Dès
son réveil, le lendemain, Mike sut qu’un autre changement biologique s’était
produit en lui. Il resta longtemps assis sur le bord de son lit à réfléchir. Il
se sentait reposé, en paix, presque rajeuni !
Même
s’il lui était difficile de le définir de façon précise, il avait le sentiment
d’être plus sage. C’et tout ce qu’il savait et ça brouillait tout. Il ne
parvenait pas à chasser de son esprit l’image de marie et de on père. Elle
vivait sur la terre et cependant, elle était un être spirituel remarquable.
Elle avait accompli de grands changements de vibration et avait la maîtrise de
sa vie. Elle était restée là ; elle n’avait pas demandé à rentrer chez elle.
Elle avait traversé toute l’étendue de la vie terrestre.
Lui,
il s’y était soustrait ! Avait-il été intègre ? Mike commençait à comprendre
que sa nouvelle sagesse le menait à l’introspection d’une façon qu’il n’avait
jamais connue auparavant. Bien sûr, il était honnête ; il était probablement
l’un des hommes les plus honnêtes qui soient. Sa vie sur la ferme auprès de
parents vertueux avait donné des résultats, mais il n’avait encore jamais
éprouvé de sentiments tels que ceux qu’il ressentait maintenant.
L’honnêteté
terrestre ne se comparait en rien à l’honnêteté spirituelle. Celle-ci incluait
la sagesse à plusieurs niveaux avant de se transformer en intégrité
totale.
Mike
saisissait peu à peu ce que Rouge et Blanc avaient voulu dire à propos de son
choix de poursuivre la route. Sa nouvelle vision des choses modifiait
graduellement son mode de pensée. Empruntait-il la bonne voie ? Y avait-il une
quête spirituelle plus élevée que celle qu’il avait entreprise ?
Il
continua à réfléchir à la question en s’habillant pour le petit déjeuner. Il se
promettait de poser des questions bien précises à Blanc. Les murs, les
planchers et les corridors présentaient à ses yeux une forme tout à fait
définie maintenant. Il vit certains détails pour la première fois. C’était
d’une beauté magnifique ! Mais ce n’était pas tout. Il était envahi par le
sentiment de pénétrer dans le monde des anges. Il sentait qu’il faisait équipe
avec la grande entité blanche. Il avait l’impression d’être une partie de la
réalité de Blanc. Il l’aimait beaucoup. Cette simple pensée accéléra sa
respiration.
- Ta vision s’est modifiée, Michael
Thomas. C’est instauration d’un changement dimensionnel et biologique. C’est le
même qua subi Marie. Tu le vis parce que tu l’as souhaité avec une pureté que
nous avons rarement vue. Blanc avait parlé avant que Mike ne s’adresse à lui.
- Blanc, j’ai des questions importantes
à te poser.
Alors
qu’il avait voulu s’exprimer doucement et respectueusement, Mike fut surpris
par le son de sa propre voix. Elle était beaucoup plus pleine que d’habitude,
ou plus forte, il ne savait trop. Elle était différente en tout cas, d’une
manière étrange, et il n’était pas à l’aise devant ce changement. Comme si on
abusait de lui. Il était tendu.
- Essaie de te calmer un peu, lui dit
l’ange d’un ton rassurant. Qu’est-ce que tu entends quand ma voix te parle ? La
paix et l’amour t’ont atteint depuis le début de notre relation. Tu as même
posé des questions à ce sujet, tu te souviens ? Ton intention d’avancer peut
sembler te priver de biens personnels précieux, mais c’est une étape de ton
périple. Rappelle-toi les paroles de Bleu. Il t’a dit que tu étais à l’aise
avec ton ancienne vibration et qu’il faudrait du temps pour t’ajuster à la
nouvelle. Tu en as fait l’expérience près de la maison d’Orange lorsque tu as
été dépouillé de tes biens. Tu as pleuré leur perte, mais elle était nécessaire
à ta progression. Puis tu les as oubliés. Hier tu as exprimé l’intention de
subir ta plus importante transformation, à la suite de quoi, tu as énormément
changé. Tout prend un caractère plus personnel au fur et à mesure du progrès.
Ta vue, ta voix et même tes pensées servent tes fins dans une plus vaste
mesure. Tu te transformes en Guerrier de la Lumière, comme Marie !
Mike
saisissait très bien ce que Blanc lui disait, mais l’information l’amenait à
sentir davantage l’urgence de l’interroger sur sa quête spirituelle. Il fit un
effort pour ne pas tenir compte du nouveau son étrange de sa voix.
- Merci Blanc, je comprends. Je te suis
reconnaissant du présent et je vais m’y habituer, comme je l’ai fait auparavant.
Mais j’ai besoin de conseils.
Sachant
ce qui préoccupait Mike, Blanc poursuivit :
- Je peux te dire beaucoup de choses et
je vais le faire dans toute la mesure du possible. Il existe un domaine qui
relève uniquement de ta sagesse. Ton intention t’a accordé le pouvoir de
choisir et un discernement avisé. Ce sont des choix imprégnés de ta propre
essence. Ils forment ton avenir et créent ta réalité. Ils touchent ceux qui
t’entourent et c’est pourquoi ils t’appartiennent entièrement.
Mike
s’attendait à entendre de pareils propos. Il avait assez d’expérience de
l’endroit pour savoir que les anges ne feraient pas le trajet qui lui était
réservé. Il savait que les leçons s’dressaient uniquement à lui et que ces
gestes devaient émerger de sa pensée. Mais il voulait obtenir des connaissances
qui pourraient l’aider à mieux comprendre ce qui se passait vraiment et ce
qu’il devait faire à partir de maintenant.
- Blanc, tu es un excellent professeur,
dit Mike de sa nouvelle voix qui
le rendait fou ! ça lui rappelait la première fois qu’il l’avait entendu sur un
enregistrement lorsqu’il était enfant. « C’est ma voix ? Impossible
! »
Blanc
se retourna rapidement avant que Mike ne puisse lui demander autre chose et
s’élança dans le corridor. Mike suivit l’immense entité flottante. Il avait
l’impression qu’on lui faisait faire un tour guidé d’une maison qu’il ne
connaissait pas. Tout semblait tellement différent ! Elle était d’une beauté
spectaculaire. On aurait dit un musée d’architecture et de sculptures. Des
objets à couper le souffle s’offraient constamment à la vue du visiteur. Sa
vision d’autrefois ne lui avait pas permis de out voir et il en vint à
s’interroger sur ce qu’il ne parvenait pas à capter maintenant et sur ce qu’il
verrait en atteignant une dimension encore plus élevée.
- Les couleurs Michael, dit Blanc sans même se
retourner.
- Quoi ? fit Mike sans comprendre et en
suivant Blanc.
- Ce que tu ne vois pas, ce sont les
couleurs.
- Mais nous sommes dans la maison
blanche. L’ange laissa sortir un grand éclat de rire qui remplit tout l’espace
et fit sourire Mike.
- Seulement pour l’œil humain, Michael.
La véritable couleur de l’amour dépasse la vibration que tu parviens à
percevoir. Elle n’a pas le blanc que tu perçois maintenant. Tu vois tout en
blanc parce que tu ne disposes pas des vibrations appropriées. C’et une absence
de couleur que tu vois mais, en réalité, la couleur reflète l’échelle du
spectre. C’est la couleur de la lumière interdimensionnelle, tellement
resplendissante qu’elle possède une substance et une épaisseur. Son éclat est
des milliards de fois supérieure à la lumière de votre soleil. C’est la couleur
de la vérité. Mais en tant qu’être humain, tu ne peux pas tout voir.
- J’adore cet endroit ! s’exclama
Mike.
- Nous verrons si ton sentiment se
maintient, lui dit L’ANGE Blanc.
Encore
une fois, Mike éprouva de la curiosité devant la supposition de Blanc
concernant un autre changement en lui. D’autres questions lui venaient à
l’esprit. Ils franchirent encore des corridors éclatants jusqu’à ce que Blanc
conduise Mike dans une pièce qui contenait des fenêtres et un fauteuil.
- Un autre voyage, demande Mike ?
- Non, pas vraiment. Mais tu iras
quelque part.
Blanc
s’installa devant Mike et se déclara prêt à poursuivre les activités.
- Michael Thomas de l’Intention pure,
que désires-tu savoir ?
Mika
avait des tas de questions à l’esprit.
- Blanc, du fond de ta sagesse et dans
des termes que je puisse comprendre, peux-tu me dire si ma quête spirituelle
sur cette grande terre est appropriée.
Mike
sentait le besoin de savoir si sa démarche avait du sens.
- Oui, je le peux. Blanc demeura muet
quelques instants, comme s’il se préparait à répondre par un oui ou par un non
à la question. Puis il reprit la parole avant que Mike n’ait la chance de
préciser son point.
- Je t’ai dit dès le début que tes
actions correspondent à ta vie. Et d’ailleurs, nous n’appuierions jamais un
geste qui ne te conviendrait pas.
- Mais Marie ? lança Mike avec des mots
qui s’empêtraient dans sa nouvelle voix. Elle a reçu tous les présents et les
outils et elle est toujours sur la terre. N’est-ce pas mieux ? Ne poursuit-elle
pas ainsi un objectif spirituel plus élevé ?
- Pour elle, répondit sagement L’ANGE Blanc.
- Mais Blanc, je suis en train
d’apprendre à me servir moi-même ! Je retourner chez moi, où se trouve l’amour.
Mes prétentions sont égoïstes. Elles ne servent pas la terre. Je suis un chemin
qui semble me fournir ce que je veux seulement.
- Semble, coupa Blanc ?
- Oui, ça semble, rétorqua Mike d’un ton
exaspéré. Puis il se tut.
- Depuis quand te préoccupes-tu d’être
au service de la terre, Michael ? Blanc s’amusait et Mike était surpris par
cette question à laquelle il mit quelque temps à répondre.
- Je ne sais pas, avoua Mike, songeur.
J’imagine que ça fait partie du nouveau moi.
- Qu’est-ce que je t’ai dit à propos de l’apparence
des choses quand nous nous sommes rencontrés ? Blanc mettait Mike à
l’épreuve.
- Que les apparences sont parfois
trompeuses, répondit Mike.
C’était
le thème de son voyage. Même Bleu et Violette avaient utilisé ces termes. Avec
Blanc, on arrivait à trois.
- Très bien, assura ANGE Blanc. Quoi
d’autre ? Mike se tut.
Il
ne se rappelait pas. L’ange poursuivit : « ton désir de rentrer chez toi
n’est pas égoïste, mais naturel, et n’entre pas en conflit avec ton désir de
rendre grâce à ton rôle d’être humain. Maintenant que tu as accompli tout ce
chemin, je vais ajouter quelque chose d’autre. Il y a une nouvelle énergie sur
votre planète. Elle vibre en laissant entrevoir la possibilité d’un but
merveilleux. Ton désir de rentrer chez toi s’insère dans la réalité de cette
nouvelle énergie. Le voyage que tu as entrepris est réservé à quelques êtres
humains seulement et n’est possible que depuis quelques temps. Michael Thomas,
tu es un précurseur dans ce domaine. Voilà pourquoi nous célébrons ton succès
et ta sagesse ».
Mike
réfléchit quelques instants avant de parler. Sa logique mesurait les faits
qu’il avait devant lui.
- Bon d’accord, alors le voyage est
approuvé. Mais dans mon cas, aurait-il pu être préférable que je demeure sur la
terre et que je fasse ce que Marie a fait ?
- Pour toi ? Serais-tu égoïste ?
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu
dire.
Mike
se rendait compte que les arguments logiques ne fonctionneraient pas auprès du
maître de l’amour. « Je me demande tout simplement où je devrais être, ce
que je devrais faire pour accomplir le plus grand bien. C’est là ma véritable
question ».
La
question remplit Blanc de fierté.il sourit à Mike et parla lentement.
-
Michael, le fait de soulever cette question démontre que tu commences vraiment
à comprendre comment les choses se passent. Ta sagesse s’exprime peu à
peu.
-
merci, mais quelle est la réponse ? Mike ne tient pas compte du compliment et
grimaça en insistant pour obtenir une réponse de l’ange.
Il
ne se sentait pas à l’aise de se montrer un peu agressif envers une entité si
douce.
- Le plus grand bien ? C’est ta propre
réalité, Michael. Et, en tant qu’humain dont la vibration vient de
s’intensifier, tu créeras pour toi-même. Aucune entité de l’univers ne peut le
faire pour toi.
Blanc
s’était déplacé vers la porte et Mike comprit qu’il s’était engagé dans une
discussion qui ne le mènerait nulle part. Il y avait des questions auxquelles
les anges ne voulaient ou ne pouvaient répondre. Il essaya tout de même une
autre tactique.
- Blanc, serais-je capable de distinguer
le plus grand bien ?
- Le prochain événement sera un test à
cet égard. Il ouvrir la porte, se préparant à sortir.
Mike
se demanda où il allait. Blanc continua à parler. « Tu ne possèdes pas
encore tous les renseignements. Tu es dans la Maison de l’amour et il te reste
des éléments à apprendre ici ». Sur ce, il se glissa dan le corridor. En
refermant la porte, il ajouta ; « ça va devenir plus difficile à partir de
maintenant ». Mike entendit le bruit de la porte qui se refermait et ce
fut le silence total.
Il
savait que quelque chose se préparait, quelque chose de puissant. Qu’est-ce que
ça pouvait bien être ? Qu’est-ce qu’on pourrait bien lui enseigner qui lui
causerait une détresse encore plus grande sur l’opportunité de son voyage ? Il
se retourna face à l’emplacement qu’avait occupé Blanc. Il se sentait patient.
Il savait maintenant que la prochaine étape s’accomplirait dans la solitude,
sans Blanc, et que ce dernier l’avait voulu ainsi. La pièce se transforma
lentement et la lumière qui l’enveloppait prit un aspect différent. Le blanc
des murs s’estompa et un espace délimité d’environ cinq mètres devant Mike se
mit à briller. Puis Michael vit graduellement apparaître une forme difficile à
distinguer. Mike était très attentif. Il allait rencontrer quelqu’un. Il se
rappela que Blanc avait mentionné cette rencontre. La silhouette continua à se
préciser et la lumière qui l’entourait devint de plus en plus brillante. Mike
pouvait voir la personne qui se présentait devant lui. Il n’était plus surpris
par cette façon magique d e lui présenter les choses et c’est sur le bout de sa
chaise qu’il regardait l’espace se modifier devant ses yeux.
C’était
une femme. Sa silhouette se précisa lentement. Il se mit à respirer plus
intensément, avec un peu d’appréhension. Son intuition était très aiguisée.
Toutes les cellules de son corps vibraient d’excitation, lui signalant qu’il
voyait quelque chose d’extraordinaire. Son nouveau pouvoir de discernement
l’incitait à se préparer à quelque chose d’unique et de puissant.
L’image
devint enfin complète. Son visiteur était arrivé ! La femme qui se trouvait
devant lui le laissa sans souffle. Il ne s’agissait pas simplement de beauté.
Il se sentit instantanément à l’aise, en terrain familier, et c’est ce qui émut
tout son être. Elle était resplendissante. Mais qu’est-ce qu’il ressentait. Il
lui semblait que son cœur était en état d’alerte. Sa chevelure rousse tombante
encadrait un visage rempli de compassion et d’une beauté indescriptible. Elle
souriait à Mike, dont le cœur battait la chamade. Comparables à des émeraudes,
ses yeux contrastaient fortement avec son teint d’ivoire. Mike aurait juré
qu’il sentait une odeur de violettes. Son esprit fut envahi d’une multitude de
pensées. Peut-être était-il en présence de la déesse de l’amour, comme ces
sirènes des légendes anciennes ?
Il
avait du mal à respirer jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il retenait son
souffle ! Que se passait-il ? Il la regardait avec ravissement. Qu’est-ce qui
le faisait se pâmer de la sorte ? Pourquoi son cœur s’emballait-il ? Son esprit
s’embrouillait et il soupirait de désir devant cette créature de rêve.
Mike
avait déjà rencontré plusieurs anges, mais celui-ci était le plus merveilleux.
C’était peut-être de lui que Blanc parlait quand il avait laissé entendre la
possibilité d’un ange encore plus grand que les autres. Mike ne parvenait pas à
prononcer une seule parole. Le lien qui unissait leurs deux cœurs était
renversant. Il avait l’impression de se retrouver à une réunion d’anciens et
d’être sur le point de revoir un amour perdu. Le brouillard avait complètement
disparu et elle se tenait là dans toute sa grandeur. Mike était en état de
choc. Toutes ses expériences ne l’avaient encore jamais amené à vibrer de cette
façon? Il ne parvenait pas à se concentrer sur les paroles qu’il aurait voulu
prononcer. Il ne savait pas quoi demander. Il la connaissait… mais la
connaissait-il vraiment ? Pourquoi sa présence l’affectait-il à ce point ? Quel
sentiment cela lui rappelait-il ? Puis il se rendit compte qu’il la
connaissait. Elle était un des visages de la maison rouge sur le diagramme de
la famille. Elle n’était pas venue alors lui parler comme les autres. Elle
était l’image de cette femme à la chevelure rousse dont l’énergie l’avait
attiré instantanément. Pourquoi ne l’avait-il pas rencontrée alors ? Qu’est-ce
que Rouge lui avait dit à propos des visages qu’il n’avait pas rencontrés ? Ils
correspondaient à des contrats non remplis. Qu’est-ce que ça pouvait bien
vouloir dire ?
La
révélation se déployait lentement à l’esprit de Mike pendant qu’ils
continuaient à se regarder dans un silence lourd. Puisqu’elle se trouvait sur
le diagramme dans la maison rouge, c’est qu’elle n’est pas un ange. Elle
était une partie de la famille karmique. Mike commençait à ressentir des
sentiments étranges à l’égard de cette rencontre, même si son âme continuait à
lui chanter un air tout nouveau, un chant qui traitait de joie, de vision et
d’amour. C’état à la fois chargé d’émotion et tellement paradoxal ! D’une part,
son cerveau lui apprenait qu’il se préparait à des difficultés, et d’autre
part, il était si heureux ! Son bonheur ressemblait à celui d’un enfant qui
voit Disney land pour la première fois après avoir compté les jours qui le
séparent de sa visite. Quant à son trouble, il provenait de son cœur ; on
aurait dit qu’il était tordu !
Michael
se sentit ridicule. Il constata encore une fois qu’il respirait mal. La silhouette
qui se tenait devant lui affectait sa physiologie. La vue même de cette beauté
faisait réagir son corps. Pourquoi ses mains transpiraient-elles ? Cette femme
n’était pas un ange, mais elle touchait chacune des cellules de son corps. Il
ne savait plus s’il était physiquement capable de parler. Il se sentait ému et
au bord des larmes, comme devant un ami retrouvé qu’on avait cru mort depuis
longtemps. C’était vraiment une expérience qu’il ne pourrait effacer.
Heureusement, elle parla la première.
- Mike, c’est moi.
La
familiarité et la bonté de sa voix le renversèrent. Il était heureux d’être
assis car ses genoux étaient mous et ses jambes n’auraient pu le supporter. Son
corps entier réagissait à une voix indéniablement connue. Mais qui était-elle ?
Ses yeux brillants et son expression le suppliaient de la reconnaître. Ce qu’il
fit mais pas de la façon dont elle l’aurait souhaitée. Il devait dire quelque
chose. Son adrénaline agissait comme celle d’un jeune garçon à qui la fille
qu’il reluque depuis quelque temps déjà adresse enfin la parole. Elle avait un
corps physique magnifique et ses vêtements lui allaient à ravir. Michael
pouvait parfaitement l’imaginer dans ses bras.
Mon
Dieu ! Il se sentit embarrassé et dégoûté à l’idée qu’il commençait à ressentir
du désir physique. Qu’est-ce que Vert avait dit à ce sujet ? Que la relation
physique accompagnée d’amour véritable était un catalyseur d’illumination ?
La
nature humaine de Mike créait des pensées qu’il trouvait déplacées dans les
circonstances, mais c’était la réalité et ses sentiments devaient être
convenables et parfaits sur le plan spirituel. Soudain, il entendit le rire de
Vert. Il n’en tint pas compte et, prenant son courage à deux mains, il dit,
d’une voix tremblante :
- Ton costume est très beau.
Pour
l’amour du ciel, qu’est-ce qu’il avait dit ? Quelle sorte de phrase ridicule,
insignifiante, déplacée, inepte et insipide venait-il d’exprimer ? Une créature
éblouissante se présente devant lui dans la Maison de l’amour et, dans son
ravissement béat, voilà tout ce qu’il a trouvé à dire. Il avait honte de sa
stupidité. Elle sourit. Il craqua.
- Merci, Michael, répliqua-t-elle en un
clin d’œil. Je suis Anolee, ta partenaire d’amour.
Jusqu’à
un certain point, il le savait déjà. Son cœur battait encore plus fort au son
de sa voix. Il essuya ses
mains moites sur son pantalon puis se rendit compte qu’elle avait remarqué son
geste. Elle s’avança vers lui. La lumière qui l’entourait la suivit. Il se cala
dans son fauteuil, comme pour disparaître. C’est le bruit du coussin qui
s’écrasait qui lui en fit prendre conscience. Il aurait voulu se lever, mais il
craignait d’être incapable de se tenir debout et il n’aurait pas supporté
qu’elle le voit vaciller ! Il s’était déjà montré assez ridicule. Elle
s’amusait de sa timidité, mais ne fit aucune remarque à ce sujet. Il était
envahi par sa présence.
Lorsqu’elle
s’était approchée, il l’avait regardée marcher et avait reconnu sa démarche. En
fait, il y avait quelque chose en elle qu’il connaissait intimement. Sa
présence ne faisait que rendre cette réalité plus intense. Elle poursuivit
:
- Si tu étais resté sur la terre,
Michael, l’énergie était favorable à notre rencontre. Nous l’avions planifiée
ensemble, tu te souviens ?
Mike
ne s’en souvenait pas et il ne voulait pas l’entendre. Elle lut la douleur
naissante sur son visage et la défaillance de son cœur.
- C’est sans importance, lui dit-elle.
Je suis venue te dire que la voie que tu poursuis est respectée. La famille est
fière et nous célébrons tous. Moi plus particulièrement.
Mais
Mike ne parvenait pas à fuir ce qui lui sautait aux yeux. Ça n’avait pas
d’importance que tout soit bien. Il n’avait rien à faire des réjouissances de
la famille. Tout ce qu’il voulait, c’était elle ! Toute sa vie, il avait
cherché le véritable amour. Il savait que c’était possible et qu’il pouvait
vivre une relation prévue et approuvée par Dieu. Il l’avait souhaité, enfant,
en voyant l’amour qui unissait ses parents et le respect qu’ils se
témoignaient. Il l’avait souhaité, adulte, et c’est pourquoi l’échec d’une
relation amoureuse l’avait laissé si déprimé. C’était là la difficulté de sa
quête sur la terre. C’était dans son contrat.
Maintenant,
la réalité était devant lui et il pouvait l’accueillir et prendre conscience
qu’elle avait toujours été présente. La vérité le frappa de plein fouet : IL AVAIT QUITTE TROP TOT !
Puis,
une autre pensée l’envahit et il dut demander :
- Anolee, devions-nous avoir des enfants
?
- Oui… trois, lui répondit-elle.
Il
fut attristé par la réponse et demeura muet. Il la laissa lui donner les noms
spirituels des enfants, mais chaque mot le faisait souffrir. Même si la
présence d’Anolee devait le remplir d’amour, il se sentait torturé. Chaque mot
déchirait son cœur et l’amenait à prendre conscience de ce qui lui avait
manqué. Les enfants qui n’étaient pas nés, les expériences. Qu’est-ce qu’il
avait fait ? Il commençait à perdre la maîtrise de ses émotions. Il voulait la
tenir dans ses bras et lui dire combien il regrettait de n’être pas resté. Ce
n’était pas la raison de sa présence devant lui, mais c’était tout de même ce
qu’il aurait voulu faire. Les larmes coulaient sur ses joues et il se mit à
trembler. Elle lui avait donné toute l’information qu’elle devait lui
communiquer.
Elle
se tenait devant Michael Thomas sans parler. L’énergie en puissance qui les unissait
était tellement forte qu’on aurait pu la trancher au couteau. Mike avait devant
lui la plus belle créature qui soit et il ne parvenait qu’à pleurer. C’était
pathétique. Tous ses sens étaient remplis d’un sentiment d’échec. L’ai était
chargé d’électricité et d’une énergie d’intention spirituelle et d’amour,
malgré le sentiment d’insatisfaction et de perte irréversible. Quelle amère
ironie ! La seule rose qu’il aurait pu croiser sur son chemin lui avait
échappé. Il ne pourrait jamais apprécier son parfum et elle finirait par se
faner sans jamais avoir été tenue et aimée pour sa beauté parfaite et son
élégance. Le contrat entre eux présentait une immense puissance et c’est
pourquoi le cœur et l’esprit de Mike étaient rompus. La silhouette commençait à
s’effacer et il réagit immédiatement. Il s’entendit presque crier :
- NON, s’il te plaît, ne t’en vas pas
!
Mike
avait l’impression qu’il ne la reverrait plus jamais. Il voulait encore
quelques instants. Les mots qu’elle lui adressa en guide d’adieu résonnèrent
comme du charabia d’ange à ses oreilles.
- Michael, les apparences sont parfois
trompeuses.
La
femme radieuse et resplendissante qui aurait pu être le grand amour de sa vie
s’évanouissait devant ses yeux en prononçant des banalités qu’il avait déjà
entendues. Avec son départ disparaissaient tous les espoirs d’une vie. Il
venait de voir et d’entendre ses rêves de bonheur s’anéantir pour des
prétendues intentions spirituelles.
Mike
était au désespoir. Il ne pouvait pas bouger. Immobile telle une statue, il
garda le regard fixe pendant des heures avec l’espoir que la précieuse entité
reviendrait occuper l’espace qu’elle avait empli, espace que sa seule présence
rendait sacré. Il supplia Dieu de lui accorder encore quelques instants avec sa
partenaire disparue. La lumière de la pièce s’estompa et changea de couleur
avec la tombée du jour. Puis ce fut la noirceur, qui s’apparentait à la nuit
sans lune et au désespoir qui s’était installé dans le cœur de Mike. Il demeura
assis dans le silence propre à ceux qui viennent de subir une défaite certaine
et décisive. Il était dépourvu de toute joie. L’agonie de la douleur et un
sentiment de perte pénible et sombre venaient de se substituer à la paix que
son voyage spirituel lui avait apportée. Son énergie épuisée par l’intensité de
la blessure et de la révélation, Mike finit par s’endormir. Il demeura immobile
même dans son sommeil et ses rêves rejouèrent à maintes reprises l’angoisse de
la rencontre ratée. Le coeur de Mike était déchiré.
L’aube
ramena la lumière dans la pièce. Mike n’avait pas quitté son fauteuil. Il avait
l’impression d’avoir participé à un marathon et ses articulations le faisaient
souffrir puisqu’il avait passé un grand nombre d’heures dans la même position.
Il avait besoin de manger, mais n’avait pas vraiment faim. Il se tira
péniblement de son fauteuil et se dirigea vers ses appartements. Comme
toujours, la nourriture était prête. Il mangea sans un regard d’appréciation
pour la beauté qui l’entourait ni reconnaissance pour la saveur du repas.
Lorsqu’il
eut terminé, il se dirigea près du lit qui n’avait pas été touché. Il ouvrit le
placard et retrouva les présents que les anges lui avaient remis avec amour
lorsqu’il s’était arrêté dans leurs maisons. Il se senti envahi d’un sentiment
de tristesse empreint de sagesse. Il se rappela sa question à Blanc ; serais-je
capable de distinguer le geste destiné au plus grand bien ? Maintenant, il
comprenait le test. Son essence même le poussait à retourner sur terre à
l’instant. Tout ce qu’il avait à faire était de refermer le placard, de sortir
de la maison et de prendre à gauche au lieu de continuer à droite. Il le savait
très bien. Ce serait le signe qu’il souhaitait mettre fin à son périple et
rebrousser chemin. Blanc lui avait bien dit qu’il ne serait alors pas jugé,
qu’il ne serait pas coupable, mais qu’il ne serait pas non plus illuminé.
Mike
savait parfaitement quel geste poser. Même Anolee lui avait rappelé à quel
point ils étaient tous fiers de lui et il pensa que le cœur de sa bien-aimée
souffrait probablement autant que le sien. Et pourtant, elle l’avait incité à
poursuivre sa route. Il distinguait le plus grand bien.
Tourner
à gauche consistait à le servir et à répondre à ses désirs d’amour humain.
Blanc lui avait expliqué que son discernement de la vérité serait perçant et
c’était vrai. Il n’avait aucun doute sur le chemin à prendre ; il était
seulement extrêmement tenté de dévier. Son cœur le suppliait de rebrousser
chemin. Il n e détruirait rien, reprendrait sa vie humaine et rencontrerait
Anolee. Sa vie terrestre serait agréable. Il saisit sa carte pour la tenir près
de lui, fermant les yeux et revoyant le temps qu’il avait passé dans la maison
bleue. Il revêtit lentement son armure et sentit le pouvoir qu’elle lui
procurait.
Il
la loua et remercia Dieu du précieux symbole qu’elle représentait. Il prit son
bouclier et le plaça contre sa poitrine, le tenant de ses deux mains, savourant
toute sa signification. Puis il le mit sur son dos, pour mieux le transporter et
le rendre prêt à l’utilisation au besoin. Comme un guerrier se préparant au
combat, il saisit son épée et la brandit d’un geste majestueux qui la fit
vibrer dans l’air. Il revit la cérémonie auprès d’Orange et la signification de
l’épée. Puis, il la loua aussi et la glissa dans son fourreau, où elle était
protégée mais prête à servir. Mike se redressa dans ses beaux habits de voyage
et quitta la pièce d’un pas déterminé.
Blanc
l’attendait à la sortie de sa chambre. Il vit l’armure, le bouclier, l’épée et
comprit aussitôt les intentions de Mike. Blanc sourit et salua Mike bien bas,
ses mains réunis comme pour une prière, un geste de respect que Mike ne saisit
pas.
Puis,
il parla :
- Michael Thomas de l’Intention pure,
comment te sens-tu ?
- Ce n’est pas facile, Blanc, tu avais
raison. Je n’avais pas soupçonné combien se serait difficile. C’est la chose la
plus difficile que j’ai
jamais eu à faire. Je ne suis pas complètement à l’aise… mais je sais que c’est
ce qu’il faut faire. Si tu n’y vois pas d’inconvénient, j’aimerais partir
maintenant puisque l’endroit ne produit pas de bons souvenirs.
- Qu’il en soit ainsi !
Blanc
se tourna et accompagna Mike vers la porte en continuant à lui parler.
« Ce n’est pas terminé, mon ami ». Blanc flottait dans le corridor
qui menait vers la porte principale.
- Je sais.
Sans
connaître les détails, mais avec toute la force de son intuition, il savait
qu’il lui restait beaucoup à voir et à faire durant ce voyage, même s’il
n’avait plus qu’une seule maison à visiter. Une fois de plus, son intuition ne
le trompait pas.
Blanc
se tint sur le pas de la porte pendant que Mike remettait ses chaussures. Somme
toute, Michael n’avait pas tellement aimé la maison blanche. Blanc avait bien
pressenti les sentiments de Mike, qui était heureux de partir. Blanc le sentait
sans poser de jugement. D’ailleurs, il était en admiration devant cet humain.
Les autres avaient raison. Mike était différent. Il réussirait s’il parvenait à
franchir la dernière partie de son chemin. Il jouissait d’un excellent
discernement d’une détermination encore plus forte. Après s’être chaussé, Mike
s’avança sur le terrain de la maison. Il arrêta et se retourna vers la porte.
Blanc lui parla de l’intérieur puisqu’il ne pouvait se risque à
l’extérieur.
- Michael Thomas de l’Intention pure, il
n’y pas de plus grand amour pour un homme que de sacrifier son cœur au bénéfice
du tout.
Il
lui sourit en refermant la porte et Mike entendit à peine ses dernières paroles
couvertes par le bruit de la porte.
- Apparences trompeuses. Tu verras, tu
verras. Nous t’aimons tendrement.
Mike
franchit lentement et péniblement le trottoir de la maison qui menait au
sentier. Il quittait la maison qu’l avait le moins aimée et commençait à en
avoir assez de cette phrase qu’on lui avait servie à plusieurs reprises. Tout
le monde l’avait citée. Il avait l’impression que cette maison lui avait tout
pris, alors qu’en réalité il en avait retiré beaucoup. Il resta longtemps près
de la barrière blanche qui menait à la maison, regardant à gauche et à droite.
Puis, il franchit la barrière et se plaça au centre du sentier où il se tint
longtemps immobile. Il était tourné vers la gauche, les yeux fermés, prenant
bien soin de ne pas avancer. Il fit une petite cérémonie qui lui était propre
et demanda aux anges qu’il avait rencontrés d’y assister. Puis il parla à haute voix :
- Je ne fais pas de sacrifice parce que
je vais te rencontrer un jour, Anolee. Et au moment opportun, je connaîtrai ces
enfants qui ne me sont jamais nés lorsque je rentrerai chez moi.
Il
prenait à cœur l’enseignement des anges sur la nature temporaire de la terre et
la réalité absolue de l’esprit. Sa déclaration portait la promesse d’un amour
différent dans un autre lieu, mais d’une réunion néanmoins. Il s’accrochait
résolument à la réalité d’une éventuelle réunion sacrée, où il retrouverait
l’amour de sa vie, sa partenaire bien-aimée. Il pourrait alors consacrer son
temps à l’aimer et elle le lui rendrait. Dans un soupir, Mike fit volte-face.
Il reprit sa route à grands pas décidés. Son armure résonnait doucement sous le
soleil. Il était conscient de laisser derrière lui une des plus grandes
occasions de bonheur qui soient. Il lui
avait tourné le dos et même si sa décision le faisait souffrir, il se consolait
à la pensée de la promesse d’amour de Dieu et à la conviction absolue qu’il
reverrait Anolee. Il était pensif, résolu et sérieux. Michael Thomas venait
d’en apprendre long sur l’amour. Cette maison lui avait donné la plus
importante leçon sur lui-même et sur Dieu ; son âme avait été vidée jusqu’à ce
qu’il parvienne à distinguer la moindre parcelle de vérité et de discernement
pour les mettre à son service.
Cette
fois-ci, il ne regarda pas derrière lui. Il marchait d’un pas assuré. Bien que
quelque peu tiraillé, il se sentait puissant et en sécurité. Cette terre lui
appartenait. Il sentait qu’il la possédait. Il en avait payé le prix. Il
découvrirait rapidement si tout cela était vrai puisque à une heure environ sur
la route, une autre épreuve l’attendait. L’entité négative lui fournirait LA
bataille de son âme.
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