cérémonie à l’égard des événements qui se préparaient. Il toucha chacune de ses
armes et mentionna leur utilité. Il se rappela les mouvements d’équilibre
qu’Orange lui avait appris. Il passa vingt minutes en état de gratitude,
remerciant d’avoir été choisi pour le combat présagé. Il loua le sol sur lequel
il se trouvait. Il remémora sa place au sien de sa famille spirituelle. Puis il
se leva, prêt à combattre, dans toute la mesure du possible.
Mike reprit sa route. Il franchit un bout de sentier
après lequel apparut un long chemin devant lui. Les murs escarpés du canyon lui
donnaient l’impression d’être au seuil du sombre tunnel du destin. Il savait
que l’entité malveillante se trouvait devant lui. La carte l’indiquait
clairement. Le corps de Mike aurait normalement d’y entrer en état de choc. Son
système d’alarme intérieur aurait dû se déclencher et il aurait dû être une
masse tremblante. Après tout, il n’était qu’un vendeur et non un guerrier sue
le point de rencontrer un énorme vampire noir ! Mais tous ses sens étaient en
alerte et il était rempli de détermination et non pas de crainte. Tous ses
pouvoirs de vibration et ses nouveaux présents entraient graduellement en jeu.
Son intuition se faisait rassurante et il l’écoutait à chaque instant, sachant
qu’elle ne le trahirait pas.
Rien.
Puis, un mouvement sur la gauche !
Michael se retourna rapidement et vit un immense arbre
à trente mètres devant lui sur la gauche. D’où venait le mouvement ? Bon sang !
et toute cette noirceur en plein jour ! Cela faisait-il partie du test ?
Pourquoi pas plus de lumière à cette heure du jour ?
Un autre mouvement ! Mike réalisa qu’il provenait du
dessous des branches de l’arbre.
- QUI EST LA
? MONTRE-TOI ! La voix de Mike était puissante et autoritaire. SI TU NE TE
MONTRES PAS, J’APPROCHE ! Il se tenait en attente, toutes les cellules de son
corps en éveil.
Lentement, un homme à l’air tout à fait normal
s’avança et s’arrêta sous les branches extérieures. Il était vêtu comme un
fermier, excepté qu’il ne portait pas de chaussures. Il leva les mains en signe
d’arrêt, les paumes tournées vers Mike.
- Mike, je
t’en prie, ne me frappe pas. Je vais me montrer.
L’homme se dégagea lentement des branches de l’arbre
et se dirigea vers Michael. Comme il avançait, Mike crut reconnaître sa
démarche. Non ! Pas possible ! Maintenant, il voyait clairement son
visage.
- Papa ? Le
père de Mike s’avança vers le sentier. Il se tenait à deux mètres de Mike.
Celui-ci aurait juré qu’il pouvait sentir l’odeur de la ferme émerger de
l’homme.
- oui, Mike.
C’est moi. Je t’en prie, ne me frappe pas. Mike ne se leurrait pas. Il savait
parfaitement que tout ça pouvait être faux. Après tout, les apparences sont
parfois trompeuses. L’homme qui se présentait sous les traits de son père
pouvait très bien être quelqu’un d’autre. En fait, il y avait de fortes chances
que ce soit le cas. Mike restait sur ses gardes et en état d’alerte.
- monsieur,
vous êtes exactement à l’endroit où je m’attendais à rencontrer un ennemi. Ne
vous approchez pas.
- Je sais
Mike. C’est droit devant toi. Ne te laisse pas tromper. La chose qui t’attend
compte capturer ton âme. Je t’en prie, crois-moi.
Mais Mike n’y arrivait pas.
- Fais-tu ici
?
- Par la
grâce de Dieu, je suis ici pour t’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. On m’a
permis d’être ici pour t’avertir. Je t’attends depuis plusieurs jours, sachant
que tu finirais par passer. Tout ce qui s’aventurera plus avant sera anéanti
par la bête. Plusieurs sont venus et ils ont tous péri. C’est une terre maudite
et on te trompe. Mike ne croyait toujours pas être en présence de son père.
C’était trop facile.
- Pardonne-moi,
mais il me faut des preuves. Dis-moi quel était mon surnom quand j’étais
enfant.
L’homme répondit sur-le-champ.
- Mykee-Wykee.
Mike grimaça à la vérité.
- Que
s’est-il passé dans la grange des Connel en 1964 ?
- Une grande
fête pour célébrer la naissance des jumelles Sarah et Helen.
Mike scrutait à la loupe les paroles de l’homme. La
voix et le corps étaient parfaitement ressemblants. Il continua son
interrogatoire et lui demanda des détails sur son enfance – ses écoles, ses
amis, ses vêtements et certains événements. Les deux hommes se faisaient face
sur la route. Là, le père débita pendant une demi-heure des fragments du passé
de Mike avec une précision parfaitement rigoureuse. Mike commençait à se
détendre. Cet homme savait tout. Aucune entité maligne n’aurait pu mémoriser
tous ces détails connus de Mike seulement. Son intuition était toujours en
alerte, mais il se tenait vraiment devant son père. Celui-ci commençait à
transpirer abondamment.
- Papa,
qu’est-ce qui se passe ?
- Oh !
Michael, je t’aime tellement ! présentement, tu reposes sur un lit d’hôpital et
tu as de graves blessures au cou. Rappelle-toi. Tu te souviens de ce qui s’est
passé dans ton appartement ?
Depuis cet instant, tu flottes dans un coma, sensible
aux manipulations du démon lui-même. Et tout ce que tu vois ici… Le père de
Mike montra de la main les montagnes qui els encerclaient … « tout ça est
un conte de fée. C’est irréel. Tout ce qu’on t’a appris et toutes mignonnes
maisons que tu as visitées, tout est faux, c’est un truc pour s’emparer de ton
âme ! » La respiration de l’homme devenait laborieuse.
Mike savait quelles paroles de son père ne pouvaient
être vraies. Quelle confusion ! Il s’avait qui il était et ce qu’il avait
expérimenté. Pourtant les paroles de son père étaient pleines d’autorité. Et
cet homme en savait long ! Mais pourquoi expérimentait-il des difficultés
respiratoires tout à coup ? N’était-il pas lui-même un esprit ? Après tout, il
était mort et venait d’un autre monde. Il n’aurait pas dû éprouver de problèmes
physiques.
- Papa,
est-ce que ça va ?
- Oui, mon
fils, mais je ne peux pas rester encore très longtemps. Cette place est maudite
et je viens d’une terre céleste.
Les deux ne sont pas compatibles, tu sais.
- oui, c’est
ce qu’on m’a dit.
- Mike, viens
avec moi. Cet arbre abrite un portail céleste. Je peux te ramener. Tu
reprendras conscience sur la terre et sortira de ton coma. Ta vie et ton âme
seront sauves. Je t’en prie, accompagne-moi ! l’homme s’affaiblissait à vue
d’œil et Mike crut voir s’embrouiller la silhouette devant lui.
Mike était torturé par l’indécision. Il devait se
montrer avisé. Tout dans on corps le mettait en garde, mais il se trouvait
confronté à un père aimant aux paroles crédibles. Et si ce pays était faux ?
NON. Il ne l’était pas. Son être intérieur en était convaincu. Il voulut
essayer autre choses. Quel était le nom ? Il avait fait un effort pour le
retenir. Le nom lui revint en mémoire et il le prononça.
- Annehu !
dit Mike en dévisageant son père. Celui-ci le regarda droit dans les
yeux.
- Que dis-tu
?
- Anneehu,
répéta-t-il, en commençant à reculer.
- Est-ce là
un terme de fée que tu as appris ici, mon fils ?
L’homme se montrait de plus en plus nerveux ; ses
vêtements se mouillaient de sueur.
Mike demeura immobile. Un frisson lui parcourut
l’échine. Son père ne l’avait jamais appelé « mon fils ». Mike se
redressa. L’heure était venue. Il commença à sentir la vibration de
son armure. Son bouclier commençait à osciller, comme s’il avait voulu qu’on le
saisisse. Il donna la réponse qu’il fallait.
- Non, pas du
tout. Anneehu est ton nom céleste, et tu ne le savais pas.
Les deux regards s’affrontèrent dans un éclair qui
sembla durer une éternité mais qui, en réalité, n’avait pris qu’une seconde. Le
jeu était fini. Le truc n’avait pas marché et la masse difforme et répugnante
n’était plus capable de maintenir l’énergie pour le prolonger. Elle se
préparait à combattre.
- ASSEZ !
Dans un cri qui semblait avoir été poussé par dix
hommes, la silhouette qui avait été le père de Mike se transforma
peu à peu. Le fermier en sueur se modifia graduellement en une énorme forme
vampirique et menaçante.
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